Polémique Yassine Belattar : « Cette histoire montre que ‘l’humoriste’ est toujours l’un des visiteurs du soir d’Emmanuel Macron »

Par Julian Herrero
3 novembre 2024 17:28 Mis à jour: 3 novembre 2024 23:29

ENTRETIEN – Yassine Belattar au Maroc, budget 2025… Le directeur de la rédaction de L’Incorrect, Arthur de Watrigant décrypte l’actualité pour Epoch Times.

Epoch Times : Quel regard portez-vous sur la présence de Yassine Belattar lors du voyage d’Emmanuel Macron au Maroc ?

Arthur de Watrigant : Je note que sa présence dans la délégation accompagnant Emmanuel Macron n’était pas annoncée. Il y a eu une volonté de cacher sa venue. D’ailleurs, des images montrant le ministre des Armées, Sébastien Lecornu échanger avec Yassine Belattar ont circulé. Et l’entourage du ministre a ensuite expliqué qu’il ne « connaissait pas » l’humoriste et qu’il l’a pris pour « un technicien ». On a connu des mensonges plus crédibles !

En réalité, cette histoire prouve une chose : Yassine Belattar est toujours l’un des visiteurs du soir d’Emmanuel Macron. Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle parce qu’il s’agit d’un personnage qui a un pedigree assez chargé : il a soutenu le CCIF qui a été dissout depuis ; il était présent à la manifestation contre l’islamophobie en 2019, et a été condamné pour menaces de mort en 2023.

Je rappelle également qu’il avait menacé Jean-Michel Blanquer à l’époque où il était ministre de l’Éducation nationale en déclarant : « Si j’étais lui, j’éviterais de mettre les pieds dans le 93. »

C’est donc quelqu’un qui agit comme un voyou et qui, derrière son statut de pseudo-humoriste, est un militant de la cause islamique.

Yassine Belattar a souvent pris officiellement position contre la France avec des discours décoloniaux classiques. Par ailleurs, le fait qu’il ait l’oreille d’Emmanuel Macron pourrait expliquer les positions ambiguës du chef de l’État sur de nombreux sujets : Moyen-Orient, absence à la marche contre l’antisémitisme, etc.

Selon certaines rumeurs, il y aurait, au sein des ministères et à l’Élysée, une crainte de la rue arabe. On peut donc penser que cette crainte est alimentée par des personnages comme Yassine Belattar.

Mais il y a un autre élément qui m’a particulièrement choqué autour de sa venue au Maroc : sa tenue vestimentaire. Il accompagnait le chef de l’État dans le cadre d’une visite d’État et il s’est habillé de manière totalement inappropriée. C’est de la provocation. Il assume son statut de voyou et je pense qu’encore une fois, la France n’en sort pas grandie.

« Je ne m’intéresse pas aux anecdotes », a déclaré Emmanuel Macron au sujet de cette polémique. Quelle est votre analyse ?

Inviter un individu qui a été condamné pour menaces de mort est donc une anecdote ? C’est étonnant. Malheureusement, cela signifie que le président de la République le protège, souhaite le conserver dans sa garde rapprochée et continuer de l’écouter.

Les commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat ont voté ce mercredi 30 octobre la suppression du Service national universel (SNU). Un dispositif coûtant selon la Cour des comptes entre 3,5 et 5 milliards d’euros par an. Quelle est votre réaction ?

Il n’y a pas de petites économies quand on cherche 60 milliards d’euros. Mais quoi qu’il arrive, tout ce qui se passe dans les commissions des finances sera retoqué. Je pense que le gouvernement passera en force, que ce soit avec l’article 40, 47 ou 49.3 de la Constitution. Donc, ce qui a lieu entre temps, n’a, en réalité, pas d’impact.

Cependant, grâce à ce projet de loi de finances, on découvre qu’il manque 10 milliards d’euros, et on aimerait bien savoir où ils sont passés.

Je suis, par ailleurs, assez étonné qu’à travers ce budget 2025, aucune vraie réforme structurelle ne soit proposée et qu’on en soit encore à des petits raccommodages de façade. Quitte à passer en force, autant que le gouvernement mène des réformes d’ampleur. Il y a de grands chantiers à entamer, notamment dans l’Éducation nationale. C’est l’un des premiers postes de dépenses avec 60 milliards d’euros. La majorité des crédits est affectée au traitement des fonctionnaires, alors qu’il y en a beaucoup qui ne travaillent pas pour l’Éducation nationale, mais pour d’autres ministères. On sait également que 92.000 enseignants sont aux abonnés absents, et quand vous demandez aux services du ministère le nombre de fonctionnaires travaillant pour l’Éducation nationale, ils sont incapables de vous le donner…

Ensuite, même si des changements ont déjà eu lieu, je dirais que plus d’efforts peuvent être faits sur les dépenses symboliques : le budget de l’Élysée, par exemple.

Ce n’est pas grand-chose, mais symboliquement, c’est important. Si vous demandez aux Français de se serrer la ceinture, le Président doit, d’une certaine manière, le faire également. Autrement, la population pourrait, à terme, ne plus consentir à l’impôt. Et à partir du moment où il n’y a plus de consentement à l’impôt, la situation devient presque révolutionnaire.

Au-delà de l’Élysée, nous devons, à mon sens, repenser la haute fonction publique. Il y a deux types de fonctionnaires qui représentent une masse salariale assez importante. Et depuis qu’Emmanuel Macron est aux affaires, les recours aux cabinets de conseil comme McKinsey ont été nombreux. C’est-à-dire qu’on a fait des doublons en payant à la fois les agents de l’État et ces cabinets. Réduire le nombre de hauts fonctionnaires ne serait évidemment pas suffisant pour assainir nos comptes, mais encore une fois, cela serait symboliquement fort.

Des économies pourraient être aussi réalisées sur tout ce qui touche à l’immigration. Je pense à la mission « Immigration, asile et intégration » qui coûte environ 2 milliards d’euros par an. Et 45 % de ce budget est géré par des associations. C’est-à-dire qu’à peu près 1 milliard d’euros leur revient chaque année. Or, ces associations passent leur temps à empêcher les expulsions de clandestins en faisant des recours perpétuels devant les tribunaux administratifs. Ils occupent 42 % des procédures dans ces tribunaux qui sont déjà engorgés ! À la fin, nous finançons notre propre destruction.

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