Résidents d’Ehpad privés de visite ou soignés à la va-vite, personnes handicapées victimes de violences sexuelles : le gouvernement a lancé lundi des « états généraux » devant déboucher à l’automne sur une stratégie de lutte contre les maltraitances des adultes vulnérables.
S’attaquer à ce problème revient à cesser de « mettre la poussière sous le tapis », mais sans pour autant « stigmatiser un secteur » ou « pointer du doigt certains professionnels », a souligné le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, en lançant ce processus à Paris.
Les personnes en situation de handicap, soumises à un risque élevé de maltraitances et autres violences, doivent pouvoir être défendues comme tous les autres citoyens, a souligné lors de la conférence de lancement Anne-Sarah Kertudo, responsable de Droit pluriel, une association d’aide juridique aux personnes handicapées. Elle a cité le cas d’une jeune femme handicapée violée à trois reprises par un homme dans un Esat (établissement ou service d’aide par le travail), mais dont la police n’a pas voulu prendre la plainte.
Quant aux résidents des maisons de retraite, ils sont encore trop souvent privés de visite en cas d’épidémie dans leur établissement, a dénoncé Sylvie Vollot, responsable d’un collectif de familles de résidents dans la Loire. En outre, les personnes âgées qui se plaignent, directement ou par l’intermédiaire de leur familles, subissent parfois des « pressions » ou des représailles de la part du personnel, a-t-elle dit. La maltraitance naît par ailleurs souvent du peu de temps accordé à chaque résident par un personnel débordé, a souligné Sylvie Vollot.
« Insuffisances ou manquements collectifs »
« Avant d’être individuelle, la maltraitance est organisationnelle », car relevant d' »insuffisances ou manquements collectifs », a affirmé le ministre. Deux groupes de travail devront se pencher sur le « repérage précoce des situations de maltraitances à domicile et l’orientation des victimes » ainsi que sur « la mobilisation des forces de l’ordre et de la justice pour mieux répondre, et surtout mieux prévenir les maltraitances », a-t-il ajouté.
Sur ce point, « l’urgence éthique se conjugue avec l’économique », a abondé dans un communiqué l’association AD-PA, qui regroupe des directeurs de services d’aide à domicile et d’Ehpad. L’association réclame un ratio minimal de soignants par résident. La question des moyens ne doit pas être « éludée », a répondu Jean-Christophe Combe, mais elle ne peut pas constituer la seule réponse pour « éradiquer toutes les maltraitances ».
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