Mardi dernier, une femme enceinte était victime d’une tentative de vol au couteau à proximité d’une salle de shoot située dans le 10e arrondissement de Paris. L’agression de trop pour les riverains, excédés par la violence et l’insécurité qui règnent dans leur quartier depuis l’ouverture du local d’injection il y a un an.
Le 28 février, alors qu’elle sortait à peine d’une consultation à l’hôpital Lariboisière, sur les coups de 19h30, une jeune femme enceinte a été agressée par un homme armé d’un couteau qui a tenté de lui arracher son sac à main devant plusieurs témoins.
« Cette jeune femme sortait de l’hôpital Lariboisière où elle avait rendu visite à son père, et venait de s’engager dans l’escalier qui mène au parking souterrain, lorsqu’un homme, sous la menace d’un couteau, a tenté de lui arracher son sac à main. Elle pleurait, était en panique totale et commotionnée. Très choquée. Je l’ai encouragée à porter plainte », confie un riverain dans les colonnes du Parisien.
Une salle de shoot très controversée
L’attaque s’est déroulée à quelques mètres seulement d’une « salle de shoot » : un dispositif inauguré le 11 octobre 2016 au 4 rue Ambroise-Paré, dans le nord du 10e arrondissement, par Marisol Touraine – ministre de la Santé à l’époque – et Anne Hidalgo.
Appelé officiellement Salle de consommation à moindre risque (Scmr) ou local d’injection, il s’agit d’un lieu où les toxicomanes peuvent venir s’injecter les drogues de leur choix (celles-ci ne leur sont en revanche pas fournies) « dans de bonnes conditions sanitaires et d’hygiène, ainsi qu’en présence d’un personnel formé ».
Un pari globalement réussi selon la mairie de Paris, qui met en avant un premier bilan positif, un peu plus d’un an après le début de l’expérience.
Au mois d’octobre dernier, Rémi Féraud – maire (PS) de l’arrondissement – qualifiait ainsi le dispositif de « progrès en termes de santé publique » au cours d’une interview accordée au journal Le Monde.
Sur ses 11 premiers mois d’activité, la salle a enregistré près de 54 000 actes de consommation, soit environ 165 par jour en moyenne.
Des riverains excédés
Pourtant, de nombreux riverains ne l’entendent pas de cette oreille. Depuis l’installation de la salle, ils dénoncent les injections et les trafics en pleine rue – parfois devant des enfants – les seringues usagées abandonnées par terre, les bagarres régulières, les vols, les injures et les incivilités de toxicomanes qui n’hésitent pas non plus à s’introduire dans les halls d’immeuble ou à briser les vitrines des commerçants.
« Sans qu’un lien avec la salle de shoot soit établi, il n’en demeure pas moins que jamais, avant l’ouverture du lieu, voici plus d’un an, ce quartier n’avait connu une telle insécurité et une telle série d’agressions. Nous n’en pouvons plus », explique un habitant du quartier ayant échangé avec la jeune femme agressée mardi dernier.
Plusieurs collectifs exigent d’ailleurs que la salle de shoot soit relocalisée au sein d’une zone qui ne contiendrait ni commerces ni habitations. C’est notamment le cas du mouvement citoyen « Riverains Lariboisière – Gare du Nord » qui a comptabilisé pas moins de 157 délits commis à proximité du local d’injection au cours des 6 derniers mois, soit environ 1 par jour.
« Nous avons rencontré le préfet de police, Michel Delpuech, il y a dix jours et lui avons transmis un recueil de plusieurs dizaines de pages, horodaté et illustré de photos, des incidents survenus ces six derniers mois dans notre quartier. Nous avons bénéficié d’une écoute attentive et bienveillante », explique un membre du collectif au journal Le Parisien.
Intégré récemment à la Zone de sécurité prioritaire (ZSP) du 18e arrondissement, le secteur Lariboisière – Gare du Nord fait désormais l’objet d’une surveillance policière renforcée.
La préfecture de police estime pour sa part que sur les 4000 contrôles effectués par les forces de l’ordre depuis l’ouverture de cet endroit controversé, 1500 relevaient d’une infraction pénale.
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