L’agence de notation Fitch estime mardi que les objectifs de réduction du déficit du gouvernement français sont « peu ambitieux » et « de plus en plus hors de portée », sans pour autant sembler annoncer une nouvelle dégradation de la note souveraine de la France.
Dans ce commentaire, Fitch, qui avait abaissé de AA à AA- avec perspective stable la note française en avril 2023 – notation confirmée en octobre – estime en effet que « toute autre action de notation négative dépendrait d’une nouvelle aggravation importante de l’endettement public, ce que nous considérons comme improbable ». Fitch doit publier sa nouvelle évaluation de la France le 26 avril.
L’agence rappelle néanmoins que le déficit public de la France s’est établi à 5,5% du PIB en 2025, « dépassant largement » les estimations du gouvernement (4,9%) et celle de l’agence elle-même (4,9% en octobre).
Elle note cependant que, « malgré un déficit plus important que prévu, le ratio de la dette publique a légèrement diminué, passant de 111,9% du PIB en 2022 à 110,6% » l’an dernier, « reflétant une croissance nominale du PIB solide ».
Selon Fitch, ce niveau, « le deuxième plus élevé des États souverains de la catégorie AA », devrait « augmenter progressivement pour atteindre près de 113% du PIB d’ici à la fin de 2025 ».
L’agence relève que le plan budgétaire à moyen terme du gouvernement « vise à assainir lentement les finances publiques, l’objectif étant de se conformer au critère de déficit de 3% du PIB de l’UE d’ici 2027 seulement et de parvenir à un budget équilibré d’ici 2032 ». Mais « même ces objectifs peu ambitieux semblent de plus en plus hors de portée », souligne-t-elle.
Elle estime que « le déficit se réduira plus lentement que dans les projections de décembre du gouvernement et les nôtres ». En mars, rappelle-t-elle, nous avons relevé nos prévisions de déficit pour 2024 à 5,1% du PIB (au lieu de 4,6%) et celles pour 2025 à 4,4% (au lieu de 4,2%), en prévision de résultats budgétaires plus faibles pour 2023. Fitch a aussi abaissé de 1% à 0,8% sa prévision de croissance du PIB français en 2024, contre 1% anticipé par le gouvernement.
L’agence estime que le dérapage de 2023 « met en évidence les difficultés auxquelles le gouvernement français est confronté dans un contexte de faible croissance économique et d’un environnement politique intérieur difficile ».
« Des mesures budgétaires supplémentaires » nécessaires
Elle estime qu’outre les 10 milliards d’euros « d’économies d’urgence » annoncées en février pour 2024, « des mesures budgétaires supplémentaires seraient probablement nécessaires pour respecter les objectifs du gouvernement de 4,4% en 2024 et de ramener le déficit à 2,7% d’ici 2027 ».
Pour elle, « la situation politique intérieure reste délicate ». Elle rappelle que le Président Emmanuel Macron « ne dispose pas de la majorité absolue au parlement » dans ce quinquennat, et que son gouvernement « a dû s’appuyer sur l’article 49.3 de la Constitution » à de nombreuses reprises pour faire passer sans vote les budgets précédents ou la réforme des retraites l’année dernière.
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