Roger Garside, spécialiste de la Chine, a déclaré lundi que le régime communiste chinois était « fort à l’extérieur, mais faible à l’intérieur », lors d’un débat sur le potentiel de changement de régime et de démocratie en Chine organisé par la Hoover Institution de l’université de Stanford.
Roger Garside, un ancien diplomate britannique qui a été en poste en Chine, ainsi que l’auteur de China Coup : The Great Leap to Freedom et Coming Alive : China After Mao (littéralement, « un coup d’État en Chine serait le grand saut nécessaire à la liberté »), a qualifié le Parti communiste chinois (PCC) de « craintif » et a déclaré : « Le régime qui dirige la Chine aujourd’hui est totalitaire, et non autoritaire. »
Selon lui, si le PCC s’efforce de projeter une image forte, il présente un certain nombre de faiblesses fondamentales qui sont endémiques à un régime totalitaire.
« L’opinion dominante est que ce régime est fort et stable et qu’il gouvernera la Chine dans un avenir prévisible. Mais je soutiens que ce régime est fort à l’extérieur et faible à l’intérieur. Ce régime prétendument tout-puissant est en fait impuissant à résoudre toute une série de problèmes profondément enracinés qui affligent la Chine depuis des années, voire des décennies. Pourquoi ? Parce que ces problèmes sont en fait le produit du système totalitaire. »
Parmi les problèmes cités par M. Garside figurent l’économie chinoise et sa montagne de dettes en plein essor. La croissance économique est depuis longtemps considérée comme essentielle au maintien d’une stabilité sociale de base dans la Chine dirigée par le PCC, où les citoyens ne bénéficient pas des droits de l’homme fondamentaux, notamment de la liberté d’expression, de presse et de religion.
« Premièrement, l’économie, qui a enregistré une croissance spectaculaire, est maintenant elle-même en proie à de graves problèmes. La transition vers l’économie de marché, qui a libéré l’énergie du peuple chinois, a été stoppée net en 2008 par le Parti communiste. Les domaines les plus importants de l’économie, notamment la banque, les services publics et les transports, sont restés dans le giron de l’État. Pourquoi ? Pas pour des raisons économiques, mais pour des raisons politiques. Le Parti craignait que le fait de permettre à des entreprises privées d’occuper les domaines les plus importants de l’économie ne détruise son monopole politique », a déclaré M. Garside.
« Pour compenser l’inefficacité résultant de l’arrêt de la transition, l’État a injecté d’énormes quantités de crédit dans l’économie pour maintenir un taux de croissance artificiellement élevé, car il craint le chômage et les défaillances d’entreprises qui résulteraient d’une croissance plus faible. Le résultat est une montagne de dettes. Aucune nation ayant une montagne de dettes aussi élevée que celle de la Chine ne l’a jamais réduite sans récession ou inflation prolongée. »
Orville Schell, directeur du Centre Arthur Ross des relations américano-chinoises à l’Asia Society, a déclaré que l’économie serait probablement le facteur déterminant central d’un futur changement de régime en Chine.
« Je dirais, je pense que s’il doit y avoir un changement en Chine, il doit venir de l’intérieur de la Chine. Et si je devais dire comment cela se produira, cela aura probablement quelque chose à voir avec l’économie », a déclaré M. Schell. « Toutes les économies sont cycliques, et lorsque la Chine connaîtra un mauvais cycle, elle sera mise à l’épreuve, comme nous l’avons été en 2008, comme nous l’avons été tout récemment. Et nous verrons comment cela se passera. »
En plus de citer les politiques destinées à maintenir la croissance économique qui ont permis une grave dégradation des ressources naturelles et de l’environnement de la Chine, ainsi qu’une « crise morale » découlant de la corruption au sein du PCC, Roger Garside a déclaré que le PCC craint plusieurs facteurs, notamment la vérité, le désir de démocratie et la religion en Chine, comme preuve de faiblesse structurelle, et a affirmé que le peuple chinois vit « dans une condition d’esclavage politique ».
« Ce régime soi-disant puissant est craintif. Il a peur de la vérité. Le Parti [communiste chinois] a toujours caché la vérité sur des événements d’une immense importance dans l’histoire de son règne de 70 ans. Il a peur de la démocratie. Il a supprimé la liberté à Hong Kong parce qu’il craint que l’attachement à la démocratie et à l’État de droit de seulement 7,5 millions de Hongkongais ne contamine les 1,4 milliard d’habitants du continent, qu’il maintient dans une condition d’esclavage politique », a déclaré M. Garside.
« Il a peur de la religion. Il est alarmé par la croissance explosive de toutes les grandes religions en Chine depuis 1979. Il s’inquiète du fait que tant d’hommes et de femmes considèrent Dieu, plutôt que le Parti [communiste chinois], comme l’autorité suprême de l’univers. Il persécute donc la religion à un degré jamais atteint depuis la mort de Mao. Sa stratégie de génocide culturel au Xinjiang et au Tibet en est la manifestation la plus extrême. »
Teng Biao, un avocat universitaire et militant des droits de l’homme qui était auparavant chargé de cours à l’Université de sciences politiques et de droit de Chine, a déclaré que le PCC craint ce qu’il appelle une « dette de sang », résultant des injustices endurées par le peuple chinois depuis l’arrivée au pouvoir du PCC en Chine en 1949.
« Une chose que beaucoup de gens ont ignorée est la ‘dette de sang’ du Parti communiste. Depuis 1949, le Parti communiste chinois a commis des crimes anti-humanitaires extrêmement cruels, dont voici une liste : de l’assassinat des propriétaires terriens, la Révolution culturelle, le massacre de Tiananmen, au génocide ouïghour en cours », a déclaré Me Teng. « Les hauts dirigeants ont vraiment peur des représailles du peuple, et ils ne croient pas que le peuple chinois pardonnera leur ‘dette de sang’. »
Le résultat de la peur du PCC et de son déni des droits de l’homme et des libertés au peuple chinois, poursuit M. Garside, est un manque de confiance entre le PCC et le peuple chinois.
« Tous ces facteurs se sont combinés pour créer un manque de confiance entre le peuple et le régime qui le dirige. Depuis 2011, le budget de la sécurité intérieure a dépassé celui de l’armée. Le régime craint la dissidence interne plus qu’il ne craint ses ennemis étrangers », a déclaré Roger Garside.
« Mais le manque de confiance n’est pas seulement un problème interne. Il empoisonne également les relations internationales de la Chine. À l’étranger comme à l’intérieur du pays, la méfiance a été considérablement intensifiée par la dissimulation des origines du Covid-19. Cela fait partie d’une aliénation plus large des États-Unis et de leurs alliés. Les pays qui s’engageaient autrefois avec la Chine dans un partenariat bénin sont maintenant devenus hostiles. La confiance ne sera pas restaurée tant qu’il n’y aura pas de changement de régime politique en Chine. »
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