Pour protéger les victimes des « violences sexistes ou sexuelles » dans les transports en commun parisiens, la RATP va lancer à la rentrée une expérimentation de « safe places » dans les stations Auber et Opéra. Un projet qui consiste à identifier des « établissements bienveillants engagés contre le harcèlement » dans lesquels les usagers cherchant à fuir leur agresseur pourront venir s’y réfugier. Boulangerie, boutique, restaurant ou encore épicerie, ces lieux de sécurité situés dans les couloirs de correspondance seront localisables dans l’application Uma.
Garantir un trajet serein
Les discussions avec les enseignes, qui n’ont pas encore signé, sont toujours en cours. Mais la mise en œuvre de ce programme est imminente, assure au Parisien Sandrine Charnoz, cheffe de projet de lutte contre le harcèlement sexuel dans les transports à la RATP : « Si la RATP doit garantir un trajet serein, nous ne sommes pas seuls, des enseignes vont aussi s’engager ». Pour ce faire, les salariés de ces entreprises auront préalablement reçu une formation sur les dispositifs existants afin de proposer, selon les souhaits de la victime, d’appeler le 31 17 — le numéro d’urgence du réseau ferré —, suggérer un dépôt de plainte ou juste d’attendre, le temps pour l’agresseur de s’en aller.
Si seulement deux stations de métro sont concernées pour l’instant, « l’enjeu est d’embarquer les plus grosses enseignes, que petit à petit le dispositif gagne tout le réseau et que nous puissions avoir un écosystème bienveillant et sensibilisé, explique Sandrine Charnoz. La communauté doit comprendre que la lutte contre les violences sexuelles et sexistes est une priorité. »
Insécurité dans les transports
En janvier, une enquête CSA pour CNews révélait qu’un Français sur deux en Ile-de-France se sent en insécurité en prenant le bus, le métro, le tramways ou le train, un résultat faisant écho aux nombreux cas d’agressions, voire d’agressions sexuelles ou de vols qui s’y déroulent.
Dans les transports en commun, deux voyageurs sur trois sont des femmes. D’après les chiffres du ministère de la Transition écologique, 87 % d’entre elles ont déjà été victimes de harcèlement, d’agression sexuelle ou de viol, tandis qu’une étude de l’institut Paris Région, réalisée en 2019, indique que 93,5% des personnes victimes de violences sexuelles ou sexistes sont des femmes, dont près de la moitié sont âgées de moins de 25 ans.
« Il y a quand même des choses qui avancent, fait valoir Sandrine Charnoz. La génération des quadras avait intégré ces faits et ne parlait pas des violences sexuelles et sexistes. Aujourd’hui, les plus jeunes témoignent, ne veulent plus laisser faire. Les dépôts de plainte augmentent », ajoutant qu’il reste « un long travail de lobbying à faire pour que la société prenne conscience des notions de consentement et de respect ».
Si le dispositif met l’accent sur la lutte contre le sexisme et les violences sexuelles, il n’est pas mentionné une prise en compte de la lutte contre les agressions physiques dans les transports, également en forte croissance.
« Je regarde souvent autour de moi. Derrière moi. Je m’assure que personne ne me suit »
Sur ce projet, les usagères interrogées par le Parisien se montrent toutes unanimes dans leur avis. Si, pour Valérie, « ce genre d’endroit ne devrait pas exister en 2023 », la quinquagénaire concède toutefois que la « présence de safe places la rassurerait à la fois pour [elle]-même », mais aussi pour ses deux filles qui prennent souvent le métro à Paris.
« Le métro parisien est celui où je me sens le moins en sécurité. Je regarde souvent autour de moi. Derrière moi. Je m’assure que personne ne me suit », leur confie une infirmière de 33 ans. Des craintes devenues réalité : « Il y a quelques mois, j’ai été agressée dans le RER. J’ai envoyé un SMS au 31 17. On m’a appelée une heure après pour en discuter. Je n’ai pas eu d’autre retour. C’est dommage, cela peut démotiver les femmes pour témoigner. » Elle compte maintenant acheter une voiture pour ne plus avoir à se déplacer en métro.
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