Il a beaucoup été question ces derniers mois, à la suite de la COP21, de l’urgence climatique, et les grands de ce monde ont promis d’agir. Mais il se pourrait bien qu’ils se fassent damer le pion par de petites îles tropicales, riches en vent et en soleil, et qui ne se trouvent pas plombées par des centrales électriques dépassées qu’il faut continuer à exploiter. De petits pays qui figurent également parmi les plus vulnérables face aux changements climatiques.
Il n’est donc pas surprenant que sur les 15 États à ratifier totalement l’accord de Paris, le jour même de sa signature officielle à New York en avril 2016, 13 sont des îles tropicales.
Dans toute la Caraïbe, le développement d’un secteur énergétique durable est tout à fait remarquable. L’expertise croissante dans le domaine des renouvelables, du changement climatique ou de la résilience, de même que des travaux de recherche comme ceux conduits sur le secteur de l’énergie à la Barbade, démontrent la relative facilité avec laquelle ces petits États pourraient accomplir leur transition énergétique.
Des évolutions similaires s’observent ailleurs dans les tropiques, comme à Aruba, aux Seychelles, à l’île Maurice et dans les îles du Pacifique. Cette transition énergétique pourrait ne prendre que quelques années dans ces pays, quand le processus risque de prendre beaucoup plus de temps – des décennies – pour les pays industrialisés.
Durables sous le soleil
Dans les petites îles, le prix de l’électricité est en général très élevé. Si elles ne possèdent pas de réserves conséquentes de pétrole ou de charbon (ce qui est souvent le cas), elles doivent donc importer leur énergie et se retrouvent ainsi dépendantes de coûteuses et polluantes énergies fossiles. Ceci constitue un très lourd fardeau économique.
Mais les Caraibéens étant réputés pour leur optimisme, cette situation de dépendance énergétique pourrait bien les inciter à faire le saut en faveur d’un système énergétique 100 % renouvelable ; ceci constituerait une authentique prouesse étant donné que la plupart de ces États ne tirent leur énergie que des ressources fossiles.
Le système énergétique d’un pays comprend en général des centrales permettant d’assurer une production d’électricité continue (de base) et d’autres pouvant répondre aux fluctuations de consommation. La production de base n’est pas réactive, mais bon marché. Elle est assurée par des centrales nucléaires ou à charbon ainsi que des turbines à gaz à cycle combiné. Les centrales mobilisées pour les pics de consommation peuvent s’ajuster rapidement en fonction de la demande. Les centrales hydroélectriques, les turbines à gaz et les moteurs diesel à faible vitesse peuvent rendre de tels services.
Les petites îles produisent presque toute leur électricité de ces moteurs diesel à faible vitesse, qui peuvent tout à fait fonctionner comme soutien à la production non continue de l’électricité via l’éolien et le solaire, jusqu’à ce qu’une solution de stockage soit trouvée, grâce à des centrales hydro-électriques à réservoir, par exemple.
À l’inverse, les grands pays industriels sont tenus par leurs centrales nucléaires ou à charbon qu’ils vont devoir exploiter pendant des années. Les systèmes énergétiques des petites îles ont donc des avantages à la fois techniques et économiques.
La présence des alizés constitue une véritable aubaine pour de nombreuses petites îles. Durant son cycle de vie, un système photovoltaïque situé dans les tropiques pourra ainsi produire 50 % d’électricité en plus qu’un système identique installé en Europe ou en Amérique du Nord.
Les côtes de ces îles exposées aux vents sont, la plupart du temps, rurales et connaissent des régimes de vent très favorables ; loin des touristes, ces zones sont décrites par les experts de l’éolien comme de véritables plateformes offshore. L’installation d’éoliennes conçues pour alimenter le réseau public dans ces régions pourrait également redynamiser un secteur agricole qui souffre de la baisse des exportations du sucre de cane.
L’électricité ne constitue, bien sûr, qu’une partie des besoins énergétiques d’un pays. Sur les petites îles, 50 % de l’énergie peut être nécessaire aux transports, mais ces pays ont aussi une carte à jouer dans le domaine de la mobilité électrique.
Compte tenu des prix très élevés à la pompe – tout le pétrole étant importé – et de la relative petitesse des trajets sur ces îles, les conditions sont donc idéales pour une flotte de véhicules électriques. À la Barbade, 4 % des ventes de véhicules neufs concernent désormais l’électrique – une part il est vrai encore modeste, mais déjà bien supérieure à ce que l’on observe aux États-Unis, en Chine ou en France.
Les petites îles possèdent, on l’a vu, un véritable potentiel pour passer aux énergies renouvelables. La Barbade, l’un des premiers États à ratifier l’accord de Paris, célébrera bientôt le cinquantenaire de son indépendance. Et quelle meilleure façon de fêter cet anniversaire que d’établir un plan pour une énergie 100 % renouvelable, garantissant son autonomie énergétique ?
Tom Rogers, Lecturer in clean energy systems, The University of the West Indies, Barbados
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.
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