Mardi passé, les autorités de la Lettonie ont commencé à démanteler un monument de l’ère soviétique dans la capitale Riga. À la suite de l’adoption par le Parlement letton de la loi sur le démantèlement des sites glorifiant les régimes soviétique et nazi, le gouvernement du pays a convenu que les monuments communistes dans les espaces publics devaient être enlevés.
Le monument, qui commémore la victoire de l’Armée rouge sur l’Allemagne nazie, a été érigé en 1985 dans le parc de la Victoire, dans le centre-ville de Riga. Il a été érigé alors que la Lettonie faisait encore partie de l’Union soviétique. Il se compose d’un obélisque en béton de 80 mètres, surplombé d’une étoile soviétique et de deux groupes de sculptures au bord d’un étang : la mère-patrie et un groupe de trois soldats. Le nom officiel du monument est le « Monument aux libérateurs de Riga et de la Lettonie soviétique des envahisseurs fascistes » et il a été connu en Lettonie sous le nom du « Monument de la victoire » ou du « Doigt de Moscou ».
Sentiments mitigés
De nombreux membres de la minorité ethnique russe de Lettonie, un groupe qui représente environ un quart de ses 1,9 million habitants, ont accueilli favorablement l’érection du monument, et se rassemblaient devant lui pour déposer des fleurs le 9 mai, jour de la fête de la Victoire célébrée en Russie.
Toutefois, un grand nombre de Lettons considéraient ce monument comme un symbole de l’occupation soviétique. Son démantèlement a suscité la controverse en Lettonie qui, avec deux autres pays baltes – la Lituanie et l’Estonie – est devenue membre de l’Union européenne et de l’OTAN après avoir retrouvé son indépendance en 1991.
Du point de vue de nombreux citoyens des pays de l’Europe de l’Est, les origines de la Seconde Guerre mondiale remontent aux protocoles secrets du pacte germano-soviétique (pacte Molotov-Ribbentrop) signé le 23 août 1939. Ce pacte divisait l’Europe en sphères d’influence entre l’Allemagne nazie et l’Union soviétique.
Une semaine après la signature du pacte, le 1er septembre 1939, l’armée allemande nazie a commencé son invasion de la Pologne, déclenchant la Seconde Guerre mondiale. Cette invasion a été aussitôt suivie par l’invasion de l’Armée rouge qui a occupé la moitié est de la Pologne en partageant le pays entre le Troisième Reich et l’Union soviétique. L’année suivante, les trois États baltes ont été, à leur tour, occupés et incorporés dans l’Union soviétique.
Après la récente invasion de l’Ukraine par la Russie, les habitants des États baltes et d’autres pays de l’Europe de l’Est ont jeté un nouveau regard sur les monuments qu’ils associaient souvent avec la domination de Moscou. Si ces monuments ont été érigés pour glorifier la libération de l’occupation allemande nazie, cette occupation a été suivie par une longue période de régime communiste, accompagnée de la présence de l’armée soviétique dans leurs pays. Bien que la récente loi lettonne cible les derniers monuments de l’époque soviétique, ce n’est pas par hasard qu’elle établit un lien entre les régimes soviétique et nazi.
En juin, le Parlement d’un autre pays balte – la Lituanie – a également adopté le projet de loi de « désoviétisation » qui prévoit le retrait de tous les lieux publics des symboles des régimes autoritaires et totalitaires ainsi que des informations utilisées pour les promouvoir. Cette loi vise à accélérer non seulement le démantèlement des statues et des monuments, mais aussi le changement des noms de rues et de places qui rappellent encore l’ère soviétique.
Le démantèlement de la statue en Lettonie, qui partage une frontière de 214 kilomètres avec la Russie, intervient moins d’une semaine après que l’Estonie voisine a démantelé un monument semblable en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le 3 août, la Première ministre estonienne, Kaja Kallas, a déclaré, lors d’une conférence de presse, que les monuments soviétiques se trouvant dans les espaces publics du pays seraient démantelés « aussi rapidement que possible ».
Il y aurait encore 200 à 400 mémoriaux ou monuments de l’ère soviétique érigés à travers toute l’Estonie.
« Il est clair que l’agression russe en Ukraine a ouvert les plaies de notre société que nous rappellent ces monuments communistes et, par conséquent, leur retrait de l’espace public est nécessaire pour éviter des tensions supplémentaires », a souligné Mme Kallas.
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