Aujourd’hui, la Chine est loin de son ancien statut de puissance économique qui a connu une croissance à deux chiffres avant 2013. Pire encore, le pays fait face à une multitude de problèmes bien au-delà des défis économiques.
Outre une faible croissance trimestrielle du PIB à des taux jamais vus depuis la crise financière mondiale, la Chine est également confrontée à un niveau d’endettement sans précédent, à un marché boursier en difficulté (l’indice composite de Shanghai a été l’indice boursier majeur le moins performant au monde en 2018) et à un chômage de masse.
L’actuelle guerre commerciale sino-américaine a également eu un impact négatif sur l’économie. Comme il est peu probable que ce différend commercial soit résolu à court terme, des répercussions telles que la réduction des commandes à l’exportation perdureraient probablement dans un avenir prévisible.
La guerre commerciale a également provoqué un problème inattendu. La Chine a décidé d’imposer des tarifs douaniers de rétorsion sur le porc américain, achetant la viande de porc provenant de la Russie. Actuellement, des scientifiques ont identifié le porc russe importé comme étant l’origine la plus probable de l’épidémie de peste porcine africaine enregistrée dans 23 provinces chinoises – ce qui a amené à l’abatage de grandes quantités de porcs en Chine, le premier producteur mondial de viande de porc.
Sur le plan politique, le dirigeant chinois Xi Jinping fait également face à des pressions au sein du Parti communiste chinois (PCC). Des sources internes ont rapporté à Reuters et au Wall Street Journal que certains hauts fonctionnaires s’inquiètent de la façon dont Xi Jinping a géré la politique étrangère et les plans de développement nationaux. Par exemple, la Chine a dû modérer les références à son programme industriel « Made in China 2025 » – destiné à propulser la Chine vers une position de leader mondial des technologies de pointe – après que ce programme a été critiqué en Occident. Les responsables chinois ont accusé le gouvernement de s’être trop vanté de ce programme.
Afin de détourner l’attention de ses citoyens des problèmes intérieurs, le régime chinois a récemment décidé de se servir de son ancienne stratégie et de mettre en avant un événement polarisé, qui incitait également aux sentiments nationalistes.
Une telle diversion a eu lieu le 2 janvier, lorsque Xi Jinping a prononcé un discours sur les relations entre les deux rives du détroit de Taïwan. Il a exhorté les partisans de l’indépendance à Taïwan à renoncer à leurs plans, tout en vantant les avantages du modèle « un pays, deux systèmes » qui est actuellement en place à Hong Kong, considéré comme une région administrative spéciale de la Chine.
« Un pays, deux systèmes » est la base sur laquelle la Grande-Bretagne a accepté de rendre la gouvernance de Hong Kong à la Chine après plus de 150 ans de régime colonial, étant donné que ce modèle promettait une autonomie politique et économique à la ville pendant une période de 50 ans.
Le discours de Xi Jinping a rapidement été critiqué par la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, ainsi que par les législateurs de deux principaux partis politiques taïwanais : le Kuomintang (KMT), qui a un programme plutôt favorable à Pékin, et le Parti démocrate progressiste (DPP), qui a toujours préconisé l’indépendance formelle de Taïwan.
La consommation intérieure
L’intention de détourner l’intention des Chinois apparaît comme un geste désespéré à un moment où le fondement de la légitimité du régime chinois – la force de son économie – est remis en question.
M. Hu, spécialiste des relations entre les deux rives du détroit de Taïwan qui vit dans la province côtière chinoise du Zhejiang, a expliqué lors d’une récente interview accordée à Radio Free Asia (RFA) que les remarques de Xi Jinping visaient à inciter à un sentiment « anti-américain » afin de détourner l’attention du fait que l’économie chinoise est dans un piètre état.
« [Ce que Xi a dit] est destiné à la consommation intérieure, afin de montrer une image de lui-même comme un ‘dur’», a déclaré M. Hu, qui s’est identifié uniquement par son nom de famille. « C’est comme ça depuis longtemps en Chine, plus votre discours est dur, plus vous avez l’air patriotique. »
Ce n’est pas la première fois que Pékin utilise intentionnellement une telle diversion. En 2012, les autorités chinoises auraient délibérément organisé des manifestations anti-japonaises en Chine à la suite de l’annonce par le Japon de la nationalisation des îles Senkaku, une petite chaîne d’îlots dans la mer de Chine orientale revendiquée par le Japon, la Chine et Taïwan.
L’un des signes de manipulation de la population par les autorités chinoises est le fait qu’un des organisateurs des manifestations portait un gilet pare-balles et une oreillette délivrée par la police. En outre, dans de nombreuses villes, la police locale a maintenu les manifestants dans un semblant d’ordre, au lieu de les écraser avec violence comme le fait habituellement la police chinoise face à toute manifestation perçue comme anti-gouvernementale.
La même année, le régime chinois était plongé dans une crise interne de luttes pour le pouvoir, alors que le Parti communiste avait choisi Xi Jinping comme nouveau chef lors de son 18e Congrès national en novembre 2012.
L’un des principaux événements politiques de l’époque impliquait Bo Xilai, ancien membre du Politburo et chef du Parti dans la mégapole de Chongqing, qui est tombé en disgrâce – il a été démis de ses fonctions de chef du Parti à Chongqing en mars 2012, suspendu du Politburo en avril et exclu du PCC en septembre. Avant sa chute, Bo Xilai a été pressenti comme candidat à la plus haute fonction politique en Chine. En septembre 2013, il a été condamné à la prison à vie pour corruption, détournement de fonds et abus de pouvoir.
Bo Xilai a également conspiré avec Zhou Yongkang, l’ancien patron de la sécurité chinoise, pour organiser un coup d’État politique et s’emparer du poste destiné à Xi Jinping. Cette tentative a échoué et Xi Jinping a pris la direction de la Chine comme prévu.
Frank Fang
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