Plusieurs établissements pénitentiaires ont été visés depuis le week-end par des attaques. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, s’est rendu mardi après-midi au centre pénitentiaire de Toulon, touché par des tirs à l’arme automatique, pour soutenir les agents.
Voici ce que l’on sait de ces attaques.
Au total, 21 véhicules ont été tagués et ou incendiés, les premiers faits remontant à dimanche soir à l’école de l’administration pénitentiaire (Enap) d’Agen (Lot-et-Garonne), selon une source policière.
Sept véhicules ont été « détruits ou dégradés en raison d’un incendie » sur le parking de l’école, a indiqué le parquet local.
À Réau (Seine-et-Marne), la même nuit, le véhicule d’une surveillante a été incendié et des traces d’hydrocarbures ont été retrouvées sur trois autres véhicules, selon une source policière.
Huit véhicules ont aussi été incendiés dans la concession Toyota située tout près de la prison d’arrêt de Nîmes, selon le parquet local.
De nouveaux incendies la nuit suivante
Puis dans la nuit de lundi à mardi, d’autres établissements ont été visés.
Trois véhicules, dont deux appartenant à des agents pénitentiaires, ont été incendiés lundi soir sur le parking de la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis), selon une source policière. Un bidon d’hydrocarbures de cinq litres a été retrouvé sur place.
Les images de vidéosurveillance ont permis de voir que les deux auteurs ont pénétré dans l’enceinte en passant par une butte de terre, incendiant chacun un véhicule, le troisième a été atteint par propagation.
Selon une autre source policière, les établissements de Nanterre (Hauts-de-Seine), Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône) et Valence (Drôme) ont aussi été touchés par des incendies de véhicules, dont certains avaient préalablement été tagués avec la mention « DDPF » (droit des prisonniers français).
Au centre pénitentiaire d’Aix-Luynes, la porte de la base du Pôle de rattachement des extractions judiciaires et de l’Equipe régionale d’intervention et de sécurité (PREJ-ERIS) a été incendiée, a déclaré une source proche du dossier.
À celui de Toulon-La Farlède (Var), plusieurs personnes venues en véhicule ont tiré à l’arme automatique sur la porte de l’établissement, vers 00h40, a indiqué le procureur de Toulon, Samuel Finielz.
Un grand sigle rouge orangé comportant cette fois-ci les mystérieuses lettres « DDFM » a été inscrit sur la porte grise par laquelle entrent et sortent les fourgons pénitentiaires, a constaté un journaliste de l’AFP.

Dans la nuit de lundi à mardi à Marseille, des véhicules ont été tagués et un incendié près de locaux de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), sur le parking d’une résidence de logements sociaux occupés par de nombreux agents de l’administration pénitentiaire.
Des enquêtes ont d’abord été ouvertes par les parquets locaux. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a ensuite annoncé se saisir de l’enquête pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Elle est également ouverte pour « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste commise sur une personne dépositaire de l’autorité publique » pour les tirs à l’arme automatique à Toulon, et pour dégradation en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste pour les autres incendies.

Dans un communiqué, le Pnat explique s’être saisi de l’enquête à cause de la « nature de ces faits, les cibles choisies et le caractère concerté d’une action commise sur de multiples points du territoire, ainsi que l’objectif qu’ils poursuivent de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation tel que revendiqué sur les réseaux sociaux par un groupe baptisé “DDPF” ».
Une « coordination nationale des investigations »
Dans un « contexte inédit », le parquet antiterroriste entend assurer « une coordination nationale des investigations ». Celles-ci sont menées notamment par la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire, conjointement avec la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Dans la matinée, le garde des Sceaux a attribué ces attaques au « narcotrafic ». « La République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui vont déranger profondément les réseaux criminels », a-t-il écrit sur X, ajoutant qu’elle était « défiée » et saurait « être ferme et courageuse ».
Une source proche du dossier a indiqué toutefois que toutes les hypothèses étaient examinées, de la piste des narcotrafiquants à celle de l’ultragauche.
À Toulon, où il s’est rendu pour rencontrer les agents pénitentiaires, M. Darmanin a déclaré qu’il n’y avait « pas eu de revendication ».
Les syndicats demandent plus de sécurité
« Ces actes criminels sont une attaque frontale contre notre institution, contre la République, et contre les agents qui la servent au quotidien », a dénoncé le syndicat FO Justice, exigeant « une réponse forte, immédiate et sans ambiguïté de l’État ».
Au centre pénitentiaire de Valence, Louis Nicole, secrétaire local adjoint de FO Justice, a appelé à « débloquer de l’argent pour la sécurisation, pour que le site devienne hermétique ».
« Ces attaques ciblées, lâches et odieuses, visent à terroriser celles et ceux qui incarnent l’autorité de l’État et assurent au quotidien la sécurité de tous, même au prix de leur propre tranquillité », a fustigé le syndicat Ufap Unsa Justice dans un communiqué, appelant à une » action réelle et déterminée, menée conjointement par les ministres de la Justice et de l’Intérieur ».
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