La police de Londres teste la technologie de reconnaissance faciale

22 décembre 2018 01:23 Mis à jour: 22 décembre 2018 01:26

LONDRES – Une technologie de reconnaissance faciale similaire à celle utilisée dans les pays autoritaires comme la Chine a été mise à l’essai pendant deux jours par la police dans les rues de Londres.

Les 17 et 18 décembre, la Metropolitan Police a scanné les visages des clients qui faisaient leurs courses de Noël dans les quartiers commerçants de Soho, Piccadilly Circus et Leicester Square, au centre de Londres.

La police affirme qu’elle testait la technologie pour retrouver des personnes recherchées par la police ou les tribunaux, avec un « accent particulier mis sur la lutte contre la violence« . Ils ont insisté sur le fait que les personnes qui ont refusé d’être scannées ne seront pas considérées comme suspectes. La police a également distribué des dépliants d’information huit heures par jour pendant cette période.

Une fourgonnette avec des caméras de reconnaissance faciale installées sur le toit à Leicester Square, à Londres, le 18 décembre 2018. (Jane Gray/The Epoch Times)

Le groupe de campagne pour la protection de la vie privée Big Brother Watch a décrit l’utilisation de la technologie par la police comme étant « autoritaire, dangereuse et sans loi ». Le groupe a déclaré que les nouvelles informations obtenues grâce aux demandes d’accès à l’information montrent que la technologie de reconnaissance faciale employée par la police n’est pas précise à 100 % et risque d’identifier des membres du public innocents de manière erronée.

Les caméras sont capables de balayer les visages dans une foule à un rythme de 300 par seconde, afin de les comparer avec la base de données de la police qui contient 21 millions de photos.

« La reconnaissance faciale en direct est une forme de surveillance de masse qui, si elle se poursuit, transformera les membres du public en cartes d’identité mouvantes », a déclaré Silkie Carlo, directrice de Big Brother Watch, dans un communiqué.

Un panneau informant le public qu’ils seront scannés par des caméras de reconnaissance faciale est visible à Leicester Square, à Londres, le 18 décembre 2018. (Jane Gray/The Epoch Times)

Malgré les tentatives de la police de rassurer la population, un unique petit panneau indiquant que l’essai était en cours était visible devant la camionnette munie de caméras.

« La police est intentionnellement opaque quant à la façon dont elle utilise cette technologie et à la liste de surveillance qu’elle utilise pour comparer les gens », a déclaré Hannah Couchman, responsable du plaidoyer et de la politique pour Liberty, un groupe de défense des droits de la personne. Mme Couchman a précisé qu’on avait dit à la police d’intervenir si quelqu’un était repéré avec le visage couvert ou s’il refusait de prendre part à l’essai.

La technologie de reconnaissance faciale est utilisée à Sydney, en Australie, sur cette photo. (Ian Waldie/Getty Images)

La police a utilisé des caméras de reconnaissance faciale pour repérer les fauteurs de troubles potentiels au carnaval de Notting Hill, et la police du Pays de Galles les a également utilisés lors d’événements sportifs.

La police de Manchester, au Royaume-Uni, a récemment suspendu un essai secret de reconnaissance faciale d’une durée de six mois dans un centre commercial après que le responsable de la caméra de surveillance a exprimé ses préoccupations.

« La police était intéressée par un outil qui pourrait aider à identifier les personnes disparues et les personnes recherchées pour crime », a déclaré Tony Porter dans un article de blog publié en octobre. « Cependant, comparé à la taille et à l’échelle du traitement de tous les gens qui passent devant une caméra, le nombre de personnes qu’ils pourraient espérer identifier était très faible. »

Le problème des faux positifs – ou de l’identification erronée de personnes – a été mis en lumière à la fin novembre en Chine, un pays qui a adopté cette technologie avec peu, voire aucun débat public sur les dangers potentiels de sa mise en application.

Dans la province du Zhejiang, au sud de Shanghai, une éminente femme d’affaires a été publiquement humiliée pour avoir traversé en dehors d’un passage piéton, malgré le fait qu’elle ne se trouvait pas sur les lieux. Les caméras avaient filmé son visage dans une publicité sur le flanc d’un bus qui passait.

Bien qu’il s’agisse là d’un exemple humoristique sur la façon dont la reconnaissance faciale peut mal tourner, la réalité effrayante pour les citoyens chinois est qu’il y a 170 millions de caméras de vidéosurveillance – dont beaucoup sont dotées de la technologie de reconnaissance faciale – avec 400 autres millions prévues pour les trois prochaines années.

Avec le régime communiste chinois qui exige que tout le monde ait une carte d’identité avec photo, les systèmes de caméras peuvent suivre les mouvements d’une personne jusqu’à une durée d’une semaine, en incluant toutes les personnes avec lesquelles ils ont interagi et les véhicules qu’ils ont conduits pour se faire une image très détaillée de leur vie.

Un écran montre des visiteurs filmés par des caméras de sécurité à intelligence artificielle avec technologie de reconnaissance faciale à Pékin le 24 octobre 2018. (Nicolas Asfouri/AFP/Getty Images)

Le problème au Royaume-Uni, comme en Chine, est que la technologie évolue sans surveillance réglementaire.

Fin septembre, le groupe de réflexion sur la défense RUSI a appelé à « des directives claires et des codes de pratique » à titre d’ « urgence » pendant que les forces de police testent la technologie de reconnaissance faciale.

La commissaire aux renseignements Elizabeth Denham s’est dite « profondément préoccupée » par le manque de coordination dans l’évaluation des risques d’entrave à la vie privée liés à la reconnaissance faciale.

« Il s’agit d’un véritable changement dans la façon dont les personnes respectueuses des lois sont surveillées dans leur vie quotidienne », a-t-elle écrit dans un article publié sur son blog en mai. « Il y a un manque de transparence au sujet de son utilisation et il y a un risque réel que les avantages pour la sécurité publique découlant de l’utilisation du TRAF[technologie de reconnaissance faciale] ne soient pas gagnés si on néglige de gagner la confiance du public. »

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