Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a assuré mercredi à son homologue française Florence Parly que son pays prenait « au sérieux » les allégations d’espionnage concernant le logiciel israélien Pegasus, soupçonné d’avoir aussi été utilisé contre le président Emmanuel Macron.
Benny Gantz a « abordé le sujet NSO (société de cybersécurité israélienne conceptrice de Pegasus) et déclaré qu’Israël prenait les allégations au sérieux », a relevé le ministère israélien de la Défense dans un communiqué.
« Il a souligné que l’Etat d’Israël ne donnait des autorisations d’exportation de produits cyber qu’à des Etats et seulement pour lutter contre le terrorisme et le crime », a ajouté le ministère.
Florence Parly « lui a indiqué les clarifications qui sont aujourd’hui attendues par la France, et dont dépendent la confiance et le respect mutuel entre nos deux pays », a précisé le ministère français des Armées.
La ministre avait déjà indiqué mardi vouloir saisir l’occasion de cet entretien bilatéral, prévu de longue date, pour savoir « quelle connaissance le gouvernement israélien avait des activités des clients de NSO » et comment il comptait « prévenir un détournement de ces outils hautement intrusifs ».
Il s’agissait de la première rencontre entre le ministre de la Défense israélien et son homologue français depuis 2013, a précisé le ministère des Armées.
Pegasus, qui permet d’infiltrer des systèmes informatiques, est au cœur d’un scandale mondial d’espionnage révélé à la mi-juillet par 17 médias.
Il aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 85 militants des droits humains ou encore de 14 chefs d’Etat dont le président français Emmanuel Macron – ce que NSO réfute.
Des « vérifications » en cours
Selon les médias français Le Monde et Radio France, des numéros d’Emmanuel Macron ainsi que ceux de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe et de 14 membres du gouvernement, dont le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, figuraient « dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l’Etat marocain, utilisateur de Pegasus, pour un potentiel piratage ».
« Si ces faits sont avérés (…) nous en tirerons toutes les conséquences, mais d’abord il faut qu’il soit prouvé qu’ils sont avérés », a avancé le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, à l’issue du Conseil des ministres, en soulignant que des « vérifications » étaient en cours.
Régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires, NSO assure que son logiciel Pegasus sert uniquement à obtenir des renseignements sur des réseaux criminels ou terroristes.
Le Parlement israélien a mis en place une commission pour enquêter sur les allégations d’utilisation de Pegasus à « mauvais escient » par certains Etats pour espionner des personnalités.
Benny Gantz a informé Mme Parly que des « représentants officiels s’étaient rendus mercredi dans les bureaux de NSO », a indiqué le ministère israélien de la Défense, sans plus de précisions.
Le ministre israélien a également fait le point avec son homologue sur le nucléaire iranien et sur la « menace » régionale que représente l’Iran aux yeux d’Israël. Il s’est également entretenu avec le patron du renseignement extérieur français (DGSE), Bernard Emié.
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