Hervé Brunelle est l’un des derniers embauchoiristes d’Europe et il travaille pour des clients du monde entier. Il fabrique des embauchoirs, des pièces en bois « sur mesure », destinées à empêcher les chaussures de se déformer.
Encore un beau métier pour tous les amoureux du travail du bois!
Ébéniste, menuisier, charpentier, on connaît, mais le bois constitue aussi la base d’accessoires liés à l’habillement, et plus précisément aux chaussures. Depuis 18 ans, Hervé Brunelle exerce le métier passionnant d’embauchoiriste à Troësnes, en Picardie.
De cordonnier à embauchoiriste
Né en 1963 à Château-Thierry (Aisne), le jeune Hervé exerce d’abord le métier d’ouvrier agricole, avant qu’un accident le conduise vers le monde de la chaussure. En effet, ne trouvant pas de chaussures orthopédiques convenables, le jeune homme se passionne alors pour le métier de cordonnier et rejoint même les Compagnons du Devoir, rapporte France3 Hauts-de-France.
Il parcourt alors la France pendant une quinzaine d’années avant de revenir dans sa région natale. A Troësnes, près de Villers-Cotterêts dans l’Aisne, il s’installe dans une petite ferme en 2004 et va se spécialiser dans l’embauchoir.
« Je crée des formes en bois pour que les bottiers puissent réaliser leur création, explique-t-il sur La Gazette de Picardie, et je fais également des embauchoirs, des accessoires en bois qui permettent à la chaussure de garder sa forme d’origine. »
Son métier, presque disparu et « pas référencée au répertoire des métiers« , lui vaut pourtant d’être connu de spécialistes du monde entier. Stars du spectacle, bottiers de luxe ou créateurs de mode d’Australie, d’Angleterre ou du Japon lui commandent régulièrement des pièces qu’il vend environ 160 euros la paire.
Entre artisanat et art
Hervé Brunelle est à la fois formier et embauchoiriste. « Pour fabriquer une paire de chaussures, même des baskets, il faut une forme, explique-t-il sur France 3 Hauts-de-France. Après, lorsque la chaussure est terminée, on fait l’embauchoir pour aller dedans. »
L’homme n’épargne pas sa peine travaillant entre 70 et 80 heures par semaine, fabriquant entre 2 et 3 paires d’embauchoirs chaque jour. Le temps de fabrication et le type de bois utilisé varie en fonction de la chaussure. Si toutes les essences proviennent de la proche forêt de Retz, près de Villers-Cotterêts, chacune a son rôle bien précis en fonction de l’usage. « Pour un client qui fait du polo, je vais lui conseiller du tilleul léger, pour voyager. Le hêtre lui est l’un des bois les plus agréable à travailler, mais plus lourd ».
Mr Brunelle reste discret sur sa clientèle, il travaille avec un centaine de personnes ou d’entreprises, provenant de secteurs parfois bien différents, mais partagent tous l’exigence de qualité et de précision: particuliers richissimes soucieux de conserver leurs souliers, maison de luxe, stars du cinéma ou du spectacle comme les danseuses du Crazy Horse…
Hervé Brunelle tient à travailler « à l’ancienne », avec des machines et des outils de production évoluant entre l’artisanat et l’art. « J’ai fait de la mécanique générale à l’école, et j’ai pu adapter la fabrication de la forme en alliant le travail de la main et de la machine. »
Hervé Brunelle @labelepv est le dernier formier-embauchoiriste de France. Son métier consiste à réaliser des formes en bois pour que les bottiers puissent tendre le cuir pour réaliser leurs créations. ????➡https://t.co/rdk9SUWRFz pic.twitter.com/0K4xrgfPjU
— Label EPV (@labelepv) August 23, 2018
L’embauchoiriste s’est formé sur le tas car il n’existe pas de formation dédiée à sa profession.
« La méthode n’a pas évolué depuis 150 ans. Je ne travaille qu’avec des vieilles machines, il serait impossible de faire ce que je fais avec des outils modernes ou à la chaîne. »
Avec la crise sanitaire, son carnet de commande a diminué, alors Mr Brunelle en profite pour former la nouvelle génération à ce métier d’art.
« Les métiers d’art ont été abandonnés pendant les années 70-80. C’est en train de revenir, mais le travail est long, souligne Mr Brunelle sur France 3. Ceux qui prendront ma place un jour devront avoir la même exigence que moi qui tient sur la volonté de ne pas avoir de retour de produits de la part des clients. C’est essentiel et c’est une marque de garantie. »
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