Les évêques de France, réunis à Lourdes, ont décidé de « reconnaître la responsabilité institutionnelle de l’Église » dans les violences sexuelles subies sur des milliers de victimes et la « dimension systémique » de ces crimes, a annoncé le 5 novembre leur représentant, Mgr Eric de Moulins-Beaufort.
Ces actes pédocriminels, dont l’ampleur a été mis au jour par le récent rapport Sauvé, « ont été rendus possible par un contexte général, des fonctionnements, des mentalités, des pratiques au sein de l’Église », a souligné le président de la Conférence des évêques (CEF), Mgr Éric de Moulins-Beaufort. « Cette responsabilité entraîne un devoir de justice et de réparation », a-t-il ajouté.
En mars, les évêques avaient déjà annoncé que l’Église voulait « assumer sa responsabilité en demandant pardon pour ces crimes et pour ces défaillances ». À la lumière du rapport Sauvé, elle le dit désormais « de manière plus forte, plus nette, plus catégorique », a insisté Mgr Éric de Moulins-Beaufort.
Un « engagement de responsabilité »
La réunion des évêques, qui avait débuté mardi, doit se poursuivre jusqu’à lundi et « c’est sur cette base commune que nous allons travailler » pour examiner les autres recommandations du rapport, a-t-il expliqué, sans préciser les implications financières de cette reconnaissance de responsabilité.
Les évêques se sont prononcés par un vote sur « cet engagement de responsabilité », selon le porte-parole de la CEF, Hugues Woillemont. C’était l’une des principales recommandations de la commission Sauvé, qui proposait de reconnaître la responsabilité civile et sociale de l’Église « indépendamment de toute faute personnelle de ses responsables ».
Selon le rapport issu des travaux de cette commission, quelque 216.000 personnes de plus de 18 ans ont fait l’objet de violences ou d’agressions sexuelles, quand elles étaient mineures, de la part de prêtres, diacres, religieux ou religieuses depuis 1950. La commission estime par ailleurs à environ 3000 le nombre de prédateurs impliqués en 70 ans.
La commission Sauvé préconise d’individualiser le calcul de l’indemnisation due à chaque personne victime en fonction des « préjudices subis ». Pour financer le fonds d’indemnisation, elle écarte la piste d’un appel aux dons des fidèles, préconisant de financer les indemnités versées aux victimes « à partir du patrimoine des agresseurs et de l’Église de France ».
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