Le verdict est attendu dans la soirée après les plaidoiries de la défense.
Le « cas exceptionnel » d’un « jihadiste intégral » : l’accusation a requis vendredi 3 juillet la réclusion criminelle à perpétuité contre le jihadiste français Tyler Vilus, alias Abu Hafs, âgé de 30 ans, émir du groupe terroriste État islamique (EI), pour des crimes commis en Syrie de 2013 à 2015. L’avocat général Guillaume Michelin a demandé à la cour d’assises de Paris d’assortir cette peine de la période de sûreté maximale, « qui n’est que de 22 ans, hélas », face à un homme dangereux qui « n’a pas changé d’un iota ».
« Quand on dissipe les rideaux de fumées autour de Tyler Vilus, on ne voit que des cadavres. Il vous revient de mettre un terme définitif à ce carnage », a-t-il lancé à la cour. « Toutes les étapes du parcours de l’accusé sont imbriquées dans celles de la construction du califat », a asséné l’avocat général, décrivant le profil « exceptionnel » d’un homme qui a mis son intelligence au service du terrorisme.
« Un chef de guerre »
Tyler Vilus est l’un des premiers de sa génération à gagner la Syrie, pour un premier séjour dès la fin 2012, et l’un des rares individus encore vivants à en être revenu. Installé dans la région d’Alep (nord-ouest de la Syrie) en mars 2013, il annonce dès l’été sa promotion à sa mère – elle-même condamnée à dix ans de prison pour ses voyages en Syrie auprès de son fils et pour financement du terrorisme : « En plus d’être flic, je suis devenu émir d’un groupe de Français ».
À partir de 2014, il s’établit comme « policier islamique » à Shaddadi, dans l’est. Il apparaît dans une vidéo diffusée en 2015 par le bureau médiatique de l’EI : deux anciens soldats prisonniers sont exécutés d’une balle dans la tête. Visage découvert, équipé d’un talkie-walkie et d’un pistolet automatique, Tyler Vilus se tient debout, sur la même ligne que les bourreaux. L’accusé, qui encourt la prison à vie pour ce crime, a dit être là un peu par hasard, « à la sortie de la mosquée ».
Pour l’avocat général, il est « un chef de guerre » : posté à Hraytan, dans la périphérie d’Alep (ouest), il participe à la tête d’un groupe de combattants francophones à des « opérations de nettoyage », il est « félicité pour son efficacité meurtrière ».
Si aucune preuve n’a permis de le rattacher aux attentats du 13 novembre 2015, il estime qu’il revenait en France pour « frapper », comme il le dit à Abdelhamid Abaaoud, le coordonnateur des attentats parisiens après son arrestation en Turquie le 2 juillet 2015.
Le verdict est attendu dans la soirée après les plaidoiries de la défense.
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