Pékin est « de plus en plus confiant » dans sa capacité à influencer les élections aux États-Unis et dans le monde, selon la directrice du renseignement national Avril Haines.
Les autorités chinoises ont perfectionné leurs outils d’opérations d’influence grâce à l’intelligence artificielle (IA) et à l’analyse des big data, a-t-elle expliqué aux parlementaires lors d’une audition au Sénat le 15 mai sur les menaces étrangères pesant sur les élections de 2024.
« Leurs tactiques à l’échelle mondiale comprennent le financement des candidats, ils préfèrent utiliser des technologies deepfake (hypertrucage) pour générer du contenu, collecter des données de sondage pour déterminer quelles sont leurs cibles, mener des opérations d’influence sur les réseaux sociaux. » Elle a précisé que les forces armées chinoises, connues sous le nom d’Armée populaire de libération, gèrent des comptes de réseaux sociaux sur de multiples plates-formes.
Pékin s’est employé non seulement à viser des candidats du Congrès pour s’immiscer dans les élections américaines, mais également à exercer une influence sur les élections à Taïwan, en Australie et au Canada, a-t-elle ajouté.
Les efforts agressifs des Chinois pour faire basculer les résultats des élections en leur faveur ont été mis en évidence en janvier à Taïwan, l’île voisine de la Chine continentale.
Pendant la saison électorale, des textes, des vidéos et des clips audio générés par l’IA ont envahi l’internet, l’un d’entre eux déformant les discours publics de Lai Ching-te, le candidat du Parti démocrate progressiste au pouvoir, qui a finalement gagné, pour donner l’impression qu’il faisait l’éloge de ses adversaires politiques. Sur YouTube et TikTok, les agents d’influence chinois ont également propagé d’autres fausses affirmations suggérant que le Parti démocrate progressiste, plus critique à l’égard de Pékin, avait utilisé « une encre spéciale et des urnes à ouverture secrète » pour gonfler le nombre de voix, et que les États-Unis les aideraient à « truquer l’élection ».
Au Canada, une commission gouvernementale sur l’ingérence étrangère a identifié, début mai, la Chine comme la « menace d’ingérence étrangère la plus persistante et la plus sophistiquée » pour le pays.
Dans le cadre d’un jeu à long terme visant à produire des politiques plus favorables à Pékin, le régime chinois déploie des mesures incitatives telles que « des voyages rémunérés, des opportunités commerciales, des invitations prestigieuses ou un soutien politique » ainsi que des mesures dissuasives – refus de visa, harcèlement et intimidation – pour exercer des représailles contre toute personne qui refuse de s’aligner sur ses objectifs, qu’elle se trouve en Chine ou à l’étranger, d’après le rapport de la commission.
À l’approche de l’élection présidentielle américaine, les tentatives du régime chinois de jouer un rôle ont suscité de plus en plus d’inquiétudes.
« Je pense que nous serions naïfs [de penser] que le PCC ou des acteurs alignés sur le PCC ne tenteront pas d’utiliser certaines de ces technologies ici aux États-Unis », a déclaré le représentant Raja Krishnamoorthi (parti Démocrate), membre du comité spécial sur le PCC, lors d’une table ronde le 5 février, alors qu’il mentionnait l’utilisation par le régime de contenus « deepfake » (faux contenus) à Taïwan.
Le président Biden et le secrétaire d’État, M. Blinken, ont tous deux exprimé ces préoccupations lors de leurs récents entretiens avec des responsables chinois.
« Nous avons vu, de manière générale, des preuves de tentatives d’influence et peut-être d’ingérence, et nous voulons nous assurer que cela cessera aussi vite que possible », a déclaré M. Antony Blinken lors d’un entretien avec les médias à Pékin. Après le sommet États-Unis-Chine de novembre 2023, le président Biden a affirmé qu’il avait prévenu le principal dirigeant communiste chinois qu’il « comptait à ce qu’il n’y ait pas d’ingérence, pas une ».
Dans un rapport largement expurgé publié en décembre 2023, le Conseil national du renseignement a déclaré que les hauts dirigeants chinois avaient émis « de vastes directives pour intensifier les efforts » visant à influencer les politiques américaines et l’opinion publique depuis 2020. Selon le rapport, des pirates informatiques chinois ont scanné plus de 100 domaines de partis politiques américains au niveau de l’État, et les dirigeants chinois en 2021 avaient une liste de membres spécifiques du Congrès à « punir pour leurs opinions anti-chinoises et à récompenser pour leur soutien perçu à la Chine ».
L’officier de l’armée américaine Xiong Yan, qui s’est présenté comme candidat au Congrès américain pour représenter Long Island, dans l’État de New York, en 2022, a été l’une des victimes d’une tentative de campagne de diffamation de la part de la Chine, selon le département de la Justice.
Lors de l’audition du 15 mai, Avril Haines a désigné la Chine comme l’un des « acteurs étrangers les plus importants exerçant une activité d’influence sur les États-Unis en relation avec nos élections ».
Pékin, a-t-elle déclaré, a continué à « déployer des efforts pour promouvoir des politiciens à tous les niveaux qui adoptent des positions favorables à la Chine sur des questions clés ».
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