Audace, rupture et démesure : l’artiste multi-facettes américain Pharrell Williams amène Louis Vuitton, la plus grande maison de luxe au monde, dans une autre dimension avec son premier défilé mardi soir à Paris, d’ores et déjà considéré comme historique.
Les premiers éléments de cette collection masculine conçue par l’auteur du tube planétaire « Happy » donnent le ton et surprennent : c’est une femme, Rihanna, enceinte et portant de multiples sacs colorés, qui en est le visage. Dans un calendrier de la Fashion week où les créneaux des grandes marques ne bougent quasiment jamais, Vuitton défile au premier jour, réservé à la jeune création, très tard et sur le pont Neuf, où les invités seront amenés en bateau !
La circulation sera bloquée sur les quais depuis Concorde jusqu’au pont Neuf à partir du milieu d’après-midi en vue du défilé prévu à 21h30 (19h30 GMT), a indiqué une source policière à l’AFP. « C’est un évènement à ‘vivre’. Les invités risquent d’être surpris, voire choqués même si ce n’est pas le but premier », a déclaré Pharrell Williams dans un entretien mardi au Figaro, réalisé il y a deux semaines.
Un tournant dans l’histoire de la mode
L’invitation en forme de vitrail représentant le soleil couchant sur le pont Neuf semble annoncer la couleur de la collection : le jaune. Sur son compte Instagram, suivi par près de 15 millions d’abonnés, un cercle jaune tient lieu de photo de profil pour Pharrell.
« On peut s’attendre à un succès commercial, c’est une des collections les plus attendues de la Fashion week et c’est vraiment un moment très marquant pour l’histoire de la mode », déclare à l’AFP Alexandre Samson, responsable des départements haute couture et création contemporaine du palais Galliera, le musée parisien de la mode.
DJ, chanteur, auteur-compositeur, producteur qui a par le passé réalisé plusieurs collaborations : c’est un profil « emblématique pour Vuitton. Il a une approche de l’art et du style extrêmement populaire. C’est une marque de style, d’air du temps, et Pharrell Williams s’y incarnerait bien », ajoute Alexandre Samson.
Ce choix « audacieux » du directeur artistique est « cohérent avec l’idée du PDG de LVMH, Bernard Arnault, selon laquelle Louis Vuitton vend de la culture et pas que des sacs à main », estime la banque HSBC dans une note d’analyste. Même si la mode masculine ne représente que 5% des ventes de la maison, qui ont dépassé 21 milliards d’euros au premier trimestre, « un effet de halo pourrait résonner » sur les autres activités, selon la même source.
Un avant-gardiste
Pharrell, 50 ans, « a un profil hors normes, quelque chose de très cool » qui « s’inspire d’univers différents et n’a pas peur de sortir de sa zone de confort », déclare à l’AFP Pierre-Alexandre M’Pelé, directeur éditorial de GQ France. « Il a toujours été en avant des tendances vestimentaires, en termes de musique aussi, et respecté pour cela (…) Ce serait intéressant de voir comment il va utiliser son flair pour des projets artistiques innovants », ajoute-t-il, en s’attendant dès le premier défilé à « une association entre lui et un univers qui ne serait pas celui de Vuitton ».
L’une de ses premières collaborations les plus importantes date de 2005 lorsqu’il a imaginé des lunettes de soleil pour… Vuitton. Pharrell a collaboré également avec Chanel, Moncler ou Tiffany. « Il est une sorte de caméléon, une égérie avec d’autres qualités qui étaient demandées au directeur artistique avant. Ces nouveaux personnages portent une marque et pas un métier », souligne Pascaline Wilhelm, consultante mode et textile. « Chez Louis Vuitton, l’échec n’est pas une option. Alors je travaille jour et nuit pour montrer que je suis à la hauteur de cette mission », souligne le créateur dans Le Figaro.
Il a pour l’épauler les ateliers très solides qui ont produit seuls les collections masculines après la mort brutale en novembre 2021 de Virgil Abloh, devenu star des « millennials » pour avoir habilement marié luxe et streetwear. Les shows sont devenus de plus en plus spectaculaires, à l’instar du dernier défilé Vuitton homme, enflammé par la superstar de la pop Rosalia et mis en scène par les cinéastes Michel et Olivier Gondry, qui ont presque volé la vedette aux vêtements.
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