Chaque parent affublé d’un « ado » doit se demander ce qu’il a fait au ciel pour mériter ça. Quand quelque chose ne va pas, à qui la faute? Aux parents, et oui, normal en fin de compte, c’est bien nous qui les avons mis au monde! Voilà pourquoi nous nous transformons en mur des lamentations puis en guichets des réclamations avant de finir pressés comme des citrons. Les seuls moments où ces êtres étranges sont agréables, c’est quand ils ont besoin de nous ou les rares fois où un peu de bonne humeur entre dans leur esprit. Alors là, nous nous régalons, nous savourons ce moment délicieux, nous le faisons durer parce que nous savons qu’il ne va pas durer.
Il faut dire que ce n’est pas facile d’être parent, heu non… « ado ». Enfin, c’est un âge critique pour tout le monde. Quand nous sommes en plein dedans avec nos enfants, il vaut mieux ressortir toute la dose d’humour et de détachement disponible pour ne pas déprimer. En même temps essayons de nous remémorer notre propre adolescence. Le cauchemar pour certains, les années d’amitiés pour d’autres et peut être bien un peu des deux. À cet âge, qui n’a pas pensé que ses parents étaient des vieux qui ne comprenaient rien? des empêcheurs de tourner en rond? que nous, quand on sera grand, on ne fera pas comme ça.
Seulement voilà, une fois grand et plus âgés, nous voyons les choses autrement, même bien autrement. D’abord nous savons que ne sommes pas « vieux »… et puis nous souhaitons leur transmettre des valeurs qui leur permettront d’affronter la vie. La peur qu’il* tourne mal, qu’il ait un accident, qu’il fréquente l’infréquentable est toujours là. La confrontation est telle que malheureusement bien des parents baissent les bras. D’autres laissent aller en se disant que ça finira pas s’arranger, d’autres pleurent et s’angoissent sans savoir quoi faire. C’est particulièrement difficile pour les mères seules, qui doivent gérer leur travail, la maison et l’éducation des enfants.
Seulement voilà, un ado a besoin de limites. Autant se dire qu’il est normal qu’il entre en conflit avec ses parents, même si certains psychologues pensent le contraire. Il a besoin de se confronter à nous pour avoir sa propre réflexion, ses propres pensées, ses propres avis. Il doit faire ses propres expériences car ce n’est qu’à travers elles qu’il se forgera. Pourtant, il a encore besoin d’être encadré, d’avoir des limites. Ces limites vont d’une part lui montrer la valeur des choses et d’autre part, ce sont des garde-fous. Il a l’impression d’être capable de gérer sa vie sans nous mais n’est qu’à la sortie de l’enfance, il va et vient entre ces deux mondes. Sans limites, l’adolescent pourrait être tenté de les chercher en jouant avec la mort. Il a aussi le sentiment qu’il ne compte pour rien, ce qui entraîne une détresse, une sensation de vide qui peut l’amener au suicide. Mais il ne suffit pas de mettre des limites, il a aussi besoin de notre disponibilité, de notre écoute bienveillante et de notre estime.
Ces limites doivent être claires pour qu’il puisse les accepter. Fini le temps où il obéissait sans trop de difficultés. Il doit comprendre pourquoi on lui impose cette limite même s’il n’est pas d’accord. Par exemple, il veut sortir le soir dans un bar à bières avec ses copains mais il n’a que 15 ans. L’âge légal est de 16 ans. Il insiste et insiste jusqu’à ce qu’on dise oui. C’est à ce moment qu’il faut avoir le bon réflexe : le silence. Non, c’est non, un point c’est tout, il n’y a rien à dire. On se mure dans un silence pesant pour lui comme pour nous.
Bien qu’il sache que nous avons raison, il insiste et finit par se fâcher, part dans sa chambre et y reste jusqu’au lendemain. Il a le droit de ne pas être content mais s’il essaie de sortir quand même, une maman toute seule aura bien des difficultés à le retenir. Si elle ne peut l’empêcher de sortir, c’est au retour qu’elle l’attend, elle a tout le temps pour réfléchir à la sanction à appliquer. L’adolescent doit bien comprendre que ce n’est pas lui qui fait la loi à la maison. Le père a vraiment une place à tenir, que ce soit pour une fille ou pour un garçon – il représente l’autorité. S’il ne peut pas assumer sa responsabilité, il faut chercher de l’aide auprès de la famille ou des amis, voire des associations de parents ou de l’assistance sociale. Surtout, ne pas laisser la situation dégénérer, et savoir agir vite.
Face à ces conflits, il est bon, bien que difficile, de réussir à prendre du recul et se rendre disponible quand il a besoin de nous. Il se cherche, il est mal dans sa peau et veut de l’indépendance. On peut dire que « les hormones lui montent à la tête ». Nos craintes, nos attentes et notre vécu nous empêchent d’être rationnels. Eduquer un ado convenablement nous oblige à travailler sur nous-mêmes. Évidement, il doit aussi apprendre à respecter son entourage, donc ses parents. S’il parle mal, on lui fait remarquer posément que ce comportement est inexcusable, un parent n’est pas un copain. Mais si tout d’un coup, il vient nous parler de ce qu’il a fait ou de ce qu’il a sur le cœur, même si on n’en a pas envie, que ce n’est pas le bon moment, on doit l’écouter. En réalité, c’est un instant privilégié. Une heure avant la relation était perturbée mais c’est le temps de la réconciliation. Il doit sentir que nous sommes là pour lui, il comprend alors qu’il est quelqu’un d’important pour nous et que nous l’aimons. C’est capital pour sa construction intérieure.
Dans cet âge égocentrique, il découvre son corps et son moi. Il a alors besoin de nouveaux repères qu’il va chercher auprès de ses copains. Même s’il donne l’impression de nous rejeter, nous restons ses modèles ou peut-être sommes nous devenus ses anti-modèles? Son œil impitoyable n’admet aucune faiblesse, pourtant il doit se résigner à admettre que ses parents, pour qui il avait la plus haute estime, ne sont finalement que des êtres humains. Est-ce pour cela qu’il nous en veut? C’est avec l’âge qu’il finira par nous accepter tels que nous sommes et peut-être nous comprendre. Le fruit de notre éducation se révélera dans quelques années. En attendant, nous devons nous armer de patience, de compréhension tout en restant fermes dans les limites qui sont bonnes pour lui tout en acceptant de lâcher prise petit à petit pour qu’il puisse voler de ses propres ailes.
Être parent, c’est la plus belle école de vie, c’est une éducation mutuelle.
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