Furieux de ne pas pouvoir accéder à l’enceinte du tribunal à cause du blocage orchestré par les avocats pour protester contre la réforme des retraites, un magistrat n’a pas hésité à molester une manifestante.
Le lundi 24 février, un magistrat temporaire a été filmé en train de s’en prendre à une avocate qui bloquait l’accès au tribunal judiciaire avec d’autres membres de la profession dans le cadre de la grève des avocats contre la réforme des retraites.
« L’entrée où l’homme a essayé de passer, c’est l’accès au personnel du tribunal de grande instance de Paris. Elle était bloquée depuis 8h30 du matin », a expliqué Clément Lanot, journaliste freelance présent sur place le jour des faits, dans les colonnes de Libération.
« Je me trouvais contre une barrière, quand cet homme m’a poussée. Je lui ai dit d’arrêter car il me faisait mal et quand je me suis retournée, il avait saisi ma consœur, qui ne portait pas de robe, à la gorge », a raconté l’avocate Louiza Amhis, qui se trouvait à quelques centimètres de la scène, aux journalistes du Parisien.
« Il est arrivé avec un vice-procureur, ils étaient tous les deux très déterminés. Ils ont fendu la foule et se sont mis à nous bousculer en nous disant qu’ils voulaient aller travailler. Puis, le magistrat a attrapé une consœur au col alors qu’elle ne faisait rien », abonde un autre membre du barreau ayant également été témoin de cet accès de colère.
L’avocate molestée va déposer plainte
Sur l’une des vidéos relayées par Clément Lanot, on voit effectivement l’individu en question saisir l’avocate à la gorge avant de la tirer vers lui et de tomber sur le parvis en l’entraînant dans sa chute, tandis que deux personnes tentent d’intervenir. Il se relève ensuite et entame une courte discussion avec les protagonistes présents, tout en étant hué par la foule.
« Ça ne va pas ? Vous vous croyez où, monsieur ? » s’enquiert l’un d’entre eux. L’homme explique alors qu’il veut entrer dans le tribunal. « Mais vous n’avez pas le droit de taper les gens », rétorque son interlocuteur. « Et vous, vous avez le droit de bloquer ? Bande de cons ! » réplique l’individu avant de tourner les talons en compagnie d’un autre magistrat.
Selon Libération, l’homme à l’origine de l’altercation a été nommé magistrat à titre temporaire au TGI de Paris en 2017. Il s’agit ainsi d’un magistrat payé à la vacation pour suppléer de temps à autre les magistrats titulaires.
Depuis 2014, il est également juge de proximité au tribunal de police de Paris. Il est aussi commissaire divisionnaire honoraire, retraité depuis 2004, et a exercé en tant que directeur de la sécurité publique du Val-d’Oise.
« J’étais là pour défendre les intérêts de mes confrères et de tous les justiciables et j’estime que ce n’est pas parce que l’on bloque que l’on mérite d’être étranglé », a déclaré l’avocate molestée aux journalistes du Parisien.
« En tentant de m’étrangler, il a essayé de nous enlever notre parole », a-t-elle ajouté. Si elle envisage de le rencontrer afin de lui demander « ce qui lui est passé par la tête », elle entend également déposer plainte.
Un autre magistrat s’en prend verbalement à une avocate
Quelques minutes plus tard, le magistrat ayant accompagné son collègue à l’origine de l’altercation avec l’avocate a été filmé devant une autre entrée du tribunal, elle aussi bloquée par les manifestants.
Alors qu’une avocate chante avec ses confrères en tapant dans ses mains, le magistrat s’adresse à elle avec véhémence : « J’espère que vous allez bien vous faire avoir par cette réforme, qu’ils vont vous la mettre bien au fond. »
D’après Le Parisien, l’individu en question « exerce en tant que vice-procureur au parquet national financier et a notamment effectué des réquisitions dans le procès des époux Balkany ».
« Il s’est rapproché, a baissé le ton et m’a lancé cette phrase. On le voit sur la vidéo, j’ai un quart de seconde de sidération. Au début, je n’en ai pas parlé à mes confrères, car je pensais que personne ne me croirait », a expliqué l’avocate à qui le magistrat s’est adressé, Maître Ariana Bobetic.
Si elle a décidé de ne pas intenter d’action judiciaire à l’encontre du vice-procureur, elle précise que ses confrères réfléchissent à effectuer un signalement auprès du Conseil national de la magistrature (CNM).
« C’est sidérant d’entendre des propos pareils et autant de mépris de la part d’un magistrat dont dépendent nos droits et nos libertés », souligne la jeune femme.
« Il n’est pas impossible que l’on se recroise lors d’une audience, qu’il soit un jour en face de moi lorsque je plaiderai », ajoute-t-elle.
Contactée par Le Parisien, la Chancellerie a indiqué qu’il s’agissait de « deux scènes qui s’inscrivent dans un contexte plus global de tensions ».
« D’un côté il y a des avocats qui bloquent des entrées, et, de l’autre, des magistrats qui veulent travailler », ajoute-t-elle.
Et la Chancellerie de rappeler qu’un magistrat a également accusé Gaspard Glanzer, journaliste militant et fondateur du média Taranis News, de lui avoir asséné un coup de tête sur le parvis du tribunal judiciaire de Paris le jour des faits.
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