Un photographe sous-marin capture d’étranges pieuvres transparentes dans des eaux sombres où le soleil ne brille jamais

Par E. S. Armstrong
16 mai 2022 23:01 Mis à jour: 16 mai 2022 23:01

Entouré d’eau noire dans toutes les directions, le plongeur photographe Wu Yung‑sen se trouve momentanément dans les limbes, sans terre ni ciel pour se situer. Pourtant, ce vide sombre et effrayant est plein de vie. Yung‑sen appelle cet endroit « l’ultime frontière du plongeur », son domaine artistique de prédilection.

Les photographies exotiques de Yung‑sen, qui illustrent la vie sauvage et étrange des grands fonds marins, l’emmènent dans des lieux obscurs et nous permettent de pénétrer dans le monde sans soleil de l’océan. Il y rencontre des requins aux yeux de verre, des pieuvres transparentes et des méduses vaporeuses. Des bancs de filaments et des anguilles hélicoïdales ont élu domicile ici, bien qu’on les voie rarement à la surface de l’eau. Yung‑sen dévoile tous ces trésors sous‑marins à travers son objectif.

(Avec l’aimable autorisation de Wu Yung-sen)
(Avec l’aimable autorisation de Wu Yung-sen)

Ce Taïwanais de 46 ans résidant à Ho Chi Minh‑Ville, au Vietnam, ne fait jamais de photographies sur terre. Il capture toutes ses images sur ou sous l’eau. Tout a commencé par un désir de partager ses explorations sous‑marines avec sa famille. Voilà bien des années que ce photographe autodidacte a acheté son premier appareil photo pour capturer des images sous l’eau. Il souhaitait montrer ce qu’il voyait, mais il n’avait alors aucune expérience de la photographie sous‑marine.

Dix ans de pratique ont transformé ce débutant balbutiant en un professionnel. En 2015, Yung‑sen a porté son travail à un nouveau niveau en essayant la plongée en eaux noires – essentiellement la plongée en pleine mer et la photographie dans des eaux trop profondes pour en voir le fond. Au moyen de lumière, on peut attirer les créatures sous‑marines, ce qui a présenté à Yung‑sen des territoires de choix à explorer.

« Le but est d’explorer un nouveau monde inconnu, de trouver la vie et de nouvelles espèces dans cette vaste mer, et de montrer le côté peu connu des créatures », explique‑t‑il.

(Avec l’aimable autorisation de Wu Yung-sen)
(Avec l’aimable autorisation de Wu Yung-sen)

Selon Yung‑sen, prendre des photos en eaux sombres nécessite quatre choses : une flottabilité neutre, qui permet au plongeur de se déplacer latéralement sans couler ou remonter, un centre de plongée expérimenté, un équipement fiable, qui comprend des lumières adaptées, et enfin (et surtout) « l’attente ».

La majorité de ses photographies n’ont été rendues possibles qu’avec cette dernière condition requise – et de l’observation.

« La plupart de mes prises de vue sont basées sur le ratio suivant : 9/10e du temps pour observer et 1/10e du temps pour photographier. »

Le temps passé à observer est récompensé par la rencontre, quand elle se produit enfin, et Yung‑sen est capable de « saisir le comportement » de la créature qu’il capture.

« En général, la photographie naturelle est plutôt terne », dit‑il. « Comment prendre une photo que tout le monde peut comprendre, c’est le plus important pour moi. En tant que plongeur, ces créatures marines, je les connais très bien. Comment faire en sorte que le grand public, qui n’a jamais été dans ces eaux, comprenne cette photo ? C’est le vrai problème de la photographie sous‑marine. »

(Avec l’aimable autorisation de Wu Yung-sen)
(Avec l’aimable autorisation de Wu Yung-sen)

Pour atteindre cet objectif, ses clichés sous‑marins dépassent la perception bidimensionnelle.

« En utilisant un appareil photo normal (avec un boîtier étanche spécial) et un flash sous‑marin pour prendre des photos, il faut non seulement savoir comment prendre des photos, mais aussi être capable de plonger, puis avoir une certaine capacité à se protéger et une connaissance générale de la vie marine. »

« À proprement parler, c’est la somme de toutes ces expériences qui entre en jeu, il ne s’agit donc pas d’utiliser une seule compétence. »

Il est également essentiel de bien connaître son équipement, en particulier pour la plongée. Yung‑sen utilise un appareil photo SONY A1 et différents objectifs : un FE 14 mm f/1.8 GM, un FE 12‑24mm F2.8 GM et un FE 90 mm f/2.8 Macro G OSS.

(Avec l’aimable autorisation de Wu Yung-sen)

« Ce n’est que lorsque vous êtes en sécurité que vous pouvez vous concentrer sur la prise de vue, donc l’équipement est la clé de voûte. »

Au‑delà des compétences et des bons instruments, une certaine conscience de l’espace contribue à la réussite d’une prise de vue. Avant d’appuyer sur le déclencheur, Yung‑sen essaie d’envisager la photo telle que vue par une tierce personne. En photographie sous‑marine, le résultat est toujours en mouvement.

« Ce qui m’attire le plus, c’est l’évolution constante de l’écosystème sous‑marin », explique‑t‑il. « En raison des différentes époques, un même endroit peut présenter de nombreuses scènes différentes. »

Si les profondeurs envoûtent actuellement Yung‑sen, il a également pris de nombreuses photos incroyables dans les eaux ensoleillées proches de la terre. Ses photos « les plus inoubliables » sont celles du mérou goliath, un poisson plus grand que lui, à Cuba en 2019.

(Avec l’aimable autorisation de Wu Yung-sen)

« Il a pris l’initiative de s’approcher de moi et voulait être très proche de moi. J’ai eu très peur sur le moment, car j’avais vu des mérous manger des requins. »

D’autres photos étonnantes montrent des saumons migrateurs dans des rivières à 6°C du Canada et des crocodiles américains sauvages et agressifs, que Yung‑sen a pris photo en 2018. L’aventure est sans fin. Et il semble que le travail le soit aussi.

Actuellement, Yung‑sen est occupé à photographier pour des entreprises qui le parrainent, de grands centres de plongée, et envoie ses photos à des magazines de photographie professionnelle. Il prodigue aussi des enseignements sur la photographie en faisant des conférences.

(Avec l’aimable autorisation de Wu Yung-sen)

S’il passe habituellement la plupart de son temps à photographier loin de Taïwan, les choses ont été différentes cette année. Ces derniers temps, grâce à la « bénédiction de Dieu », il a passé son temps à photographier tous les océans de Taïwan, en particulier au large de l’île Orchid.

« Taïwan est un de ces pays qui fonctionnait sans problèmes. Mes amis m’enviaient tellement  de pouvoir encore faire des photos sous la mer normalement. »

Ses projets de photographie à l’étranger ont été suspendus cette année en raison de la pandémie, mais Yung‑sen espère que les choses reviendront à la normale l’année prochaine, impatient de retrouver les lointaines étendues des mers profondes et sombres.

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