Plaquée sur un mur à l’entrée du village, une immense photo montre une femme afghane maquillée, fumant une cigarette au volant d’une voiture: pour sa 19e édition, le festival photo de La Gacilly en France met l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan à l’honneur.
« Demander à ces femmes de poser pour moi a été un défi », raconte l’auteur du cliché, la photographe afghane Fatimah Hossaini, 28 ans, réfugiée en France après la chute de Kaboul aux mains des talibans l’été dernier.
« Montrer la résilience, l’espoir et la beauté »
Burqa relevée, yeux maquillés, cigarette à la main, la jeune femme pose au volant de sa voiture, une véritable provocation pour le nouveau régime.
« J’ai voulu montrer la résilience et l’espoir et la beauté que je pouvais trouver en Afghanistan », explique la photographe qui fait la part belle aux femmes, voilées ou pas, dans son exposition. « La situation des femmes afghanes est incroyable, j’espère que les femmes en Afghanistan et dans le monde vont garder la tête haute ».
L’Afghanistan est l’un des trois pays, avec l’Iran et le Pakistan, mis à l’honneur par celui qui se revendique le plus grand festival de photo en plein air de France, installé depuis près de deux décennies dans les ruelles et venelles du pittoresque village de La Gacilly, dans l’Ouest de la France entre Rennes et Vannes.
Trois pays qui, outre la splendeur envoûtante de leurs paysages, partagent quelques traits: « des régimes assez oppressants et des droits des femmes pas très respectés », selon Cyril Drouhet, commissaire des expositions.
Talons hauts sous la burqa
Afghanistan encore avec les « Éclats de paix » de Véronique de Viguerie, lauréate des plus prestigieuses récompenses de la profession et spécialiste de ce pays. Entre des clichés de visages d’enfants ou de talons hauts sous la burqa, une image d’apparence anodine, mais rare dans ce pays: un moment de tendresse entre un nomade pachtoune et son épouse, tout sourire, qu’il embrasse en la tenant par l’épaule.
« Je suis très triste d’assister, impuissante, au recul d’un pays pour lequel on a eu tant d’espoirs », commente la reporter.
Triste et inconsolable également, le photographe afghan de l’AFP Wakil Kohsar -l’agence internationale est partenaire du Festival- lorsqu’il évoque la mort dans un attentat suicide en 2018 de son ancien collègue Shah Marai.
Entre photos de la chute de Kaboul et hommage à la beauté d’un peuple et d’un pays, le Festival expose des dizaines de clichés des deux reporters de l’AFP.
Comme chaque année, La Gacilly accorde une place particulière à un grand nom de la photo. Cette année, c’est au tour d’une « légende » iranienne: Abbas (Attar), ex-journaliste à l’agence Magnum. Le festival lui consacre la première rétrospective de son œuvre depuis sa mort en 2018, dans l’un des écrins de verdure qui jalonnent le parcours.
Célébrer la Terre, ses relations et interactions avec l’homme
Sans surprise, cette 19e édition réserve plus de la moitié de ses galeries à ce qui fait son ADN: célébrer la Terre, ses relations et interactions avec l’homme, la nécessité de la préserver.
Des paysages grandioses des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) par Mélanie Wenger, aux tenues ubuesques et vaguement inquiétantes de l’« Homo détritus » de Stephan Gladieu en RDCongo, en passant par la pollution au charbon en Inde presque palpable des photos de Money Sharma (AFP New Delhi), la beauté fragile d’une nature malmenée interpelle et bouleverse.
Mais La Gacilly se veut d’abord un « hymne à la Terre et un hymne à la vie ». « On veut que les gens repartent avec un peu d’espoir! », explique le président du festival Auguste Coudray.
Comme l’an dernier, le festival, gratuit, espère accueillir plus de 300.000 visiteurs d’ici fin septembre.
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