Pékin réduit au silence les médias mondiaux sur le prélèvement forcé d’organes en Chine

Deuxième partie de la série de quatre articles consacrés au Sommet mondial contre le prélèvement forcé d'organes

Par Anders Corr
1 octobre 2021 01:18 Mis à jour: 3 octobre 2021 12:58

Le Sommet mondial sur la prévention et la lutte contre le prélèvement forcé d’organes met en lumière le silence des médias sur l’une des plus grandes atrocités de notre temps : une industrie du prélèvement forcé d’organes en Chine qui génère des milliards de dollars.

Le Parti communiste chinois (PCC) surveille les médias mondiaux pour les faire taire. Il utilise l’immense pouvoir économique de la Chine et ses campagnes d’influence politique à l’étranger. Ainsi contraint-il les nations et les organisations internationales à l’impuissance face à l’atrocité du prélèvement forcé d’organes. Le sommet, qui s’est tenu du 17 au 26 septembre, a mis en lumière non seulement cette situation, mais aussi ce qu’un participant a nommé la « diplomatie du silence ».

Malgré des preuves irréfutables, le régime chinois nie qu’il procède actuellement à des prélèvements forcés d’organes. Il est parvenu à ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) soutienne ses dénégations. Mais le jugement de l’OMS est erroné. Selon Lord Hunt au Royaume-Uni, « il a été révélé par le gouvernement britannique en 2019 que l’évaluation de l’Organisation mondiale de la santé est basée sur l’auto-évaluation de la Chine et que l’OMS n’a pas effectué sa propre évaluation du [système] chinois de transplantation d’organes ».

Les organisateurs du Sommet mondial démontrent que la pression du PCC a réduit la couverture médiatique des prélèvements forcés d’organes en Chine. De ce fait ni les nations ni les organisations internationales ne prennent les mesures coûteuses mais nécessaires qui s’imposent pour résoudre le problème.

« De nombreux membres des médias d’information n’ont pas rendu compte fidèlement de cette atrocité, mais ont cédé à la pression du PCC et publié à la place de la propagande rémunérée », ont écrit les organisateurs sur le site Web du sommet. « Les sociétés du monde entier sont maintenues dans l’ignorance des dangers qu’il y a à devenir complice des crimes de prélèvement forcé d’organes. »

Le fondateur du groupe à but non lucratif Doctors Against Forced Organ Harvesting (DAFOH) et hôte du sommet, le Dr Torsten Trey, a déclaré le 17 septembre que le sommet se penche « sur le rôle des médias d’information et la question de la censure. Par défaut, la première tâche des médias d’information est de rapporter des faits et des vérités, mais un autre aspect important des médias est de relier les gens. Au cours des quinze dernières années [depuis que le New York Times a révélé l’histoire du prélèvement forcé d’organes en Chine], les grands médias n’ont pas réussi à établir un lien entre les citoyens du monde libre et les victimes du prélèvement forcé d’organes en Chine. Cette séparation entre les lecteurs et les victimes est un autre aspect de la censure, souvent négligé. »

Torsten Trey, le directeur exécutif de Médecins contre le prélèvement forcé d’organes (DAFOH), s’exprime lors d’un événement à Taipei le 27 février 2013. (Chen Po-chou/Epoch Times)

Le Dr Trey a précisé que le sommet mondial est une tentative de combler le fossé entre les citoyens et les victimes du prélèvement forcé d’organes.

Le Dr Weldon Gilcrease, directeur du service d’oncologie de la faculté de médecine de l’université de l’Utah, a fait remarquer lors du sommet que les nombreuses preuves de prélèvements forcés d’organes n’ont pas été reconnues par « la majeure partie de la communauté médicale, ni même par la majeure partie du monde ».

M. Gilcrease a tenté, dans sa propre université, de mettre fin à la formation des médecins chinois en matière de transplantation, expliquant qu’ils utiliseraient probablement ces connaissances pour assassiner des donneurs non consentants. Mais son administration s’y est opposée, en alléguant : « Il ne fait aucun doute que le prélèvement forcé d’organes existe, mais prendre position contre un pays grand et puissant comme la Chine pourrait être dangereux à la fois pour notre institution, ainsi que pour les écoles de premier et deuxième cycles que nous administrons dans notre université. » Et d’ajouter : « Si nous disons quoi que ce soit [sur ces atrocités], la Chine enverra tout simplement tous ses étudiants au Texas. »

Plusieurs autres participants  ont appelé à la fin de la formation internationale des médecins chinois aux techniques de transplantation. Le Dr André Gattolin, sénateur français et co-président de l’Alliance interparlementaire sur la Chine (AIPC), a critiqué « les pays développés qui, au nom de la sacro-sainte coopération médicale et sanitaire, ont procédé sans précaution à des transferts de compétences et de technologies qui ont conduit aux abus honteux observés aujourd’hui en Chine ».

M. Gattolin note que la France a « largement participé à la formation de nombreux chirurgiens chinois à la technique très délicate de la transplantation d’organes ». En conséquence, « notre confiance, accordée trop naïvement, a été trahie. Nous n’avons pas exigé un droit de regard sur ce qui pouvait en résulter, et ceux qui ont été dupés au nom du partage des connaissances et d’un certain humanitarisme scientifique refusent toujours de reconnaître leur part de responsabilité ».

Carlos Iglesias Jimenez, avocat espagnol spécialisé dans les droits de l’homme internationaux, a affirmé lors du sommet que les gouvernements occidentaux et les organisations internationales n’ont pas été assez fermes pour affronter le PCC et condamner les prélèvements forcés d’organes.

« Nous en avons de nombreux exemples, le PCC a infiltré tant d’organisations internationales : le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, l’Organisation mondiale de la santé, les Nations unies elles-mêmes, réussissant à faire en sorte que tout passe inaperçu, que tout soit dissimulé, que ces événements ne puissent jamais être connus de manière générale et publique par la société et le monde entier. Et ils y parviennent grâce au silence complice des gouvernements occidentaux, des institutions internationales et des organisations internationales », a-t-il déploré.

Selon le général de brigade de l’armée de l’air américaine à la retraite Robert Spalding, l’utilisation par le PCC de la carotte et du bâton contre les processus démocratiques internationaux et les délibérations sur le prélèvement forcé d’organes relève de la « guerre politique ». Il a déclaré lors de la conférence du 19 septembre que la guerre politique, sous forme d’influence par le biais des élites économiques, est utilisée pour immobiliser les démocraties face à ces atrocités.

M.Spalding a expliqué : « La guerre politique est utilisée pour désensibiliser, pour détourner toute critique sur la compréhension de choses comme le génocide de la population ouïghoure, le confinement et le contrôle de la population de Hong Kong, l’incarcération massive et le prélèvement d’organes des Falun Gong, et l’oppression pure et simple de… certains éléments de la population chinoise, en particulier ceux que… le Parti communiste chinois craint. »

Le général de brigade de l’armée de l’air américaine à la retraite Robert Spalding, à Washington, le 29 mai 2019. (Samira Bouaou/Epoch Times)

Françoise Hostalier, membre du Parlement français, a expliqué que si l’on ne reconnaît pas que les dirigeants chinois agissent selon des principes moraux et éthiques inconséquents, c’est parce que « la Chine est un partenaire économique incontournable, qui est de plus en plus performant dans de nombreux domaines scientifiques, et qui met sous sa domination de plus en plus de territoires et de pays. Le risque est grand que nos chercheurs, médecins, laboratoires, industriels, étudiants, à travers des échanges scientifiques ou économiques, se retrouvent complices des pratiques inhumaines et criminelles de leurs homologues chinois, contraires à toute éthique, mais sans en avoir conscience. »

Hermann Tertsch, membre du Parlement européen originaire d’Espagne, a reproché aux grands médias de manquer à leur devoir de couvrir les crimes du PCC. « Les critères du monde médiatique, qui a l’hégémonie sur la communication mondiale, sont des critères qui ont été de plus en plus définis dans une seule direction au cours des 50 dernières années, et c’est dans cette direction que les crimes commis par la dictature chinoise sont traités de manière aussi bienveillante. »

M. Tertsch a ajouté que les images critiques à l’égard du PCC « ont disparu des réseaux, non seulement dans les réseaux chinois où l’on ne trouve rien sur cette tragédie d’il y a 32 ans [le massacre de la place Tiananmen], [mais] aussi dans les médias occidentaux, par la volonté chinoise ou par la volonté de tant de partenaires de la Chine, comme nous en avons parmi ceux qui applaudissent à Davos, parmi ceux qui applaudissent Xi Jinping, les grands géants des grands empires technologiques, des grands réseaux, nous connaissons tous leurs noms. »

Il a ajouté que nous sommes indulgents envers les crimes du PCC parce qu’« ils fabriquent beaucoup là-bas, parce qu’ils ont de nombreuses relations économiques, parce qu’ils admirent le modèle, parce qu’ils veulent appliquer un modèle similaire. »

Les démocraties occidentales pourraient demander des comptes au PCC, selon M. Tertsch, mais « elles préfèrent un grand régime mondialiste où chaque personne est anonyme et interchangeable, et où nous pouvons prélever les organes d’une personne pour les donner au plus offrant ou à quelqu’un qui nous convient pour une raison quelconque. »

Les intérêts économiques, selon M. Tertsch, « conduisent ces élites occidentales à être complices du Parti communiste chinois… pour cacher la monstruosité des transplantations, qui emportent, on ne sait combien de milliers de prisonniers politiques, de prisonniers de droit commun, de personnes du mouvement du Falun Gong, de dissidents. »

Le monde a la responsabilité de regarder en face l’atrocité que représente le prélèvement forcé d’organes. Le fait qu’il soit principalement imposé à des populations très vulnérables en Chine, à savoir les Falun Gong et potentiellement aussi les Ouïghours, et que ces populations aient été ciblées pour une éradication culturelle, porte le prélèvement d’organes forcé au niveau d’un moyen de génocide, selon la définition des Nations unies. Comme le prélèvement forcé d’organes est également une procédure médicale commerciale, les défenseurs des droits de l’homme sont confrontés à un tout nouveau type de crime contre l’humanité : le génocide médical à but lucratif. Les grands médias doivent mieux couvrir cette question, sinon ils perdent toute prétention à être la conscience impartiale de la communauté.

Anders Corr est titulaire d’un BA/MA en sciences politiques de l’université de Yale (2001) et d’un doctorat en administration de l’université de Harvard (2008). Il est directeur de Corr Analytics Inc. et éditeur du Journal of Political Risk, et a mené des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Il est l’auteur de « The Concentration of Power » (à paraître en 2021) et de « No Trespassing », et a édité « Great Powers, Grand Strategies ».

Partie 1 : Le prélèvement forcé d’organes en Chine : un génocide médical à but lucratif

Partie 3 : Sanctionner le PCC pour le prélèvement forcé d’organes

Partie 4 : Stopper la coopération scientifique et médicale avec la Chine des prélèvements ADN contraires à l’éthique


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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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