Une des façons pour le régime chinois de maintenir son contrôle sur le narratif du Covid-19 a été d’emprisonner davantage de pratiquants de Falun Gong, a signalé le directeur d’une association à but non lucratif lors d’un sommet sur la liberté religieuse jeudi 30 juin.
Le Parti communiste chinois (PCC) a déclaré la guerre aux journalistes indépendants, journalistes citoyens et médecins pendant la pandémie, surtout ceux qui pratiquent le Falun Gong. Face aux abus du régime durant la campagne zéro Covid, les lanceurs d’alerte représentaient une menace prioritaire.
Le PCC a donc harcelé des milliers de pratiquants supplémentaires, en faisant appel aux fonctionnaires et aux policiers. Selon les chiffres présentés lors du Sommet international sur la liberté religieuse le 30 juin, le nombre de pratiquants condamnés depuis deux ans dépasse de plusieurs centaines celui de 2019.
Levi Browde, directeur exécutif de l’organisation à but non lucratif Falun Dafa Information Center, basée à New York, a expliqué lors du Sommet que le PCC a choisi d’intensifier sa persécution contre le Falun Gong en raison de la taille du groupe spirituel. Il s’agit tout de même de dizaines de millions de personnes en Chine. Le seul contrôle de la propagande, la diffamation, l’impossibilité d’avoir le soutien médiatique international, ne suffisait pas.
« C’est pourquoi, pendant la pandémie, les incarcérations de Falun Gong ont en fait augmenté, car le Falun Gong, ce n’est plus une minorité persécutée seulement. Le Falun Gong, c’est aussi un lanceur d’alerte », a indiqué M. Browde.
Il a ajouté : « Et ils [Pékin] savent que s’ils cachent quelque chose au sujet du virus à Wuhan, ou dans d’autres endroits, le Falun Gong est le premier qu’ils doivent faire taire, parce que ce sont eux, [les pratiquants de Falun Gong], qui exposeront les [dernières] infos sur ce que fait le PCC. Et c’est exactement ce qui s’est passé. »
Persécution de ceux qui croient en la vérité
Il y a eu 3582 cas de harcèlement en 2019, le nombre a bondi à 9159 en 2020. Il a continué à grimper à 9332 en 2021, selon le nouveau rapport semestriel du Falun Dafa Information Center publié en mai, intitulé : « Pandemic, Persecution and Pushback : Trends and Analysis from the Suppression of Falun Gong in China and Beyond » [Pandémie, persécution et refoulement : Tendances et analyse de la répression du Falun Gong en Chine et au-delà].
L’année dernière, 1372 pratiquants ont été condamnés à des peines de prison, une hausse de 775 par rapport à 2019.
Le nombre de pratiquants tués a également augmenté. Selon le rapport, 180 décès ont été signalés en 2021, soit près du double des 98 décès connus en 2019. Pour les trois premiers mois de cette année, on compte déjà 21 décès confirmés.
Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une discipline spirituelle qui enseigne à ses pratiquants à vivre selon trois valeurs universelles : l’authenticité, la bienveillance, la tolérance. Il était très populaire en Chine dans les années 1990, avec environ 70 à 100 millions de pratiquants, selon les estimations officielles. En 1999, le PCC a perçu cette discipline populaire comme une menace pour son pouvoir et a lancé une persécution nationale visant à éradiquer les pratiquants et à étouffer la discipline.
Des millions de personnes ont été détenues dans des prisons, des camps de travaux forcés et d’autres installations, et des centaines de milliers ont été torturées pendant leur incarcération, selon le centre d’information. En outre, plus de 4700 décès ont été recensés à la suite des persécutions, mais les observateurs estiment que le chiffre réel est probablement beaucoup plus élevé.
Les lanceurs d’alerte du Falun Gong
« Les pratiquants de Falun Gong dirigent le plus grand réseau clandestin de médias et d’informations en Chine », note le rapport.
Un de ces lanceurs d’alerte identifiés se nomme Fang Bin. Ce journaliste citoyen a révélé la gravité des épidémies à Wuhan au début de la pandémie après avoir réussi à filmer des cadavres dans les hôpitaux surpeuplés de la ville.
Quelques jours après que ses images ont été mises en ligne, M. Fang a été arrêté par la police. On ignore où il se trouve actuellement, mais il aurait été détenu au centre de détention de Jiang’an, à Wuhan, en novembre 2021.
Selon le rapport, avant la pandémie, M. Fang a été détenu pendant plus de quatre ans et a été « gravement torturé » pour sa pratique du Falun Gong.
Le rapport cite également le nom du lanceur d’alerte Xu Na, un des 11 pratiquants de Falun Gong inculpés en avril 2021 pour avoir fourni à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times des informations relatives à la pandémie à Pékin. M. Xu a été condamné à huit ans de prison en janvier.
Tués pour leurs organes
On a également évoqué lors du Sommet le prélèvement d’organes forcé dont sont victimes les pratiquants de Falun Gong. Grâce au trafic d’organe, la Chine est devenue une destination de choix pour le tourisme de transplantation. Les hôpitaux chinois offrent souvent des délais d’attente très courts pour la transplantation d’organes, bien plus rapides que dans les pays développés dotés de systèmes de don d’organes établis depuis plus longtemps.
Les allégations de prélèvements forcés d’organes sur les prisonniers de conscience du Falun Gong sont apparues pour la première fois en 2006. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, la Chine continue à assassiner des pratiquants pour leurs organes, a indiqué M. Browde.
« Cela se passe vraiment en Chine. C’est vraiment une activité lucrative. C’est une industrie de plusieurs milliards de dollars, le fait de tuer des personnes innocentes et de vendre des organes. »
Mme Han Yu, pratiquante de Falun Gong a été invitée à participer au débat. Elle pense que son père, Han Junqing est une des victimes du prélèvement d’organes forcé chinois. Il est décédé en 2004, en détention à Pékin. À cette époque, Mme Han était encore en Chine, mais elle a fini par s’installer aux États-Unis en 2018.
La police a informé Mme Han que son père était mort d’une crise cardiaque. Mais elle en doute, car son père n’avait aucun de problème de santé avant d’être emprisonné. D’autre part, la police a mis plus de six mois avant d’autoriser la famille à voir le corps, ce qui n’a pas manqué d’éveiller les soupçons.
Sous la surveillance étroite des policiers, Mme Han et sa famille ont finalement pu voir le corps de M. Han Junqing. Ils ont été consternés par ce qu’ils ont vu.
« Mon père était allongé avec des bleus verts et violets sur tout le corps », a expliqué Mme Han. « Ce qui m’a le plus frappé, ce sont les points de suture épais au niveau de sa gorge. »
Les points de suture s’étendaient de la gorge à l’abdomen. Sa famille a alors pressé son abdomen et a découvert qu’il était rempli de « glace dure ».
« Mon oncle était furieux et a confronté la police sur ce qu’ils avaient fait à mon père. La police a simplement dit que c’était dû à une autopsie. Mais personne dans ma famille n’avait consenti à une autopsie, et la police a également refusé de communiquer le rapport d’autopsie. »
Cette histoire est douloureuse à chaque fois qu’elle doit la raconter, mais elle continuera à le faire.
« Je ne veux pas que la mort de mon père soit vaine alors que nous pouvons mettre fin aux prélèvements forcés d’organes en Chine. »
Crimes contre l’humanité
En 2019, un tribunal populaire indépendant, le China Tribunal (Tribunal de la Chine), a conclut après des audiences et une enquête que cette pratique se produisait « à une échelle significative » en Chine. Le Tribunal de la Chine a statué que ces actions équivalaient à des crimes contre l’humanité, les pratiquants de Falun Gong étant la principale source d’organes.
Larry Liu, directeur adjoint du gouvernement et du plaidoyer de l’organisation à but non lucratif, a déclaré que le département d’État américain pourrait contribuer à mettre fin à la persécution du Falun Gong en Chine.
« Nous encourageons le département d’État à envisager de désigner la persécution du Falun Gong comme un crime contre l’humanité ou un génocide », a déclaré M. Liu.
(Plus d’informations sur la persécution du Falun Gong sur le site français : faluninfo.net)
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