Philippe Karsenty : « Donald Trump est une bouffée d’air frais dans un univers politique sclérosé »

Par Etienne Fauchaire
1 novembre 2024 13:39 Mis à jour: 1 novembre 2024 14:41

ENTRETIEN – À l’approche du scrutin présidentiel du 5 novembre, Donald Trump continue de redoubler d’ingéniosité face à sa rivale démocrate. Après s’être mis en scène servant des frites chez McDonald’s pour dénoncer un « mensonge » de Kamala Harris, qui a affirmé à plusieurs reprises avoir travaillé pour la célèbre enseigne, le voilà apparaissant mercredi à bord d’un camion poubelle grimé en éboueur en vue de répondre, cette fois-ci, à Joe Biden, qui a qualifié ses électeurs de « déchets ». Philippe Karsenty, porte-parole de Republicans in France, groupe ami de Republicans Overseas, analyse la campagne électorale du candidat républicain et expose les raisons faisant de lui, à ses yeux, le meilleur prétendant à la présidence des États-Unis.

Epoch Times : Donald Trump à la friteuse chez McDo, puis en tenue d’éboueur à bord d’un camion poubelle. Que vous inspirent ces dernières images de campagne ?

Philippe Karsenty : Que Donald Trump est tout simplement génial, qu’il est une bouffée d’air frais dans un univers politique convenu et sclérosé, tant en Europe qu’aux Etats-Unis.

Pour peu que l’on s’éloigne de la propagande des médias dominants, sa dynamique est enthousiasmante. Contrairement à ce que l’on a essayé de nous faire croire, la joie, la créativité et l’innovation sont bien du côté des républicains.

D’ailleurs, que retenir de la campagne de Kamala Harris si ce n’est une candidate lisant son prompteur entre deux ricanements ? Ceux qui en doutent doivent absolument aller l’écouter en VO sur Youtube : c’est affligeant !

En revanche, Donald Trump fait preuve d’intelligence, de courage physique et de capacité d’adaptation, étant même en mesure de retourner les situations les plus difficiles.

Sa campagne peut se résumer à ses quatre photos mises côte à côte : « mugshot », « Fight, Fight, Fight » où il apparait poing levé et visage en sang après sa tentative d’assassinat, son service chez McDonald’s et enfin, son nouveau job d’éboueur.

Notons que tout milliardaire qu’il est, il a réussi à se glisser dans la peau d’un employé de McDonald’s et d’éboueur sans jamais paraitre emprunté.

Donald Trump face à Kamala Harris, c’est l’authenticité face au « fake », à une candidate artificiellement montée par les médias.

Le grand meeting de campagne organisé le 27 octobre par Donald Trump en plein cœur de New York, à Madison Square Garden, ne cesse de faire couler de l’encre. Certains médias progressistes américains et démocrates allant jusqu’à établir une comparaison avec un rassemblement « nazi ». Quel bilan avez-vous tiré de cet évènement et que vous inspire cette comparaison ?

Ce genre de meeting dans lequel s’expriment des personnes dépourvues de la discipline d’un candidat en campagne à seulement quelques jours d’une élection, ne m’inspire guère d’enthousiasme, puisque cela peut conduire à des débordements.

Cela étant dit, les comparaisons à l’emporte-pièce avec Hitler deviennent un poncif lassant. De George Bush à Mitt Romney, en passant par John McCain et même Ronald Reagan, tous les candidats républicains ont été comparés à Hitler. Sans surprise, Donald Trump est également victime de la reductio ad hitlerum.

À l’approche du 5 novembre, les attaques des démocrates contre Donald Trump s’intensifient en recourant à cette stratégie désormais éculée, qui n’en reste pas moins dangereuse. Je rappelle que le candidat républicain a été à deux reprises la cible d’une tentative d’assassinat : si Trump est vraiment Hitler, cela peut donner à certains un motif légitime de l’abattre !

Et pourtant, paradoxalement dans cette campagne, ce sont les nazis des temps modernes – le Hamas, le Hezbollah, l’Iran – qui préfèrent Kamala Harris à son adversaire. Alors qu’on trouve dans les meetings de Trump des Noirs, des Latinos, des Juifs, alors qu’il a été l’un des présidents les plus favorables à Israël, comme le démontrent les accords d’Abraham et le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, c’est lui qu’on compare à Hitler ! Absurde !

Cette diabolisation du candidat est rendue possible grâce à des manipulations médiatiques, notamment en France. Par exemple, le mot « déportation » est souvent utilisé pour traduire en anglais le mot « deportation », qui signifie en réalité « expulsion ». Encore une reductio ad hitlerum. Cette traduction erronée et très fortement connotée en français des propos de Donald Trump a pour objectif de créer une image volontairement déformée et conforme au portrait d’un dictateur fasciste que nos médias veulent imposer à l’opinion publique française.

Quelles sont selon vous les raisons principales pour lesquelles les Américains devraient glisser dans l’urne un bulletin en faveur de Donald Trump plutôt que de Kamala Harris ?

Pour répondre à cette question, il suffit de comparer le bilan de Donald Trump à celui de l’administration Biden-Harris. Sur le plan économique, l’ère Trump se caractérisait par un pouvoir d’achat supérieur, une inflation contenue, des taux d’intérêt faibles, et une réelle possibilité pour les Américains d’accéder à la propriété. En matière de politique intérieure, la situation sécuritaire était maitrisée, avec une immigration – en particulier clandestine – bien mieux régulée.

Sur la scène internationale, les différences de bilan sont encore plus marquées. La politique étrangère de Trump est à l’origine des accords d’Abraham, qui ont normalisé les relations diplomatiques entre Israël et plusieurs pays arabes. La région du Proche-Orient était stable, l’Iran contenu, et les financements de groupes terroristes empêchés. Alors que la Crimée a été annexée sous Barack Obama et l’Ukraine envahie sous Joe Biden, Moscou, de son côté, n’a pas bougé d’un millimètre sous Donald Trump.

Sous Biden, le retrait chaotique d’Afghanistan, qui a laissé 40 milliards de dollars d’équipements militaires sur place aux Talibans, a renvoyé l’image au monde entier d’une Amérique affaiblie. Six mois plus tard, la Russie envahissait son voisin. De leur côté, le Hamas, le Hezbollah et les Houthis, soutenus et financés par l’Iran, se sont sentis libres de pouvoir attaquer l’allié stratégique israélien.

On se souvient en avril dernier de Joe Biden lançant à l’adresse de l’Iran son fameux « Don’t » en guise de message d’avertissement face à une possible velléité d’attaque contre Israël.  Depuis, l’Iran a mené deux frappes de missiles contre l’État juif…

Donald Trump a plusieurs fois mis en garde contre le péril d’une guerre mondiale s’il n’était pas élu ce 5 novembre. Est-une éventualité plausible selon vous ? 

Le monde traverse une grande période d’incertitudes marquée par le conflit au Proche-Orient et la guerre en Ukraine, mais aussi avec la Chine qui se montre de plus en plus menaçante envers Taïwan. Pourtant, je ne crois pas que nous faisons face à un risque de guerre mondiale.

Imaginons Kamala Harris face à des dirigeants comme Xi Jinping, Poutine ou Erdogan — elle manquerait du niveau intellectuel et de la force de caractère nécessaires pour leur tenir tête. Le vrai risque qui nous guette en cas d’élection de Kamala Harris n’est donc pas celui d’un conflit mondial, mais d’une capitulation du monde libre.

Et si, pour une raison quelconque, Kamala Harris ne pouvait plus remplir ses fonctions, elle serait remplacée par Tim Walz, l’homme qui s’est récemment qualifié lui-même de « knucklehead » — autrement dit, un « imbécile ». Que quelqu’un d’aussi vide que lui soit à un battement de cœur de la présidence des États-Unis est pour le moins préoccupant.

À l’inverse, l’équipe Trump se distingue par la présence de personnalités de premier plan, comme Elon Musk, JD Vance, Vivek Ramaswamy, Tulsi Gabbard et Robert Kennedy Jr., un groupe prêt à relever les défis mondiaux avec force et détermination.

Elon Musk juge que la victoire de Kamala Harris conduirait à de graves atteintes à la liberté d’expression une fois qu’elle serait en poste à la Maison-Blanche. Lors d’une prise de parole au World Economic Forum fin septembre, l’ancien secrétaire d’État de Barack Obama John Kerry n’a pas caché son souhait de voir modifier le premier amendement de la Constitution pour lutter contre la « désinformation ». Partagez-vous les craintes du patron de X ?

Je suis convaincu que la démocratie américaine est suffisamment robuste pour résister, grâce à ses contre-pouvoirs : les démocrates ne parviendront sans doute pas à attenter au premier amendement de la Constitution américaine.

En réalité, la liberté d’expression est déjà attaquée aux Etats-Unis sous l’impulsion du wokisme, qui impose, sans même nécessiter des interventions légales, une autocensure, une manière de parler et de se comporter sur les sujets liés au genre, à la race, ou encore à l’écologie.

Nous observons d’ailleurs le même phénomène en France. Par exemple, interrogé récemment par France Télévisions sur les inondations qui ont frappé les États-Unis, j’ai remis en question l’origine anthropique du réchauffement climatique, ce qui a conduit à des signalements à l’Arcom, à des demandes de sanctions pénales contre moi, ce qui a conduit à ma mise à l’écart de leur plateau pendant un mois.

Une particularité américaine : le débat sur la nécessité de contrôler l’identité des électeurs lors du vote. Selon un sondage Gallup, 84 % des Américains, qu’ils soient démocrates ou républicains, souhaitent que cette mesure soit systématiquement appliquée lors des élections. Quelle analyse faites-vous de la persistance des démocrates à refuser cette simple formalité qui pourrait pourtant dissiper les soupçons autour de l’intégrité des scrutins ?

En Californie, le gouverneur Gavin Newsom est allé jusqu’à entériner une loi interdisant aux autorités locales de l’État de demander une pièce d’identité au moment du vote. C’est absolument scandaleux. On réclame une pièce d’identité pour acheter de l’alcool, mais on interdit le contrôle d’identité le jour d’une élection.

Et on autorise aussi le vote par correspondance. À titre de comparaison, la France a interdit ce mode de scrutin en 1974 précisément à cause des fraudes. On se souvient des manipulations dans les bureaux de vote – notamment à Paris à l’époque de Jacques Chirac et Jean Tiberi, en Corse et dans certaines villes du sud de la France – où des bulletins de vote étaient retrouvés dans les chaussettes.

On peut donc imaginer, en cas de résultat serré, le potentiel chaos dans un grand pays comme les États-Unis, où le vote anticipé par correspondance est autorisé et où les bulletins de vote sont ensuite envoyés par la poste ou déposés dans des urnes installées dans des lieux publics…

À mes yeux, le vote doit être un acte solennel, effectué en personne à l’urne, avec vérification de l’identité. Que le Parti démocrate se soit opposé aux républicains qui veulent imposer le contrôle d’identité des électeurs signifie qu’il y a peut-être de leur part une intention de frauder.

Le Washington Post a annoncé dimanche dernier qu’ils ne prendraient pas parti entre Kamala Harris et Donald Trump. Une première en 36 ans. Comment interprétez-vous cette décision ?

La presse et les élites autoproclamées américaines sont prêtes à appeler à voter pour n’importe quel candidat dès lors qu’il ne s’agit pas de Donald Trump. La joie initiale qui nous a été vendue au début de la campagne de Kamala Harris tenait donc principalement au fait que celle-ci n’était tout simplement pas Donald Trump.

Cependant, face à la faiblesse intellectuelle et à la vacuité flagrante de la candidate démocrate, certains médias, comme le Washington Post, mais aussi le LA Times et USA Today, ont naturellement préféré prendre leurs distances face à ce potentiel désastre que serait une présidence Harris-Walz.

Selon les sondages, les deux candidats seraient au coude à coude, mais je n’y crois pas. Je pense que Donald Trump est en réalité largement en avance, porté par une puissante dynamique qui l’amènera à sûrement remporter les sept États clés, et peut-être même le New Hampshire et la Virginie.

Sur la chaîne d’information MSNBC, le consultant Dan Nathan a fait valoir que les médias traditionnels ne disposent plus de l’influence et du prestige d’autrefois. En 24 h, l’interview de Donald Trump chez Joe Rogan avait atteint près de 30 millions de vues. La manière traditionnelle de faire de la politique est-elle en passe d’être révolue ?

Sans aucun doute. L’émergence des réseaux sociaux et la percée de nouveaux médias – comme par exemple Epoch Times – a éveillé l’esprit critique du grand public et révélé les biais des médias traditionnels, suscitant une méfiance à leur égard.

Sans ces plateformes, de nombreux scandales n’auraient pu sortir au grand jour, puisque les médias dominants s’efforcent de filtrer et censurer des informations susceptibles de déranger les personnes qu’ils souhaitent favoriser. L’avantage de ces nouveaux moyens de s’informer tient à ce qu’ils permettent de s’affranchir de cet intermédiaire de plus en plus désuet, de permettre au public de développer son esprit critique et d’accéder à de nouvelles sources d’informations désormais bien plus populaires.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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