La Pologne fête l’anniversaire de son indépendance

15 novembre 2016 07:19 Mis à jour: 15 novembre 2016 07:19

Alors que tous les yeux sont tournés vers les États-Unis et ce qui pourrait être, là-bas, un tournant nationaliste, l’actualité européenne vient nous rappeler que, sur notre continent, plusieurs pays de l’Union se sont déjà engagés sur cette voie, parmi lesquels l’un des plus peuplés, la Pologne.

Sur les mêmes leviers de combat contre les élites et l’establishment qui a été le cheval de bataille de Donald Trump, le parti conservateur polonais s’est lancé depuis sa victoire électorale en 2015 dans le plus grand chantier de réformes des vingt-cinq dernières années ; celui-ci inclut des modifications majeures du fonctionnement de la Cour constitutionnelle dont l’effet direct est de lui ôter toute capacité à bloquer des lois contraires à la constitution polonaise.

L’anniversaire de l’indépendance polonaise, célébré le 11 novembre, a rappelé avec force cette volonté de changement. L’événement, qui célèbre « l’indépendance regagnée après une période de 123 ans de partages », a été l’occasion d’une série de messages politiques forts, en particulier en direction de l’Union européenne. Le président polonais, Andrzej Duda, avait appelé à « des célébrations harmonieuses qui soient un signe que nous, en tant que nation, pouvons nous élever au-dessus des divisions et disputes inutiles ». Ceci était le message domestique. Le président du parti au pouvoir Jaroslaw Kaczyński, s’est chargé du message international. La Pologne est en délicatesse avec les représentants de l’Union européenne qui accusent le gouvernement polonais de prendre une voie anti-démocratique et lui ont adressé au mois de juillet un ultimatum, assorti de menaces de sanctions dont une perte de droit de vote dans les instances européennes. M. Kaczyński a répondu de manière directe lors de son discours du 11 novembre sur les efforts encore à faire pour restaurer une « vraie » indépendance de la Pologne. « Nous voulons faire de la Pologne une nation vraiment souveraine », cite Bloomberg, « dont les actions – réalisées dans son propre intérêt – seront acceptées par les autres. Pendant des années cela n’a pas été le cas, mais nous devons aujourd’hui mener cette rude bataille et nous le ferons, contre nos partenaires de l’Union et contre d’autres partenaires, comme l’OTAN, et même contre ceux dans le pays qui pensent encore d’une façon ancienne et dangereuse ».

Mais la fraîcheur des relations de l’exécutif polonais avec Bruxelles est compensée par la chaleur avec laquelle celui-ci accueille l’élection de Donald Trump aux États-Unis. Le chef du parti au pouvoir à l’Assemblée, Ryszard Terlecki, a ainsi déclaré à la radio polonaise : « Nous sommes convaincus que les relations entre Pologne et États-Unis vont s’améliorer. L’Amérique est notre plus important partenaire politique, notre plus important allié, et nous sommes certains qu’elle a fait un bon choix pour la Pologne ».

Des bottes, des drapeaux

Le 11 novembre, plusieurs manifestations de célébration de l’indépendance polonaise ont donc simultanément – et séparément – eu lieu dans les rues de Varsovie. D’un côté, des militants d’extrême-gauche hostiles au nouveau gouvernement conservateur, de l’autre des militants démocrates également opposés au mode d’exercice du pouvoir du nouveau gouvernement, et enfin une masse énorme de 75 000 nationalistes et militants d’extrême droite. Seul ce dernier cortège a été gratifié de la présence de représentants gouvernementaux et de leur message de félicitations.

Dans ce qui est probablement le plus grand rassemblement annuel de militants ultra-conservateurs et d’extrême-droite en Europe, les manifestants ont fait défiler avec eux des kilomètres de drapeaux nationaux, et pour certains des falanga, symboles fascistes polonais représentant un bras armé d’une épée. À la différence des années précédentes par contre, le défilé a été non-violent et placé sous le signe du slogan « La Pologne, bastion de l’Europe ». Parmi les autres slogans les plus visibles cités par le NYPost . « Dieu, Honneur, Patrie » et « Mort aux ennemis de la Patrie », « Pour être Polonais, l’honneur d’être catholique ».

Et des prières

Ce défilé nationaliste a donc mis une nouvelle fois en évidence la puissance du sentiment religieux chez les Polonais, phénomène plus marquant encore que l’habituelle expression du patriotisme ou que les relents xénophobes de certaines parties de la manifestation, dans lesquelles le rejet violent de l’immigration et de l’accueil de réfugiés syriens s’est fait entendre. Il n’est donc pas surprenant que l’exaltation de ce sentiment religieux soit également centrale dans la politique du nouveau gouvernement, qui tente d’architecturer ses actions et ses messages autour d’un cœur de « valeurs » inamovibles pouvant servir de socle à la construction d’une « grande Pologne ». C’est probablement pour cette raison que, le même 11 novembre, le président Andrzej Duda, son Premier ministre Beata Szydlo et d’autres dirigeants polonais assistaient à la messe d’ouverture du Temple de la Divine Providence, à Varsovie, église emblématique du message politique polonais puisque sa construction, prévue depuis 1791, avait été retardée par un siècle d’occupation russe, hongroise et autrichienne, puis par 70 année de communisme. L’archevêque Stanislaw Gadecki, qui célébrait cette première messe, s’est cependant chargé de distancier l’église en citant le pape Jean-Paul II et en lançant un avertissement contre « l’arrogance du pouvoir ». Le gouvernement polonais n’a pas encore tous les soutiens pour mener ses chantiers nationalistes.

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