Paris expulse un Iranien accusé d’être un « agent d’influence » de Téhéran

Par Epoch Times avec AFP
3 juillet 2024 18:50 Mis à jour: 3 juillet 2024 18:54

La France a expulsé mercredi un Iranien soupçonné d’être un « agent d’influence » de la République islamique, dernier épisode en date des tensions entre Paris et l’Iran qui détient encore trois ressortissants français.

Sous le coup depuis début juin d’un arrêté d’expulsion du ministre de l’Intérieur, Bashir Biazar se trouvait dans un centre de rétention à Metz (est) et a embarqué pour Téhéran dans la matinée, a-t-on appris notamment auprès de son avocat, Me Rachid Lemoudaa, qui assure que son client n’a jamais constitué une « menace » en France.

Le dossier de celui qui se présente officiellement comme un producteur de musique, et que les médias d’État iraniens qualifient de « figure culturelle », était suivi de près à Téhéran.

Selon l’agence de presse Isna, la présidence iranienne a noté mercredi que M. Biazar, « illégalement arrêté et emprisonné en France il y a quelques semaines », « a été libéré et est en route vers le pays ».

Début juin, la diplomatie iranienne avait déjà promis de prendre les « mesures nécessaires » pour qu’il soit relâché. Le Haut Conseil iranien pour les droits de l’homme, proche du régime, avait dénoncé la décision « illégale » de la justice française de le placer en rétention.

La procédure contre M. Biazar, qui résidait en France avec sa femme et leurs deux enfants, avait été lancée sur fond de relations extrêmement tendues entre Paris et Téhéran. Trois Français sont encore emprisonnés en Iran, qualifiés par Paris d’« otages d’État ».

En lien avec l’armée iranienne

Mercredi dans la capitale française, au cours d’une audience devant le tribunal administratif, un représentant du ministère de l’Intérieur a dépeint M. Biazar comme un « agent d’influence, un agitateur qui promeut les vues de la République d’Iran et, de manière plus inquiétante, procède au harcèlement des opposants au régime », affirmant se fonder sur des éléments des services de renseignement.

Ce représentant assure qu’il a notamment filmé des journalistes de médias iraniens d’opposition en septembre devant le consulat de Téhéran à Paris après l’incendie criminel de ce bâtiment. La diffusion de cette vidéo aurait mis en difficulté un oncle d’un de ces journalistes en Iran.

Selon les autorités françaises, M. Biazar agissait « en lien » avec la force Al-Qods, une unité des Gardiens de la révolution islamique, une affiliation qu’il tenait secrète. « Quand on est membre d’Al-Qods, on ne le met pas sur sa carte de visite », a ironisé le représentant du ministère.

La France lui reprochait également des messages postés sur les réseaux sociaux en lien avec la guerre dans la bande de Gaza dans lesquels il dénonçait les « chiens de sionistes », « tueurs d’enfants ».

À l’audience, Me Lemoudaa a de son côté contesté la légalité d’un arrêté d’expulsion reposant sur des « suppositions » et fait valoir que les propos de son client relevaient de la « liberté d’expression ». « On ne m’a jamais démontré une quelconque menace », a-t-il ajouté.

L’avocat s’est également étonné que le ministère ait attendu près d’un mois pour procéder à l’expulsion alors que M. Biazar, dont le titre de séjour était valable jusqu’en 2026, avait fait savoir qu’il ne « tenait pas à rester sur le territoire français ».

Tout au long de cette période, son client a été privé de liberté et a observé un « début de grève de la faim », a soutenu Me Lemoudaa, qui avait dénoncé fin juin une « procédure politique ».

Une plainte déposée à Paris  de « complicité (…) d’actes de torture psychologique, physique »

De retour en Iran, M. Biazar échappera à une autre procédure déclenchée celle-ci par des militants franco-iraniens qui l’accusaient, dans une plainte déposée à Paris en juin, de « complicité (…) d’actes de torture psychologique, physique, (de) traitements cruels, inhumains et dégradants ». Leur avocate, qui souhaitait que M. Biazar soit poursuivi en France, a déploré son expulsion.

« Il est incompréhensible qu’aucune poursuite judiciaire n’ait été engagée », a dit à l’AFP Me Chirinne Ardakanni, alors qu’il existe, selon elle, « de sérieux indices impliquant ce haut dignitaire iranien, ancien directeur de production dans l’audiovisuel public iranien, dans la production, l’enregistrement et la diffusion d’aveux forcés obtenus à l’évidence sous la torture ». « Rien n’est clair dans ce dossier », a-t-elle estimé.

Pendant ce temps-là, Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés en mai 2022 et accusés par Téhéran d’être des espions, ainsi qu’un prénommé Olivier, dont le nom de famille n’a pas été rendu public, restent emprisonnés en Iran.

Louis Arnaud, détenu depuis septembre 2022, avait été libéré le mois dernier, sans contrepartie connue.

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