Les périodes de sécheresse peuvent être un véritable calvaire pour ceux qui veulent garder une belle pelouse. Pourtant, il existe des alternatives aux pelouses traditionnelles, qui ont tous les avantages : elles résistent mieux aux sécheresses, on n’a pas besoin de les arroser ni de mettre d’engrais, et il ne faut pas les tondre aussi souvent. Elles coûtent ainsi beaucoup moins cher en temps et en argent.
Les problèmes des pelouses traditionnelles
En Amérique du Nord, il y a un phénomène particulier : le culte de la pelouse. Chaque maison ou immeuble a sa pelouse, il faut qu’elle soit bien verte et bien entretenue. Pourtant, ces pelouses sont devenues un enjeu écologique important. La consommation d’eau double en été principalement à cause de l’arrosage des pelouses et des jardins, peut-on lire sur le site Web de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL). Malgré cet arrosage et les nombreux pesticides utilisés régulièrement, beaucoup de ces pelouses dépérissent ou ne sont pas à la hauteur des attentes de leurs propriétaires qui sont pourtant aux petits soins pour elles.
Edith Smeesters, biologiste, auteure et conférencière, est la spécialiste au Québec des pelouses à faible entretien. Elle nous explique : «Tous nos problèmes de pelouse sont reliés à une espèce qui s’appelle le «pâturin des prés», qui est l’espèce la plus utilisée au Québec et généralement en Amérique du Nord, parce que c’est une espèce qui résiste très bien au piétinement et qui résiste très bien au froid. Malheureusement, elle est aussi extrêmement exigeante.»
En effet, le pâturin des prés a besoin d’eau au moins une fois par semaine, il lui faut de l’engrais ainsi qu’un sol très bien préparé. Toutes ces conditions ne se retrouvent généralement pas sur un terrain de banlieue ni, en particulier, dans les nouveaux développements : «on a construit une maison, on étend de la terre d’excavation et l’entrepreneur de pelouse vient, il met juste un petit peu de terre arable et le gazon par-dessus. Évidemment, ça ne peut pas survivre dans ces conditions», poursuit la biologiste.
La nature veut alors reprendre le dessus et la biodiversité veut se réinstaller, et c’est à ce moment qu’une guerre sans fin se déclare entre le propriétaire d’une part, et les pissenlits et autres plantes considérées comme indésirables d’autre part. La monoculture du pâturin des prés attire également les parasites, comme les punaises de céréales en période de sécheresse. Une fois le gazon mangé par ces parasites, il est mort et il n’y a plus rien à faire.
L’alternative
«Regardons ce qui se passe dans la nature et regardons quelles sont les plantes adaptées à ces conditions ingrates. C’est pour ça que je suggère de mettre des mélanges de semences à entretien minimum qui contiennent des espèces beaucoup plus résistantes que le pâturin des prés et qui vont quand même donner un bel aspect», précise Mme Smeesters.
Selon une étude de la SCHL, «les résidents possédant une pelouse à faible entretien ont consacré 50 % moins de temps, dépensé 85 % moins d’argent, consommé 50 % moins d’énergie (électricité, carburant), épandu 85 % moins d’engrais, utilisé 100 % moins d’eau et appliqué 100 % moins de pesticides par année que ceux qui avaient installé une pelouse traditionnelle».
Le seul inconvénient des pelouses à entretien minimum réside dans le fait qu’il s’agit de plantes qui résistent moins bien au piétinement. Elles ne sont donc pas du tout adaptées à un terrain de sports par exemple. Elles sont parfaites pour un terrain décoratif près d’une maison. On peut marcher dessus tous les jours, mais on ne peut pas les piétiner 25 h par semaine.
Quand on regarde tous les avantages de la pelouse à faible entretien, on peut se demander pour quelles raisons des gazons comme le gazon en plaques, qui est constitué de 99 % de pâturin des prés, sont devenus omniprésents sur le continent nord-américain. Selon la biologiste, la raison est qu’une industrie très lucrative de la pelouse s’est développée pour mettre les gens dans un cercle vicieux.
En effet, les mêmes entreprises qui vendent le gazon fournissent aussi les engrais et les pesticides. Ils ont donc tout intérêt à ce que vous plantiez une pelouse qui a besoin de tout cela, puisque chaque année vous aurez besoin de leur acheter ces produits si vous ne voulez pas voir votre pelouse dépérir. «Toutes ces compagnies qui vendent ce service, ce sont eux qui ont l’argent pour faire toute la publicité, donc ce sont eux qui font le lavage de cerveaux auprès des gens», explique Mme Smeesters. «Depuis des décennies, on nous dit que toutes les plantes qui ne sont pas des graminées ne sont pas bonnes, et qu’on est des mauvais citoyens si on a du pissenlit.»
Une pelouse médicinale et fleurie
Saviez-vous que le pissenlit est une plante médicinale? Ses racines sont excellentes pour le foie, et elles peuvent guérir de la grippe en hiver. Parmi les autres plantes médicinales contenues dans une pelouse naturelle, on peut retrouver le plantain, remède suprême pour les piqûres et les brûlures. Il y a de nombreuses autres plantes médicinales dans la biodiversité d’une pelouse naturelle.
L’experte en pelouses à faible entretien apprécie les fleurs qui font partie de la biodiversité de son gazon : «Avec la sécheresse qu’on a eue l’an passé, j’ai eu des belles petites fleurs qui sont apparues. Je n’ai pas eu du tout une pelouse jaune pendant la sécheresse.» Pourtant, plusieurs pelouses traditionnelles s’étaient transformées en foin, plus un brin d’herbe n’était vivant.
Les espèces à semer
Lorsqu’on va dans une bonne jardinerie, on peut recevoir des conseils en horticulture et se faire conseiller sur les mélanges de semences tout prêts. Il en existe principalement deux sortes : ceux qui contiennent du trèfle et ceux dont la composition n’en inclut pas.
«Le trèfle autrefois était dans tous les mélanges à gazon, parce que c’était le nec plus ultra d’avoir une pelouse avec des graminées, du trèfle. Et c’était tout à fait autonome parce que le trèfle est une légumineuse qui fixe l’azote de l’air, et donc on n’a pas besoin de mettre d’engrais», révèle la spécialiste des pelouses écologiques. Elle recommande donc les mélanges incluant le trèfle : «Le trèfle donne une autre texture au gazon parce qu’il a de larges feuilles et ça cache un peu les autres plantes à larges feuilles, ça fait une uniformité et les gens aiment l’uniformité. Le trèfle est assez envahissant, il va donner une très belle densité, ça résiste beaucoup mieux à la sécheresse.»
Parmi les autres plantes à semer, Mme Smeesters cite la fétuque rouge gazonnante et la fétuque ovine durette. Ces gazons poussent lentement, ce qui produit jusqu’à 40 % de moins de rognures de gazon, tout en présentant l’avantage d’avoir besoin d’être tondu moins souvent. Il faut savoir qu’il est très bon pour la pelouse de laisser ces rognures sur place.
Le pâturin des prés fait lui aussi partie des mélanges à entretien minimum, parce que c’est quand même une très bonne espèce. Il faut juste s’assurer de la mélanger à d’autres espèces pour éviter la monoculture qui attire les parasites et toutes sortes d’autres problèmes.
Comment changer?
Si vous êtes maintenant convaincu que la pelouse à faible entretien est faite pour vous, vous vous demandez sans doute : par où commencer pour changer mon gazon? Il faut vous procurer des semences dans une bonne jardinerie ou une bonne pépinière, mais pas dans une quincaillerie où l’on vous donnera sans doute un mélange standard.
Deux périodes de l’année sont propices au changement : à la fin de l’été et au début du printemps. Après une sécheresse, si on arrête de mettre de l’engrais et d’arroser, le pâturin des prés va dépérir. Il n’est pas nécessaire de tout arracher : on peut ressemer à travers avec une petite couche d’1/2 à 1 cm de compost. Il est bon de semer quand il commence à y avoir des pluies.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter : www.cmhc.ca/en/co/maho/la/la_004.cfm ou le livre d’Édith Smeesters, éditions Broquet : Pelouses écologiques et couvre-sols, ou encore, en anglais : The organic lawn care manual : www.safelawns.org
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