INTERNATIONAL

Percée annoncée de l’extrême droite en ex-RDA

septembre 1, 2019 13:13, Last Updated: septembre 1, 2019 13:38
By Epoch Times avec AFP

L’extrême droite allemande s’apprête dimanche à réaliser une forte percée lors de deux élections régionales en ex-RDA, qui risque d’ébranler la déjà fragile coalition d’Angela Merkel. En Saxe et dans le Brandebourg, deux Länder de l’Est de l’Allemagne, quelque 5,5 millions d’électeurs sont appelés aux urnes dimanche pour élire leurs nouveaux parlements régionaux.

De premières estimations devraient être connues immédiatement à la fermeture des bureaux de vote à 16H00 GMT. S’il ne s’agit que d’environ 12% du corps électoral allemand, ces scrutins, complétés par un troisième en Thuringe, autre région de l’ex-RDA, le 27 octobre, seront scrutés à la loupe en Allemagne, 30 ans après la chute du Mur.

-Poussée de l’AFD-

Au vu des sondages, ils devraient en effet se solder par une nouvelle poussée de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), la formation d’extrême droite qui chamboule le paysage politique depuis 2013. Et qui détient ses bastions à l’Est, alors qu’elle est nettement plus faible dans l’Ouest du pays, illustrant la coupure politique qui divise l’Allemagne trois décennies après sa réunification.

Dans le Brandebourg, le Land qui entoure Berlin, l’AfD est donnée dans un ultime sondage à 21%, un point derrière le parti social-démocrate, qui aujourd’hui tient les manettes au sein d’une coalition de gauche.

En Saxe voisine, l’autre région qui vote dimanche, l’AfD est devancée par les conservateurs d’Angela Merkel (CDU), dont ce Land est un fief, mais culmine malgré tout à 24,5% dans les sondages.

Dans les deux Länder, il s’agira d’une spectaculaire progression, comprise entre 8 et 15 points, par rapport aux précédents scrutins, si ces scores se confirment. Cela ne suffira toutefois sans doute pas à l’AfD pour accéder au pouvoir dans ces régions.

Les partis établis, en particulier la CDU, ont d’ores et déjà prévenu qu’ils ne formeraient pas de coalition avec l’AfD.

-Des alliances hétéroclites associant droite et gauche-

Ces Länder pourraient ainsi se trouver gouvernés par de larges alliances hétéroclites associant droite et gauche, et ce au risque de paralyser l’action politique et d’attiser un peu plus les mécontentements.

Dans des Länder où nombre de jeunes continuent d’émigrer chaque année vers l’ouest de l’Allemagne et ses salaires plus alléchants, les Allemands de l’ex-RDA souffrent d’un sentiment de déclassement, malgré une forte baisse du chômage depuis 10 ans.

La politique d’accueil des réfugiés menée depuis 2015 par Angela Merkel a ainsi heurté une partie de la population qui a eu le sentiment que l’Etat s’occupait davantage des migrants que de leur sort.

L’AfD a surfé sur ces peurs et fait campagne contre des formations traditionnelles qu’elle assimile à l’ancien parti communiste de la RDA.

Ces scrutins régionaux auront valeur de test grandeur nature pour la chancelière, à la tête depuis l’an dernier d’une fragile coalition avec les sociaux-démocrates du SPD, et qui a déjà annoncé qu’elle quitterait le pouvoir à l’automne 2021.

-Aucune perspective aux gens de l’Est après la chute du communisme-

Les deux élections pourraient provoquer une « tempête » au sein de la coalition, selon le Spiegel. « La grande peur des partis de la coalition », lui fait écho le quotidien Bild.

A Dresde, capitale de la Saxe, des électeurs interrogés dimanche matin par l’AFP ne cachaient pas leur désarroi devant le succès de l’AfD dans leur région. A l’instar de Karl-Heinz Landgraf, 75 ans:  « Le problème est simplement que le gouvernement n’a pas réussi à donner une perspective aux gens de l’Est après la chute du communisme ». 

« J’espère que d’autres partis qui défendent l’ouverture sur le monde, la démocratie et la protection de l’environnement l’emporteront », confie de son côté Monika Schneider, 49 ans. Mme Merkel, originaire d’un autre Land de l’Est et très impopulaire parmi les sympathisants de l’AfD, s’est bien gardée de mener campagne.

Le SPD, sans dirigeant depuis plusieurs mois et en chute libre dans les sondages, est dans une situation encore plus difficile. De quoi relancer les débats internes sur l’opportunité de rester membre de l’impopulaire coalition qu’il forme avec les conservateurs à Berlin. En vogue à l’échelon fédéral, les Verts pourraient eux tirer leur épingle du jeu en dépassant les 10%.

 

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