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Paris : il tente de ranimer un sexagénaire qui s’est effondré dans la rue, les passants filment ou se détournent

juin 22, 2020 16:14, Last Updated: juin 23, 2020 13:08
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Confronté à la mort d’un père de famille d’une soixantaine d’années, un jeune homme de 20 ans a également dû faire face à l’indifférence des passants témoins de cette scène dramatique.

Le mardi 16 juin, Jean, un jeune homme de 20 ans qui étudie l’histoire et les relations internationales à Londres, se trouvait près du domicile de sa mère dans le 16e arrondissement de Paris.

Revenu à Paris où il doit faire un stage cet été, le jeune homme a été confronté à une scène dramatique en début d’après-midi.

« Dans une allée très passante, je vois un homme allongé par terre, inerte, sur le ventre, dans une position bizarre. Il était en tenue de joggeur, avec sa casquette et ses lunettes à côté. Il n’avait pas du tout l’air d’un SDF. Je le secoue, je lui parle, mais il ne répond pas. Je compose le 18 et mets le téléphone en haut-parleur », a expliqué Jean aux journalistes du Parisien.

« On me dit de le retourner et de commencer un massage cardiaque. Ça se voyait sur son visage que l’homme était décédé, mais j’ai essayé de le ranimer. Je sens une côte se casser. Au bout de sept, huit ou dix minutes, je ne sais plus trop, une patrouille de police passe et s’arrête. Les policiers me demandent de continuer le massage car je suis sur ma lancée et je le fais bien a priori », ajoute l’ancien scout, rompu aux gestes de premiers secours.

En attendant l’arrivée des pompiers et du Samu, le jeune homme pourra seulement compter sur le soutien des policiers et d’une passante.

« On a trouvé le téléphone du monsieur, à touches et sans code. On a appelé et on est tombé sur son fils. C’est dur… J’ai encore sa voix en tête », confie Jean.

« Personne d’autre n’a réagi, alors qu’il y avait du monde. J’ai appelé à l’aide par la voix et avec les yeux, mais les gens nous contournaient. À 20 mètres, il y avait un arrêt de bus. Des gens et des petits qui devaient avoir 12 ans filmaient avec leurs téléphones », déplore l’étudiant.

« C’est choquant et révoltant »

Convoqué au commissariat du 16e arrondissement le lendemain, Jean en ressortira bouleversé.

« D’après les images de vidéosurveillance, que je n’ai pas vues, il s’est passé entre 15 et 20 minutes entre le moment où l’homme s’est effondré et mon arrivée. Au moins trois ou quatre fois, les gens contournent et ne s’arrêtent pas. On ne pouvait pas ne pas le voir. Il y a non-assistance à personne en danger. Si quelqu’un était intervenu ou avait appelé les secours plus tôt, il aurait peut-être pu s’en sortir. »

« C’est choquant et révoltant. Comment est-ce possible dans une société comme la nôtre, en plus dans le 16e, où les gens sont censés être éduqués ? Dans quel monde vit-on ? Il n’y a plus de civisme. C’est dingue ! Pas normal ! C’est une réalité tellement difficile à avaler », poursuit le jeune homme.

« A-t-on le droit ainsi de filmer au lieu d’aller prêter main-forte à un homme essayant d’en sauver un autre ? On ne filme pas un homme en train de décéder, dans le seul but de partager sur les réseaux sociaux. Ces êtres vivants ont, en cet instant, renoncé à leur qualité d’homme. Notre société devient, avec l’existence des caméras et des réseaux sociaux, profondément inhumaine. Ne faudrait-il pas légiférer sur ce sujet des vidéos de voyeurs indécents ? » abonde sa mère.

« Le soir, j’ai du mal à m’endormir. J’ai toujours les images en tête et des frissons quand j’y repense », confie Jean, encore traumatisé par la scène.

« J’irai peut-être consulter un psychologue. Ça me fait du bien d’en parler. C’est important de témoigner. Pas pour me mettre en avant. Mes proches et mes amis me disent que j’ai eu un geste héroïque. Je ne suis pas du tout un héros, sans fausse modestie. J’ai eu un réflexe naturel que tout le monde devrait avoir et qui ne devrait pas être hors du commun », conclut le jeune homme.

 

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