La pollution lumineuse aveugle l’esprit

30 septembre 2016 07:30 Mis à jour: 4 octobre 2016 19:12

Lorsque le ciel se remplit de lumière artificielle, au point d’en éclipser les étoiles, nous perdons conscience de notre place dans l’univers. Tout du moins, c’est ce qu’en pense Harun Mehmedinovic, photographe et cinéaste, résidant actuellement aux États-Unis.

La plupart des travaux de Mehmedinovic ont été diffusés sur BBC Earth, ses photographies publiées, entre autres par le National Geographic et il a récemment donné une conférence TED. D’ici la fin de l’année, ses travaux sur la pollution lumineuse seront publiés sous la forme d’un livre et d’un DVD intitulés « SKYGLOW ».

Mehmedinovic voyage en quête des cieux les plus purs que peut offrir l’Amérique, préservés des yeux des étatsuniens qui pour la plupart ne peuvent pas voir le ciel naturel de chez eux et n’ont jamais vu la Voie Lactée, pour leur montrer ce qu’ils ratent.

Au cours d’une interview téléphonique, il explique que « cela nous fait comprendre à quel point nous sommes infimes et combien éphémère est notre passage sur Terre. Cela nous rend plus humbles. » Mehmedinovic passe le plus clair de son temps à contempler les endroits les plus somptueux du pays, à l’image de nos ancêtres en leur temps.

« Il y a un manque de perspective », dit-il en faisant référence à la vie des villes, construites de la main des hommes et qui nous placent dans un environnement que nous avons nous-mêmes conçu. Quand, au lieu de cela, vous êtes au milieu des étoiles et d’un paysage qui s’est formé sur plusieurs millions d’années, vous vous sentez tout petit. Mais c’est une sensation agréable, on ne se sent pas diminué, ajoute Mehmedinovic.

Les problèmes du quotidien semblent se réduire d’autant. « Être dehors dans la nature peut vous amener dans une dimension spirituelle, où l’on parvient à comprendre que rien n’est aussi grave qu’il en a l’air. C’est nourrissant d’une certaine façon », dit-il.

Cela nous rend plus humbles.

— Harun Mehmedinovic, réalisateur.

Le ciel nocturne du Nouveau Mexique. (Harun Mehmedinovic et Gavin Heffernan/SKYGLOW)
Le ciel nocturne du Nouveau Mexique. (Harun Mehmedinovic et Gavin Heffernan/SKYGLOW)

Il est commun de penser que les récents progrès technologiques et les avancées sociales du siècle dernier nous ont fourni plus de temps et davantage de confort, dit-il, mais nous nous sommes simplement donné plus de temps pour ruminer nos problèmes et nous nous sommes séparés de la tranquillité que nos ancêtres trouvaient dans la nature.

Il a vécu à Los Angeles pendant des années avant d’emménager dans une petite ville aux alentours. En 1994, Los Angeles s’est retrouvée dans le noir suite à un tremblement de terre ayant provoqué une panne d’alimentation électrique générale. Beaucoup d’habitants se sont alors inquiétés auprès des autorités de la présence d’un étrange nuage argenté dans le ciel, qui n’était autre que la Voie lactée qu’ils observaient pour la première fois.

Une pluie de météorite au-dessus du Grand Canyon. (Harun Mehmedinovic et Gavin Heffernan/SKYGLOW)
Une pluie de météorite au-dessus du Grand Canyon. (Harun Mehmedinovic et Gavin Heffernan/SKYGLOW)

L’agence gouvernementale américaine de la protection de l’environnement considère que techniquement, la lumière n’est pas une source de pollution, tout simplement parce qu’elle n’a pas de masse. Mais si l’on considère un polluant comme une substance capable de se répandre dans l’environnement, c’est de loin l’un des polluant les plus répandus sur Terre.

En plus de perturber les cycles naturels du corps chez l’homme et l’animal, la pollution lumineuse pourrait avoir un impact plus profond.

Dans sa « Critique de la raison pure », Emmanuel Kant écrivait en 1788 : « Deux choses remplissent mon être d’admiration et me fascinent toujours davantage au fur et à mesure que je m’attache à les contempler : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. […] Ces deux choses, je les vois devant moi et les rattache directement à la conscience de mon existence. »

Mehmedinovic évoque l’avertissement partagé par ses amis indiens Navajo. Dans leurs traditions, nous serions en train de vivre dans ce qu’ils appellent le « cinquième monde ». Les quatre précédents auraient été détruits après que les humains soient devenus trop arrogants et cupides. La survie d’une poignée de personnes aurait permis à chaque fois la naissance du « monde » suivant. À l’heure actuelle, selon ces traditions indiennes, nous nous dirigerions vers le « sixième monde » et la seule chose que nous serions en mesure de faire serait de rendre sa naissance moins douloureuse.

« Nous sommes devenus un peu trop irrespectueux et je pense qu’il y aura une punition », dit-il. « Et je dis cela en tant que personne non-religieuse. Mais il y a comme une loi de la nature qui tend à régler cela. »

Le ciel au-dessus du parc national de Bryce Canyon. (Harun Mehmedinovic et Gavin Heffernan/SKYGLOW)
Le ciel au-dessus du parc national de Bryce Canyon. (Harun Mehmedinovic et Gavin Heffernan/SKYGLOW)

Version anglaise : Light Pollution Blinds the Soul

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