La perspective d’un retour à l’ère précédente des échanges commerciaux entre l’Australie et la Chine a fait l’objet de nombreuses spéculations au cours des dernières semaines.
Si certains commentateurs ont conclu que le dégel des relations commerciales sino-australiennes était attribuable à une approche plus conciliante du gouvernement travailliste australien envers le Parti communiste chinois (PCC), la réalité est que Pékin agit en fonction de ses intérêts économiques.
Les produits dont la Chine est tributaire, tels que le gaz et le minerai de fer, n’ont pas fait l’objet de sanctions chinoises. Le renouvellement des importations de charbon répond aux besoins de l’État-parti et de son chef Xi Jinping de soutenir l’économie chinoise.
Le Global Times, réputé proche du pouvoir chinois, a récemment cité un représentant de l’industrie chinoise qui affirmait que le moment était bien choisi pour reprendre les importations de charbon australien. « En janvier, le coût, l’assurance et le fret (CIF) du charbon australien s’élevaient à 2450 yuans (361,3 dollars) la tonne, tandis que le CIF du charbon produit dans la province du Shanxi, dans le nord de la Chine, était de 2700 yuans la tonne. »
Certains PDG occidentaux ont considéré comme un bon signe les remarques de Xi Jinping lors de la Conférence centrale sur le travail économique, tenue en décembre à Pékin. Le chef du PCC a fait référence à des politiques orientées vers le marché et à l’annulation de certaines réglementations.
Il y a plusieurs raisons d’être très prudent
Bien que Xi Jinping ait besoin de capitaux étrangers pour relancer son économie, le rétablissement des relations commerciales des pays occidentaux avec la Chine fait face à plusieurs problèmes. Les fonds spéculatifs sont devenus plus prudents. Rares sont ceux qui croient à un retour généralisé à l’ère d’avant la guerre commerciale.
Le programme de « prospérité commune » de Xi Jinping et son impact sur les sociétés occidentales suscitent une méfiance généralisée.
Premièrement, l’optimisme excessif de certains hommes d’affaires qui pensent que le miracle économique chinois est sur le point de se reproduire va à l’encontre du point de vue beaucoup plus prudent de Li Keqiang, le Premier ministre sortant du pays.
Dans le rapport à la session plénière du 20e Comité central du PCC, Li Keqiang aurait noté que le monde subissait des changements rapides, qu’il était entré dans une nouvelle période de troubles et que « le développement de mon pays est entré dans une période de coexistence et d’opportunités stratégiques, de risques et de défis, d’incertitudes croissantes et de facteurs imprévisibles ».
« La réforme, le développement et la stabilité de mon pays sont encore confrontés à de nombreuses et profondes contradictions. La triple pression de la contraction de la demande, du choc de l’offre et du fléchissement des attentes est encore relativement importante. Les fondements pour la reprise économique ne sont pas encore solides et divers facteurs peuvent intervenir à tout moment », aurait-il précisé.
Deuxièmement, de nombreuses entreprises occidentales qui dépendaient de la Chine ont aujourd’hui une approche plus conservatrice.
Le rapport 2023 de la Chambre de commerce américaine en Chine (CCAC) donne à réfléchir. Pour la première fois en 25 ans de publication de ce rapport, la Chine n’est plus considérée comme l’un des trois premiers marchés pour la plupart des entreprises membres de la CCAC.
Les relations entre les États-Unis et la Chine sont considérées comme essentielles pour les relations commerciales, et les perspectives d’amélioration de ces relations restent bien faibles.
Quelque 46% des entreprises membres de la CCAC étaient pessimistes quant à l’avenir des relations entre les États-Unis et la Chine en 2023, tandis que 73% ont déclaré que les tensions commerciales ont eu un impact sur leur société.
Le rapport a également révélé une augmentation de 10% du nombre d’entreprises qui envisageaient ou ont déjà commencé à relocaliser leur production et leur approvisionnement en dehors de la Chine.
Apple, par exemple, a transféré une partie de sa production hors de Chine.
Les entreprises taïwanaises qui dépendaient traditionnellement de la Chine se sont également déplacées vers d’autres pays, y compris les États-Unis. Les sociétés établies depuis longtemps en Chine s’installent également au Mexique.
Les exportations de Hong Kong ont chuté.
Morris Chang, fondateur de TSMC, le plus grand fabricant de puces au monde basé à Taïwan, a fait remarquer l’année dernière que « le libre-échange est presque mort et que la mondialisation est presque morte ».
« Beaucoup de gens souhaitent encore qu’ils reviennent, mais je ne pense pas qu’ils reviendront », a-t-il ajouté.
« C’est l’hôpital qui se moque de la charité »
Troisièmement, le PCC s’est montré prêt à pénaliser les pays qui remettent en question sa réputation, que ce soit au sujet des origines du Covid, d’attentes aux droits de l’homme ou de ses activités agressives régionales.
Par exemple, les 14 sujets de plainte formulés par l’ambassade de Chine à Canberra en 2020 à la suite de la demande australienne d’enquête indépendante sur les origines du Covid-19, qualifiaient cette demande de « manipulation politique faisant écho à l’attaque des États-Unis contre la Chine ».
Le PCC continue de s’opposer à toute enquête indépendante sur le virus qui, selon les chiffres officiels, a tué 6,87 millions de personnes et rendu malades 675 millions autres, dont certaines avec des séquelles à long terme.
Lorsque le département de l’Énergie des États-Unis et le directeur du FBI, Christopher Wray, ont désigné une fuite de laboratoire comme étant à l’origine des infections, le régime chinois a réagi avec sa fanfaronnade habituelle.
Mao Ning, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a accusé les États-Unis de « manipulation politique », alors que le monde voulait simplement savoir d’où provenait le virus.
C’est à nos risques et périls que nous sous-estimons la capacité de l’État-parti chinois à punir ses détracteurs.
Si Xi Jinping a assoupli sa croisade idéologique pour se concentrer sur les questions économiques, c’est uniquement parce que le PCC lui-même est en danger si l’économie chinoise vacille.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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