La piétonisation des voies sur berges en question

septembre 19, 2016 8:50, Last Updated: septembre 21, 2016 9:14
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Le 26 septembre prochain, le Conseil de Paris statuera sur le projet de piétonisation des 3,3 kilomètres de la voie Georges-Pompidou de l’entrée du tunnel des Tuileries à la sortie du tunnel Henri-IV. Initié par la maire de Paris, Anne Hidalgo, dans son plan de lutte contre la pollution de l’air, ce projet a aussi pour objectif de faire des berges rive droite « un lieu majeur pour le rayonnement, l’attractivité et l’identité de Paris, et un nouvel espace public de 4,5 hectares améliorant la qualité de vie des habitants dans le respect du classement au patrimoine mondial de l’UNESCO de ce site », lit-on sur le site de la Mairie. Un projet qui ne remporte pas tous les suffrages.

Un bon écho du côté des écologistes

Le projet d’aménagement des voies sur berges fait suite à l’interdiction, depuis juillet 2016, de circulation dans Paris des véhicules immatriculés avant 1997, et plus largement au souhait affiché de la reconquête du fleuve par les Parisiens. Le député européen des Verts, Daniel Cohn-Bendit est un de ceux qui apportent leur soutien à l’initiative : « Se réapproprier les rives d’un fleuve dans une ville, ça fait partie des grands projets urbains de toutes les villes qui ont un fleuve », a-t-il affirmé, ajoutant que « les voies rapides ont été construites dans les années 50, c’était une autre conception de la ville. Aujourd’hui, aussi bien pour des questions écologiques, de santé et de nocivité de la voiture, mais aussi pour le bien vivre en ville, se réapproprier une berge est très bien, c’est juste, c’est ce qu’il faut faire ! »

Des oppositions et des propositions

Pourtant, la commission d’enquête publique chargée de ce dossier a remis en août dernier un rapport défavorable soutenant une insuffisance du périmètre d’enquête, des reports de circulation plus importants que prévus sur les quartiers et communes limitrophes et enfin un impact non démontré sur l’amélioration de la qualité de l’air.

Les berges rive droite sont un lieu majeur pour le rayonnement, l’attractivité et l’identité de Paris.

-Anne Hidalgo

Début septembre, le préfet de police de Paris, Michel Cadot, s’est prononcé pour une période d’essai de six mois. Malgré cela, la Mairie de Paris a décidé de passer outre ce rapport, déclenchant alors l’ire d’une partie de la classe politique parisienne, mais aussi francilienne.

Nombreux sont les maires franciliens ou d’arrondissements parisiens, majoritairement Les Républicains (LR), à dénoncer ce passage en force, égrenant les conséquences désastreuses que cette fermeture des voies sur berge pourra avoir sur toute la région Île-de-France.

Selon Jacques-Alain Bénisti (LR), maire de Villiers-sur-Marne (94) « l’A4 est déjà le plus gros bouchon d’Europe, la fermeture des voies sur berge ne fera qu’aggraver la situation, en détournant une partie des voitures sur cette grande boucle ! » Ludovic Toro (UDI), maire de Coubron (93) établit un parallèle avec « les inondations de mai-juin, qui ont rendu impraticables les voies sur berge », pointant qu’elles « ont été comme un test de la mesure », avec deux heures de plus de trajet entre sa ville et Paris.

(CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP/Getty Images)

La région Île-de-France a aussi pris ce parti, avec un avis convergent à celui de la commission d’enquête. « Cet avis rejoint la position de la Région et doit être entendu », indiquant que « cette voie est une infrastructure d’intérêt régional, avec une circulation comparable à celle d’une route nationale ». Valérie Pécresse, présidente de région, estime de son côté que ce projet relève d’une décision régionale, du fait des effets de circulation et de pollution possibles reportés sur certains départements. La présidente de la région Île-de-France souhaite mettre en place « un comité d’évaluation régional indépendant » assorti de mesures compensatoires (des parkings aux portes de Paris, des protections phoniques, des solutions alternatives de transport, etc.).

La présidente de la région propose ainsi un plan alternatif, interdisant la circulation, non pas sur les quais bas, mais sur les quais hauts des berges, favorisant la conservation du tunnel Châtelet-Concorde, entre autres.

Grand Paris, le projet du siècle… pour demain

Le Grand Paris Express est bien sur les rails. Lancé en juin dernier, le chantier devrait doubler la longueur du métro parisien d’ici à 2022. Avec 68 nouvelles gares et 200 kilomètres de lignes de métro supplémentaires, l’objectif est aussi environnemental. En effet, si les temps de parcours sont réduits et les transports plus accessibles, alors les Franciliens privilégieront les transports en commun, pour leur utilité et leur rapidité.

Les voies rapides ont été construites dans les années 50, c’était une autre conception de la ville.

Daniel Cohn-Bendit

Pour financer ce projet – il va coûter 25 milliards d’euros, les Franciliens participent déjà pour une partie à l’effort d’investissement. Trois nouvelles taxes franciliennes se retrouvent dans les impôts: la taxe sur les surfaces de bureaux, locaux commerciaux, stockage et stationnement ; la taxe spéciale d’équipement (TSE) « Grand Paris » ; et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER). Au total, la Société du Grand Paris (SGP) percevra 500 millions d’euros par an. Le Grand Paris Express devrait quant à lui générer 60 milliards d’euros de PIB supplémentaires dans les quinze prochaines années.

Si la création de 15 000 emplois est prévue pour sa construction – les deux tiers dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, et un tiers dans la réalisation du réseau – l’objectif du Grand Paris Express est de devenir l’ossature d’une métropole plus grande, plus ouverte, plus forte économiquement, sur son territoire et à l’international. Et ajouté au désenclavement des territoires, le projet veut s’inscrire dans l’économie durable, l’innovation et le numérique.

Par exemple, un appel à projet a été lancé pour la gestion des 43 millions de tonnes de déblais qui s’annoncent. L’idée est de trouver les solutions créatives de tri et d’analyse des sols, de recyclage et de stockage, avec une traçabilité des déchets. Autre exemple. La construction de nouvelles infrastructures dans le sud de Paris va permettre l’installation d’un nouveau réseau de chauffage urbain, plus écologique. D’autres solutions innovantes seront mises en place autour de l’open-data, le point multi-services (espace dédié aux voyageurs) et les datacenters.

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