En pleine polémique sur les LBD, plusieurs milliers de « gilets jaunes » ont défilé samedi à travers la France pour dénoncer les violences policières, notamment à Paris et Bordeaux où des heurts ont éclaté en fin de manifestations.
Au lendemain de la décision du Conseil d’État de maintenir l’usage des lanceurs de balle de défense (LBD) dans les manifestations, une « grande marche des blessés » s’est élancée vers midi à Paris, pour l’acte 12 du mouvement lancé il y a deux mois et demi.
Parties du 12e arrondissement, plusieurs milliers de personnes ont d’abord rallié dans le calme la place de la République en milieu d’après-midi derrière un kaléidoscope de visages tuméfiés et des banderoles réclamant « l’interdiction » des grenades et des LBD.
Gravement touché à l’œil droit samedi dernier, le « gilet jaune » Jérôme Rodrigues a été acclamé à chacune de ses apparitions dans le cortège, qui était dédié aux victimes de violences policières.
« C’est intolérable, inacceptable. Ce sont des blessures qui mutilent, qui détruisent des vies alors que nous sommes des pacifistes », a affirmé Antonio, un des organisateurs de la marche et lui-même blessé par une grenade GLI-F4.
Les premiers incidents ont éclaté en fin d’après-midi aux abords de la place de la République, où les forces de l’ordre ont commencé à faire usage de lacrymogènes et de canon à eau pour maintenir à distance des manifestants qui leur lançaient des projectiles, a constaté une journaliste de l’AFP.
« Tout le monde déteste la police », scandaient des manifestants.
Autre place forte de la mobilisation, Bordeaux a été de nouveau le théâtre d’incidents en fin de cortège. Visées par toute sortes de projectiles, les forces de l’ordre ont répliqué en faisant notamment usage de LBD.
Saisi d’une demande d’interdiction du LBD, le Conseil d’État avait estimé vendredi que le risque de violences dans les manifestations rendait « nécessaire de permettre aux forces de l’ordre » de pouvoir y recourir.
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a reconnu que cette arme –utilisée plus de 9 200 fois depuis le début de la contestation– pouvait « blesser » mais en a défendu l’utilisation « pour faire face aux émeutiers ».
À Toulouse, autre place forte du mouvement, plusieurs milliers de personnes ont défilé.
Des marches ont également eu lieu à Lille, Caen, Tours, Chateauroux, Auxerre ou Lyon. Dans chacune des ces villes, les manifestants arboraient cache-œil, bandages et faux-sang.
À Rennes, Pascale assure avoir vu un jeune perdre un œil lors « d’une manif contre la loi travail en 2016 ». « J’ai vu les policiers tirer à 100 mètres dans le tas. Le jeune a perdu son œil mais ça aurait pu être moi », explique cette dame de 59 ans : « Ces armes sont vraiment dangereuses. »
« Moi en tant que citoyenne et professeur si j’ai des réactions violentes et disproportionnées, j’en assume les responsabilités. Le gouvernement doit aussi assumer », affirmait Sophie, 49 ans, dans le défilé lillois.
À Morlaix, peu avant le début d’une manifestation, Claudie 56 ans, saisonnière au chômage, l’œil bandé, a confié être là « pour le pouvoir d’achat, une vie meilleure, vivre et non survivre ».
D. S avec AFP
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