Sur cette photographie saisissante, un père crocodile nage dans une rivière en Inde, transportant sur son dos quelque chose d’extraordinaire.
Sa cargaison ? Des bébés crocodiles, par dizaines. Regardez bien. Pouvez-vous tous les compter ?
Plus de 100 minuscules queues et têtes écailleuses grouillent au-dessus de leur père, couvrant littéralement la totalité de son large dos alors qu’il nage dans la rivière.
La rivière est située dans le Sanctuaire national Chambal, dans le nord de l’Inde. Cette extraordinaire photo de reptiles a été prise par le photographe et défenseur de l’environnement Dhritiman Mukherjee, qui passe au moins 280 jours par an sur le terrain où il vit de nombreux moments intenses et spectaculaires dans le nord de l’Inde et au-delà.
M. Mukherjee utilise son merveilleux talent de photographe pour faire avancer la cause de la conservation de la faune et de la flore. La capacité de M. Mukherjee à immortaliser ce moment spécial par cette extraordinaire photo de crocodile représentant un père portant ses enfants d’un mois sur son dos est d’autant plus intrigante lorsque l’on considère que le gavial du Gange, un crocodile d’eau douce originaire du nord de l’Inde, est une espèce en danger critique d’extinction.
Il y a plusieurs décennies, on comptait quelque 20 000 spécimens comme ce père, vivant à l’état sauvage. En raison de la perte d’habitat et de l’épuisement des ressources, depuis les années 1930, leur nombre est tombé à environ 1 000 individus aujourd’hui.
Les gavials du Gange vivent dans toute l’Asie du Sud. Mais les deux tiers de leur population se trouvent dans le sanctuaire de l’Uttar Pradesh, dans le nord de l’Inde.
L’incroyable photographie prise par M. Mukherjeea a récemment été nommée sur la liste très appréciée du prestigieux concours Wildlife Photographer of the Year organisé par le Natural History Museum de Londres, (qui s’est tenu en ligne en raison du confinement). Et elle a suscité beaucoup d’enthousiasme, car il s’agit en effet d’une vue rare et significative.
Heureusement, le photographe est resté à une distance qui le gardait en sécurité et a pu capturer ce moment magique.
M. Mukherjee a dit à la BBC : « Ce mâle s’était accouplé avec sept ou huit femelles, et vous pouvez voir qu’il était très impliqué. »
« Normalement, le gavial est un crocodile assez timide par rapport aux crocodiles d’eau salée et des marais. Mais celui-ci était très protecteur et si je m’approchais trop près, il me chargeait. Il pouvait être très agressif. »
Ce crocodile exotique diffère des autres espèces de crocodiles – comme les crocodiles du Nil et les crocodiles d’eau salée que l’on trouve en Afrique et en Australie – en ce que le gavial a un museau étroit avec un renflement distinct à l’extrémité.
Selon Patrick Campbell, conservateur en chef du musée d’histoire naturelle de Londres, cette particularité a son utilité. « C’est une structure qui permet d’amplifier les sons vocaux », dit-il.
Et comme vous pouvez le voir sur la photo de M. Mukherjee, il manipule ses petits d’une manière particulière – sur son dos ; toutes les espèces de crocodiles ne transportent pas leurs petits de cette manière.
Les crocodiles utilisent normalement leur gueule pour transporter leur progéniture. Cependant, selon Patrick Campbell, le conservateur principal des reptiles au Musée d’histoire naturelle, la forme du museau du gavial rend cela impossible. Alors, ils recourent à d’autres moyens, comme les laisser s’agripper à leur tête et à leur dos, pour se déplacer en assurant leur protection.
Le nom gavial, ou gharial en anglais, vient du mot hindi « ghara », qui est une sorte de pot en terre cuite. Cette espèce fascinante est l’un des plus grands crocodiles vivants aujourd’hui.
Leur déclin, à partir des années 1930, a été principalement précipité par les nombreux barrages construits et le trafic fluvial qui ont détruit leur habitat naturel, et par l’extraction de sable et le déblaiement des rochers qui ont endommagé leur environnement de nidification, selon la BBC. Et il y a également le risque permanent de s’emmêler dans les filets de pêche.
Cependant, depuis les années 80, l’Inde et le Pakistan ont mis en place des programmes d’élevage en captivité. La photographie prise par M. Mukherjee est un signe d’espoir pour l’avenir de l’espèce, tous ces petits ayant la possibilité de grandir, de mûrir et de s’accoupler, et reproduire de nombreux autres gavials du Gange.
M. Mukherjee espère que sa passion pour la photographie provoquera une prise de conscience des gens à renouer avec la nécessité de la défense, du maintien et de la conservation de la faune sauvage.
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