Fini les 70 km/h sur le périphérique parisien : à partir de mardi, la vitesse maximale va commencer à tomber à 50 km/h, comme en ville, une décision controversée d’Anne Hidalgo visant à réduire le bruit et la pollution subis par plus d’un demi-million de riverains.
Depuis dix ans, la vitesse est limitée à 70 km/h sur cette autoroute urbaine empruntée chaque jour par plus d’un million de véhicules. La vitesse moyenne de circulation en journée étant actuellement estimée à 37 km/h, l’abaissement à 50 km/h ne devrait avoir d’impact majeur qu’aux horaires décalés.
La mesure doit s’appliquer dès mardi après parution d’un arrêté municipal, le périphérique étant une propriété de la mairie de Paris. Elle se fera tronçon par tronçon, pour être généralisée à l’ensemble de l’anneau le 10 octobre, le temps de changer la signalétique. « On ne va pas verbaliser les automobilistes dès le 1er octobre (mardi ndlr), il va y avoir une période de transition », assure le premier adjoint à la mairie de Paris, Patrick Bloche.
Le passage de la vitesse maximale à 50 km/h s’appliquera dès mardi sur le tronçon entre la porte des Lilas (nord-est) et la porte d’Orléans (sud).
« Un gain non négligeable de deux à trois décibels »
La mesure vise surtout à réduire les nuisances pour les 550.000 riverains de la bande de 500 mètres autour du boulevard. Dont environ 30.000 vivant en première ligne, exposés au-delà des valeurs réglementaires fixées à 68 décibels, selon Bruitparif.
Avec une limitation à 50 km/h, l’observatoire du bruit s’attend à « un gain non négligeable de deux à trois décibels » lorsque le trafic n’est pas congestionné, explique à l’AFP sa directrice, Fanny Mietlicki. Donc essentiellement la nuit, quand la pollution sonore est la plus néfaste pour la santé. Autre solution : des enrobés phoniques de chaussée, une mince couche de granulat contenant des micro-vides qui piègent le son. Très efficaces, ils font gagner jusqu’à 7 décibels.
C’est l’option prônée par la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse (LR) et le patronat francilien, vent debout contre le passage à 50 km/h. Ils fustigent une mesure « anti-sociale » qui pénalisera selon eux les travailleurs de nuit et du petit matin dépendant de leur voiture pour aller de banlieue à banlieue – ils perdraient 12 minutes de sommeil par nuit, font-ils valoir.
« Paris a déjà dépensé 18 millions d’euros pour recouvrir la moitié du périphérique d’enrobés phoniques », rétorque Dan Lert, adjoint écologiste à la mairie de Paris, chargé de la transition écologique. Outre leur coût, ces revêtements ont le défaut de perdre toute leur efficacité au bout de dix ans. La région Île-de-France s’est dite prête à financer pour moitié (15 millions d’euros) la pose d’enrobés phoniques neufs sur le périphérique, où ils sont arrivés à échéance.
Des effets plus mitigés, voire néfastes sur la qualité de l’air
Le gain de la baisse de vitesse sur la qualité de l’air est plus complexe à mesurer car de nombreux facteurs interviennent. Sur autoroute par exemple, rouler moins vite conduit clairement à une baisse importante des émissions de gaz toxiques. Mais dans le cas du périphérique, les études sur des abaissements de vitesse comparables ont montré des effets plus mitigés, voire néfastes, en fonction de l’axe mesuré, concluait l’Agence de l’environnement (Ademe) dans une synthèse parue en 2014.
Il faudra aussi mesurer si la nouvelle limitation provoque davantage de bouchons et des reports de pollution sur d’autres voies. Ou in fine, comme l’espère la mairie de Paris, un report vers d’autres mobilités moins polluantes que la voiture.
La voie réservée conservée
La mairie de Paris souhaite conserver la voie réservée (délégations d’athlètes, taxis…) mise en place pendant les Jeux olympiques. Il s’agirait de réserver la voie la plus extérieure du périphérique aux bus, taxis et co-voiturage à partir de deux passagers. Objectif : diminuer « l’auto-solisme » sur un axe où plus de 80% des véhicules ne transportent que le conducteur, pointe la mairie qui souhaite à terme transformer cette autoroute en « boulevard urbain ». Mais contrairement à l’abaissement de la vitesse, la municipalité ne peut décider seule d’aménager cette voie. Des discussions « ouvertes » sont en cours avec la préfecture de police, indique Patrick Bloche.
Valérie Pécresse demande pour sa part une expérimentation pour évaluer l’impact, craignant que « la suppression d’une voie à la circulation générale se traduise par une thrombose générale de l’Île-de-France à ses portes ».
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