« Nous n’avons pas tant besoin d’argent que de conditions de travail décentes », témoigne Éric, pilote de Ryanair depuis plus d’une décennie. Lui et Jean-François, un collègue, ont accepté de témoigner sous anonymat avec Libération de leur travail. D’habitude, le personnel a pour obligation de se tenir loin des médias. La crise interne chez Ryanair est sûrement passée par là, et les journalistes ont réussi à prendre contact et interroger des salariés de la plus rentable des compagnies européennes.
«Nous sommes rémunérés à l’heure de vol. Les tarifs varient de 55 à 150 euros de l’heure suivant l’ancienneté et la qualification», explique Jean-François – une rémunération légèrement inférieure à ce que gagne un pilote chez Air France. Mais à quoi viennent se soustraire ce que le pilote doit prendre en charge : « Nous payons nos badges d’accès à l’aéroport, le parking, l’assurance perte de licence, la visite médicale obligatoire, les uniformes et même la veste de sécurité avec laquelle nous effectuons le tour de l’avion avant de décoller ».
Avec des vols européens autour de la quarantaine d’euros, la compagnie entend bien faire des économies. Ainsi, les pilotes doivent eux même monter sur une échelle pour faire l’approvisionnement en kérosène, et les nouvelles recrues effectuent une douzaine d’heures de vol sans être payées. Et côté hôtesses et stewards, il semblerait que ce soit pire : sur 12 heures travaillées, seules les heures de vol sont comptées, soit 8h30.
Aujourd’hui, la compagnie fait face à une baisse de réservation, due entre autre à une concurrence de plus en plus agressive sur ses tarifs. Elle a décidé de revoir ses ambitions à la baisse, et de faire voler 25 appareils en moins à partir de novembre et 10 en moins à partir d’avril 2018. Inacceptable pour les pilotes, malgré les promesses d’une hausse de salaire annuel de 22 000 euros par leur patron, Michael O’Leary.
Il y a plusieurs avantages à travailler chez Ryan Air : l’emploi est stable, les pilotes sont assurés de pouvoir regagner leur domicile chaque soir et retrouver leur famille, et ils profitent de trois jours de repos par semaine. Malgré cela, Éric « cherche ailleurs ». Car là où un pilote d’Air France comptabilise 700 heures de vols par an, les pilotes de Ryan Air arrivent au plafond autorisé, soit 900 heures. D’où une fatigue que ne viendra pas consoler les promesses de rémunérations «Dès le quatrième jour, on est fatigué. Résultat, on dort dans le cockpit durant le vol, même si nous n’avons pas le droit de le faire quand le temps de trajet est inférieur à deux heures vingt-cinq», remarque t-il.
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