Le principal accusé au procès de l’assassinat en 2017 du policier Xavier Jugelé sur les Champs-Élysées a été condamné le 17 avril à dix ans de prison assortis d’une période de sûreté des deux tiers par la cour d’assises spéciale de Paris, qui a écarté la qualification terroriste.
Le Parquet national antiterroriste (Pnat) avait requis 18 ans de prison contre Nourredine Allam, 31 ans, accusé d’avoir permis à l’assaillant Karim Cheurfi de « concrétiser son projet terroriste » en lui vendant le fusil d’assaut utilisé lors de l’attaque du 20 avril 2017. Karim Cheurfi avait été abattu juste après par les tirs de riposte des policiers.
Au bout d’un délibéré de plus de huit heures, les cinq magistrats professionnels dont le président Laurent Raviot ont estimé que le « simple fait de vendre une arme à un individu dangereux susceptible de tuer des policiers ne suffisait pas à caractériser la qualification terroriste ».
Il y a 4 ans aujourd’hui, Xavier Jugelé était assassiné sur les Champs-Élysées, victime de la barbarie islamiste.
Ne jamais oublier. pic.twitter.com/trhCHhTik1— Robert La PO17CE (@La_Pollice) April 19, 2021
Condamné à 19 reprises entre 2004 et 2013
Ils ont aussi jugé que Nourredine Allam, condamné pour association de malfaiteurs criminelle, avait « les moyens » de savoir que Karim Cheurfi projetait de tuer des policiers. Selon l’accusation, le projet de Karim Cheurfi était connu dans son quartier de Chelles en Seine-et-Marne, où habitait aussi Nourredine Allam, et il avait été condamné en 2005 à 15 ans de prison pour tentative d’assassinats sur des policiers.
La cour a également estimé que l’assassinat perpétré par Karim Cheurfi relevait d’un projet terroriste même si ce dernier « a pu apparaître comme un déséquilibré ».
Au cours des deux semaines de procès, Nourredine Allam avait clamé son innocence. Déjà condamné à 19 reprises entre 2004 et 2013, parfois à de la prison ferme, pour des délits de droit commun, avait maintenu avoir seulement vendu à Karim Cheurfi une moto.
Trois autres hommes comparaissaient aux côtés de Nourredine Allam. Yanis Aidouni et Mohamed Bouguerra ont été respectivement condamnés à six ans et cinq ans d’emprisonnement pour lui avoir vendu la kalachnikov. Le ministère public avait requis une peine de huit ans de prison à leur encontre. Yanis Aidouni était poursuivi pour acquisition, détention et cession d’arme, Mohamed Bouguerra pour détention et cession. Le dernier accusé, le seul qui comparaissait libre, a été acquitté.
Des « condamnations bien inférieures aux peines prévues aujourd’hui par la loi »
Pour Yoann Maras, secrétaire régional du syndicat Alliance Police Nationale Paris, « on constate malheureusement une nouvelle fois que les condamnations prononcées sont bien inférieures aux peines prévues aujourd’hui par la loi ». « Ces condamnations sont d’autant plus choquantes pour nos collègues au vu des circonstances et des conditions de la mort de Xavier Jugelé, tué par un terroriste ».
« Cela illustre encore notre demande de voir une mise en place rapide de l’observatoire de la réponse pénale, qui permettra de se rendre compte sur l’ensemble des condamnations, des peines encourues, des peines prononcées et des peines réellement effectuées », a-t-il indiqué dans actu17.
L’assassinat de Xavier Jugelé, à trois jours du premier tour de l’élection présidentielle, avait durci la fin de la campagne et replacé les débats sur la lutte antiterroriste sur le devant de la scène alors que la France avait subi en 2015 et 2016 une vague sans précédent d’attentats.
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