JO PARIS 2024

Paris 2024 : « C’est un peu comme au zoo » derrière les barrières de sécurité

juillet 25, 2024 10:20, Last Updated: juillet 25, 2024 10:37
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« Do you have a QR code? It is not possible accès… » Le long de la Seine, des touristes qui veulent prendre un café de l’autre côté des barrières de sécurité installées pour les Jeux olympiques se font gentiment refouler par une policière.

Patiemment, elle leur explique: sans passe, pas de terrasse. « Go this way please… », renchérit l’un de ses collègues, pour aiguiller les visiteurs. Dans le périmètre de sécurité mis en place quelques jours avant la cérémonie d’ouverture des JO prévue vendredi, bistrots et commerces parisiens se sont alarmés des « conséquences désastreuses » du dispositif de sécurité sur leur activité, en réclamant des indemnisations.

« C’est normal qu’on en fasse beaucoup pour la sécurité »

Face à l’île Saint-Louis, Romain Vidal est bien seul derrière son comptoir au Sully. Dans ce café-restaurant de 100 places, le restaurateur n’a enregistré que 20 couverts lundi: « on a une baisse moyenne de chiffre d’affaires de 10% depuis le début du mois, avec -60% certains jours de la semaine. Ce sont les montagnes russes comme à l’époque du Covid ».

« Moi j’ai de la chance, les barrières ne sont pas collées à ma terrasse, mais dans certains établissements c’est comme au zoo », déplore celui qui est également secrétaire-général du syndicat GHR Paris.

« C’est normal qu’on en fasse beaucoup pour la sécurité car ce serait catastrophique pour l’image de la France s’il se passait quelque chose. Mais pour nous, c’est très compliqué », résume-t-il.

« C’est la cata » du côté des restaurateurs

Yannick Lin, manager du restaurant « Le Paradis du Fruit » place Saint-Michel, dans le coeur de Paris à deux pas de la Seine, le dit tout net: « C’est la cata ».

« D’habitude, on commence dès le matin fort fort, là on commence à travailler vers 15H00. De l’ouverture jusqu’à 15H00, c’est déjà une journée de travail » perdue, regrette-t-il.

Juste à l’extérieur du périmètre de sécurité, à côté du grand magasin La Samaritaine qui prévoit d’être fermé ce vendredi, la gérante du « Petit Samaritain » est décontenancée: « Pour vendredi, j’hésite entre prendre des extras ou fermer. On ne sait pas du tout ce qui nous attend », observe Georgina Afari. « Des clients m’appellent régulièrement pour savoir s’il faut un QR code pour venir et je ne sais pas quoi leur dire, je ne sais pas s’il faut un QR code ».

QR code : « il faut 5 jours pour en obtenir un ! »

Dirigeant de trois péniches festives amarrées dans la zone de sécurité, Arnaud Seite s’emporte: « les clients pensaient que c’était instantané pour recevoir un QR code, comme pendant le Covid. Mais actuellement il faut 5 jours pour en obtenir un ! ».

« Le premier jour de mise en place du QR code, j’avais 300 réservations au Marcounet, mais on a péniblement accueilli 50 personnes », regrette-t-il, estimant avoir perdu 90% de son chiffre d’affaires sur la semaine écoulée.

Un manque à gagner de 9 millions d’euros pour les bateaux

« Normalement à cette période on a beaucoup de mariages et de cocktails d’entreprises. Selon la Communauté portuaire de Paris (association dont il est membre, NDLR), plus de 50 bateaux sont touchés par les restrictions pour un manque à gagner de 9 millions d’euros sur la semaine », rapporte-t-il.

Des touristes passent en bateau sur la Seine à Paris, France, le 24 juin 2024, quelques semaines avant les Jeux olympiques. Des tribunes sont installées sur le pont Alexandre 3. (Photo par LAURE BOYER/Hans Lucas/AFP via Getty Images)

« Le problème, c’est que les clients pensent que ça va être comme ça toute la durée des Jeux alors que les restrictions seront levées le 27 et qu’il y a plein de festivités prévues le long de la Seine », poursuit le gérant.

« Il y a quand même 15 millions de personnes attendues »

Artères désertes, barrages filtrants, entrées modifiées pour les attractions touristiques… Le centre de Paris n’a pour l’instant pas son visage habituel.

« On compte sur un rebond de l’activité à partir du début des compétitions. Il y a quand même 15 millions de personnes attendues », glisse à l’AFP Yann Ricordel, directeur général délégué des taxis G7.

« On nous a demandé de démonter les terrasses. C’est le pompon »

Une perspective qui n’a pas empêché Hervé Dijols, qui dirige deux brasseries employant au total 60 personnes sur la place du Trocadéro, de prendre la décision radicale de fermer jusqu’à mi-août. « Je perds beaucoup d’argent mais mes collègues qui sont restés ouverts en perdent encore plus », confie-t-il à l’AFP.

« A partir de lundi, on devient voie d’accès prioritaire, on nous a demandé de démonter les terrasses. C’est le pompon », déplore-t-il, jugeant que « le coût économique des JO n’a pas vraiment été estimé ».

La préfecture de police de Paris a rappelé avoir cherché à « conserver un équilibre entre haut niveau de sécurité nécessaire à la bonne organisation de l’évènement et poursuite des activités quotidiennes, qu’elles soient commerciales, culturelles ou associative ».

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