Le 20e Congrès du Parti communiste chinois (PCC) a été un événement crucial qui a permis de mieux comprendre le leadership de Xi Jinping et son impact sur le Parti. L’homme le plus puissant de Chine a consolidé sa mainmise sur le pouvoir en décrochant un troisième mandat inédit de cinq ans au poste de secrétaire général du Parti – un tour de force qu’aucun de ses prédécesseurs n’a réalisé depuis que Mao Zedong avait régné sur le pays pendant 27 ans jusqu’à sa mort en 1976.
De plus, le Comité permanent du Politburo, avec lequel Xi Jinping dirige l’État-parti chinois, est désormais composé exclusivement de ses fidèles alliés. Le PCC a également intégré dans sa charte le « rôle central du camarade Xi Jinping » ce qui semble renforcer davantage son rôle de « leader suprême » en l’élevant à celui du « grand timonier » Mao Zedong.
Dans une perspective historique, ce Congrès sera probablement considéré comme un événement majeur ayant des conséquences durables pour le PCC, la Chine et le monde entier. Nous analyserons trois des conséquences parmi les plus importantes.
Premièrement, dans son long discours à l’ouverture du Congrès, Xi Jinping a proclamé que le PCC a atteint son premier objectif centenaire – la construction d’une société modérément prospère. Aujourd’hui, le Parti est passé à la réalisation du deuxième objectif centenaire : faire de la Chine un pays socialiste moderne à tous égards et promouvoir le rajeunissement de la nation chinoise. Ainsi Xi Jinping a annoncé que la Chine a atteint un nouveau statut et qu’elle doit être considérée selon des critères différents.
Cela devrait être interprété par la communauté internationale comme une indication que la Chine se perçoit désormais comme capable d’atteindre ses objectifs de supplanter l’Occident – avant tout, les États-Unis comme sa première puissance – et de remplacer l’ordre international libéral. De plus, que ces actions seront légitimes. Le pays socialiste moderne a le droit d’établir les règles. Xi Jinping a déclaré que la Chine amènerait les institutions internationales à « s’ouvrir » par rapport à leurs règlements, leur gestion et leurs normes. Le monde devrait interpréter une telle « ouverture » comme une soumission de ces institutions à la volonté de l’État-parti chinois – comme cela s’est produit avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dès le début de la pandémie du Covid-19 ou avec la réponse timide de l’ONU au génocide des musulmans dans le Xinjiang.
Deuxièmement, Xi Jinping est convaincu que l’idéologie du PCC reste fermement ancrée dans le marxisme qui joue le rôle de guide pour le Parti. Xi Jinping est un fervent partisan de l’idéologie communiste. Il cherche à renforcer la pureté idéologique du Parti tout en consolidant son contrôle sur la Chine et son influence dans le monde.
Troisièmement, la belligérance était à l’ordre du jour dans le discours agressif de Xi Jinping. En dénonçant l’hégémonisme, il a implicitement visé non seulement les États-Unis, mais aussi leurs alliés, comme l’Europe et le Japon, ainsi que leurs partenaires, comme l’Inde. Plus explicitement, l’intention agressive de Xi Jinping était dirigée contre Taïwan. Il a martelé que la résolution de la question de Taïwan est l’affaire des Chinois, qu’elle doit être résolue par les Chinois et que dans ce but la Chine ne renoncera jamais à l’usage de la force. Il en découle qu’on peut s’attendre à des mesures coercitives envers Taïwan dans un avenir proche – Xi Jinping a affirmé sa détermination à résoudre cette question et il est certain qu’il voudra y parvenir tant qu’il reste relativement en bonne santé.
Si l’on réfléchit à ces trois sujets, on arrive à la conclusion que l’idéologie marxiste reste d’une importance fondamentale pour le PCC et qu’elle détermine son objectif de domination mondiale, y compris dans la sphère de la politique internationale. Le marxisme impose la lutte et l’agression. Les marxistes ne peuvent accepter d’autres idéologies – ils doivent les affronter et les vaincre. Les marxistes doivent également être agressifs, car ils créent des formes illégitimes de gouvernement et doivent toujours avoir des ennemis internes et externes pour soutenir et justifier leur emprise totalitaire sur le pouvoir.
Cette agressivité perpétuelle et sans répit a été parfaitement illustrée par le tyran soviétique Joseph Staline lorsqu’il a lancé la première salve de la guerre froide dans son discours agressif et belliqueux de février 1946.
Staline a avancé trois arguments majeurs : premièrement, le marxisme-léninisme était une idéologie et un système économique fondamentalement supérieurs au capitalisme démocratique et libéral. Deuxièmement, la Seconde Guerre mondiale était un test pour tous les systèmes politiques – un test que le système socialiste soviétique a non seulement réussi, mais dont la viabilité a été prouvée sur le champ de bataille et par les sacrifices faits par le peuple soviétique. Troisièmement, la guerre était inévitable tant que le capitalisme monopolistique existait.
Comme, selon Saline, le capitalisme avait provoqué les deux guerres mondiales, il provoquerait aussi la troisième guerre mondiale. Par conséquent, le peuple soviétique devait se préparer à la guerre, se consacrer à la réalisation des objectifs des nouveaux plans quinquennaux. Il n’y aura pas de paix au sein de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), car son peuple devra s’engager dans la victoire. Et il ne pourra pas non plus y avoir de paix avec les États capitalistes.
Le discours de Staline a été un vrai choc pour les pays démocratiques qui étaient les alliés de l’URSS lors de la Seconde Guerre mondiale, surtout en tenant compte du fait que cette guerre s’était terminée par la capitulation du Japon seulement cinq mois auparavant. Toutefois, l’agressivité de Xi Jinping ne peut pas être considérée comme un choc, car sa belligérance a été démontrée depuis son arrivée au pouvoir en novembre 2012. Comme le discours de Staline, le discours de Xi Jinping a démontré que l’idéologie marxiste est d’une importance fondamentale pour sa pensée et la façon dont il cherche à diriger le PCC et la Chine.
Le 20e Congrès du Parti a assuré à Xi Jinping la place d’un des dirigeants les plus dominants de l’histoire du PCC. Il est en effet en train de « penser comme un communiste ». Le monde doit se rendre compte qu’il est un fervent adepte du marxisme-léninisme et en assumer les conséquences. L’image qu’il se fait de la Chine (à savoir que la Chine est désormais capable de dominer et diriger le monde), ainsi que son idéologie (en tant que véritable adepte du communisme) et les conséquences qui en découlent (sa belligérance envers l’Occident et Taïwan) signifient que Xi Jinping et son État-parti chercheront à réaliser d’une manière de plus en plus poussée les changements qu’ils envisagent.
Comme Staline au début de la guerre froide, Xi Jinping a présenté sa vision du Parti communiste, de son pays et du monde entier. Il a également exposé sa vision des raisons pour lesquelles l’État-parti chinois est en conflit grave avec les États-Unis, les autres pays occidentaux, leurs alliés et partenaires. Aujourd’hui, ces pays doivent reconnaître la gravité de la menace dont ils font face et réagir beaucoup plus fermement et rapidement qu’ils ne l’ont fait auparavant.
Bradley A. Thayer est coauteur du livre Understanding the China Threat (Comprendre la menace chinoise) et directeur de la politique chinoise au Center for Security Policy.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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