Récemment, les autorités chinoises ont admis que la dernière vague du Covid avait fait des dizaines de milliers de morts. Cependant, selon certains experts, le véritable chiffre est sans doute beaucoup plus élevé.
Selon les analystes, les études et les déclarations officielles, ainsi que les témoignages des habitants et des morgues, indiquent un nombre de décès extrêmement important.
Le 14 janvier, la principale agence sanitaire du pays a reconnu qu’il y avait eu près de 60.000 décès depuis le retrait abrupt de la politique zéro Covid.
Initialement, les autorités avaient communiqué qu’il n’y avait à cette date que 37 cas en tout et pour tout dans le pays. Ce nouveau chiffre est nettement supérieur mais ne suffit cependant pas à convaincre les observateurs.
« Le nombre de décès récemment annoncé reste suspect », déclare pour Epoch Times, Song Guo‑cheng, chercheur à l’Institut des relations internationales de l’Université nationale Chengchi à Taïwan.
Le taux d’infections au Covid‑19 indique que le nombre de décès est nécessairement beaucoup plus élevé, explique‑t‑il.
Une épidémie massive
Selon les estimations d’une étude de l’université de Pékin, 64% de la population, soit 900 millions de Chinois, auraient déjà contracté le Covid‑19 à la mi‑janvier. Pour établir cette évaluation, les chercheurs ont créé une modélisation à partir des recherches sur Internet, cernant des termes tels que « la fièvre » ou « la toux ».
Alors que l’épidémie se propage dans tout le pays, les experts de la santé, tant en Chine qu’à l’étranger, manquent de statistiques fiables. Ils sont contraints de trouver des alternatives pour chiffrer la situation, analyser le comportement en ligne, récolter les témoignages, etc.
Les données régionales font état d’une épidémie bien plus grave que les autorités sanitaires centrales.
Selon un responsable de la province du Henan (de 99,4 millions d’habitants) lors d’une conférence de presse, 89% de la population était apparemment infectée au 6 janvier.
Dans la ville de Hohhot, dans le nord, qui compte 3 millions d’habitants, les autorités ont déclaré le 14 janvier qu’entre 74 et 81% des habitants avaient contracté le virus.
Le mois dernier, un document a fait l’objet d’une fuite suite à une réunion de la Commission nationale de la santé. Loin de ses chiffres publics quasi nuls, le document montrait qu’en réalité l’agence sanitaire estimait à presque 250 millions le nombre de personnes touchées par le virus entre le 1er décembre et le 20 décembre 2022.
Selon Song Guo‑cheng, avec un taux d’infection d’environ 70% et une population âgée importante, le nombre de décès, basé sur un taux de mortalité de 1%, dépasse rapidement les 60.000 morts officiellement admis par les autorités.
« Les informations obtenues de diverses sources et en ligne contrastent fortement avec les chiffres Covid divulgués par le Parti communiste chinois (PCC). Cela montre bien que le PCC continue à manipuler les données et à dissimuler la véritable ampleur de l’épidémie », explique‑t‑il.
Le Dr Scott Atlas, chercheur principal à la Hoover Institution de Stanford et conseiller Covid‑19 sous l’administration Trump, est tout aussi sceptique.
« Nous ne pouvons pas faire confiance aux chiffres provenant de la Chine. Dès le début, ils n’ont jamais eu aucun sens », déclare‑t‑il lors d’une interview sur NTD, média partenaire d’Epoch Times.
Bien que les autorités chinoises aient pu apporter des révisions au nombre de morts, le Dr Atlas pense que le vrai bilan continue d’être dissimulé.
« Il est très difficile de comprendre ce qui se passe lorsqu’il n’y a pas de transparence. »
Il note que le régime chinois « préfère apparemment sauver la face plutôt que de dire la vérité et coopérer pleinement avec la communauté internationale ».
Dissimulation du nombre de morts
Depuis le début de la pandémie, Pékin s’est attiré de nombreuses critiques pour avoir dissimulé les informations liées au Covid. Le virus est apparu pour la première fois à Wuhan fin 2019. L’ampleur de l’épidémie a alors été étouffée. Les lanceurs d’alerte ont été réduits au silence. Les épidémies régionales se sont transformées en pandémie.
Désormais, le virus se répand à nouveau comme une traînée de poudre dans le pays. La population chinoise est particulièrement fragile. Son système immunitaire est affaibli par trois ans de confinements intermittents. L’écart se creuse entre les chiffres officiels et les témoignages des crématoriums, des hôpitaux et des habitants.
S’exprimant pour Epoch Times en décembre, un employé du salon funéraire Baoxing à Shanghai a déclaré que la maison brûlait 400 à 500 corps par jour. Avant la levée des restrictions, le maximum de corps traités quotidiennement était de 90.
Dans la ville voisine de Suzhou, une habitante a expliqué que le funérarium était soudain aussi rempli de monde que la principale rue commerçante.
« C’est une scène si misérable », a‑t‑elle déclaré pour Epoch Times.
Cette femme a rejoint les longues files d’attente devant le bâtiment le 6 janvier, nécessitant une crémation pour sa mère. Celle‑ci était morte du Covid deux jours plus tôt. Le même jour, deux autres de ses parents sont morts du Covid.
Le Dr Sean Lin est virologue. C’est l’ancien directeur de laboratoire de la branche des maladies virales du Walter Reed Army Institute of Research. En supposant que les crématoriums fonctionnent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, il a fait une estimation prudente. Près de 6 millions de corps pourraient avoir été brûlés ce mois‑ci.
Et ce chiffre reste une estimation prudente. Il ne représente probablement que la moitié de l’ensemble des décès, car les personnes vivant à la campagne n’ont pas toujours accès à de tels services et sont enterrées plutôt qu’incinérées. Le nombre des personnes mortes du Covid peut facilement atteindre les 10 millions, explique‑t‑il pour Epoch Times.
« Le gouvernement a certainement menti sur ce point. »
Son estimation approximative « est sûrement très inférieure à la situation réelle, mais elle est déjà bien plus élevée que le mensonge du gouvernement ».
Les communautés rurales durement frappées
La crise du Covid‑19 est plus terrible dans les communautés rurales, qui n’ont pas les ressources médicales des grandes villes.
Une habitante du village de Chisha, qui compte 14.000 habitants dans le sud‑ouest de la Chine, a déclaré pour Epoch Times le 16 janvier que les personnes âgées de plus de 70 ans, en particulier celles atteintes de maladies sous‑jacentes, mouraient en grand nombre. « Il y en a eu tellement qui ont attrapé le virus. J’en connais une dizaine qui sont morts. »
Selon elle, l’épidémie a débuté en décembre et les ressources médicales du village ont vite été épuisées.
« Les médecins se présentaient à domicile pour faire les injections dès que les gens étaient testés positifs. Peu après, ils se sont retrouvés à court de médicaments. De nombreuses personnes âgées n’ont pas pu s’en sortir et sont mortes. »
Ces villageois ayant succombé chez eux ne sont probablement pas inclus dans le dernier nombre avancé par les autorités. La Commission nationale de la santé a déclaré que les 59.938 décès liés au Covid‑19 entre le 8 décembre 2022 et le 12 janvier ne concernaient que les personnes qui se sont éteintes dans les hôpitaux.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a salué la décision du régime de revoir ses chiffres à la hausse. Elle a ajouté que les autorités chinoises devaient continuer à surveiller la « surmortalité ».
Mais récemment la Chine a restreint sa définition pour évaluer les décès liés au Covid.
Celle‑ci se limite désormais aux patients ayant succombé des suites d’une insuffisance respiratoire après avoir contracté le Covid‑19. Selon l’OMS, ces critères « sous‑évalueront très largement le véritable bilan des décès associés au Covid‑19 ». Aucun autre pays n’utilise une définition aussi limitée.
Par ailleurs, le PCC fait pression sur les hôpitaux et les pompes funèbres pour masquer la situation. En décembre 2022, le responsable d’un salon funéraire de la province de l’Anhui a expliqué avoir reçu l’ordre de ne jamais mentionner la pneumonie Covid‑19 comme cause principale d’un décès sur les certificats. Il doit utiliser les termes « infection pulmonaire ».
Les observateurs extérieurs s’inquiètent, car cette dissimulation représente une menace pour la santé mondiale.
Selon Song Guo‑Cheng, sans données fiables, il est impossible pour la communauté internationale d’établir des statistiques, d’évaluer le taux de transmission et de mortalité, de déterminer s’il existe de nouveaux variants et le cas échéant de mettre au point des vaccins pour y faire face.
« De telles pratiques de la part du PCC vont mettre la santé mondiale sens dessus dessous. »
Inquiétude mondiale
L’absence de données fiables sur la santé publique suscite l’inquiétude de la communauté internationale. On craint l’apparition d’un nouveau variant plus mortel. Les États‑Unis et plus d’une dizaine de pays exigent désormais des visiteurs en provenance de Chine qu’ils présentent des résultats négatifs à un test Covid‑19, une mesure de restriction aux frontières que la Chine a elle‑même mise en place.
Gordon Chang, auteur et chercheur principal au Gatestone Institute, un think tank conservateur, estime que tous les pays devraient fermer leurs frontières car le PCC ment une fois de plus sur la véritable ampleur de la crise.
« La Chine est trop dangereuse pour qu’on puisse traiter avec elle, que l’on parle du Covid ou d’autre chose. Nous ne pouvons pas avoir de relations avec la Chine, tant qu’elle est dirigée par le Parti communiste, parce que le Parti communiste est malveillant par nature », explique‑t‑il pour Epoch Times.
« Nous devons nous défendre. »
Eva Fu, Hong Ning et Luo Ya ont contribué à cet article.
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