Emotion, fascination, joie et parfois une pointe de jalousie ou de dépit: des personnalités des sciences et de l’espace, du cinéma, de la musique, du sport ou du monde économique, racontent à l’AFP leurs souvenirs du premier pas de l’Homme sur la Lune dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969.
L’actrice française Brigitte Bardot
« J’étais en Normandie ce soir du 20 au 21 juillet 1969, je tournais L’ours et la poupée. J’ai regardé ce miracle, ce prodige sans y croire vraiment, c’était tellement extraordinaire, irréalisable et pourtant ils l’ont fait. Le génie humain peut rejoindre le Divin. Et j’en ai encore les larmes aux yeux ».
L’actrice italienne Claudia Cardinale
« A vrai dire je ne me souviens pas de là où j’étais. J’ai l’impression que peu importe où on était, nous étions tous sur la Lune! Ma sœur venait d’accoucher de son premier enfant, Luca, deux jours avant. Il y avait en moi une forte sensation de renaissance! Quelques mois plus tard, Neil Armstrong qui jouait de la trompette en mode amateur était passé à une fête à la maison (dans la campagne romaine), invité par Franco Cristaldi (son premier époux). Mes frères jouaient de la musique pour l’accompagner. On avait loué deux trompettes. L’une d’elle fut pliée par Neil dans un joyeux état d’ivresse. »
Le couturier français Pierre Cardin
« Le 21 juillet 1969, j’étais sur les Champs-Elysées, avec des milliers de gens, à attendre que ce rêve devienne réalité. Lorsque le premier homme, Neil Armstrong, a marché sur la Lune, j’ai ressenti une immense satisfaction. Nous attendions tous des nouvelles et cette victoire a été accueillie par un cri de joie partagé par des milliers de personnes qui m’entouraient. Personne n’y croyait quelques années plus tôt mais moi j’étais persuadé depuis toujours que cela arriverait. Ça a été un grand pas pour l’Humanité! Quelques mois après, j’ai eu le bonheur de les rencontrer tous les deux, Neil Armstrong et Buzz Aldrin à Alma-Ata au Kazakhstan. Lors d’une visite à la Nasa, j’ai eu le privilège de porter et de faire quelques pas dans le costume des astronautes ».
Le chanteur d’opéra espagnol Placido Domingo
« Je m’en souviens très bien car il y a 50 ans je faisais mes débuts aux Arènes de Vérone en Italie en juillet 1969, où je chantais Turandot de Puccini avec la soprano Birgit Nilsson. Le chant du chœur dans l’Acte I Perchè tarda la Luna (pourquoi la Lune tarde) et l’annonce que la Lune n’était finalement pas si loin, c’était une coïncidence magique! ».
L’homme d’affaires français Bernard Arnault
« Je garde un souvenir très net de cet événement, que j’ai vu en direct. J’avais vingt ans, l’été commençait dans le midi où j’étais en vacances. Me destinant à devenir ingénieur, j’étais passionné par les progrès de la conquête spatiale, qui semblait alors sans limite. Je me souviens avoir eu clairement conscience qu’un événement historique se déroulait devant mes yeux. J’assistais à la réalisation de l’un des plus grands rêves de l’Homme. Enfant, j’avais lu Jules Verne. »
L’aéronaute et psychiatre suisse Bertrand Piccard
« J’avais eu la chance d’être invité à Cap Kennedy pour assister au décollage de la fusée le 16 juillet car mon père collaborait avec la Nasa. Le 20 juillet, j’étais au restaurant en famille à Palm Beach en Floride lorsqu’un responsable de la Nasa a prévenu ma mère qu’il fallait que l’on se dépêche de rentrer car la sortie des astronautes était avancée de deux heures. On a laissé le repas en plan et on est parti à toute vitesse à la maison. Peu avant, mon père avait acheté une télévision pour l’occasion. Je me rappelle de ce premier pas comme si c’était hier. J’avais l’impression de voir l’événement le plus important de l’histoire de l’humanité. Je le pense encore. Pour moi c’est la mission d’exploration la plus accomplie réalisée jusqu’à présent par l’Homme.
Au moment où Neil Armstrong a posé le pied sur la Lune, je me suis dit là, c’est trop tard pour être astronaute. L’exploration ultime a été faite. Je me rappelle que j’étais fasciné et en même temps un petit peu déprimé en me disant mais il ne me reste plus rien…. A ce moment là, je me suis dit je veux être explorateur et on verra bien ce qui va se présenter à explorer. J’ai commencé à avoir une boussole intérieure où l’aiguille montrait l’inconnu, ce qui n’avait jamais été accompli, plutôt que le Nord. Ensuite, chaque fois qu’il y avait quelque chose qui n’avait jamais été fait, je me suis dit j’essaie cela, je tente ma chance dans ce domaine-là. Et c’est cela qui m’a amené là où je suis maintenant ».
Le cosmonaute soviétique Boris Volynov
« A la Cité des Etoiles, nous avons appris la nouvelle bien avant sa publication. Et pour nous c’était la fête car les Américains avaient réussi à rentrer vivants! Evidemment, nous ressentions aussi du dépit parce que nous avions notre propre programme lunaire. Moi-même, je m’entraînais à marcher dans les conditions de gravitation lunaire. Nous avons tous rêvé de fouler un jour le sol de la Lune. Nous craignions que les Américains ne nous devancent parce que notre programme piétinait. Deux bureaux de constructeurs spatiaux travaillaient en parallèle depuis le début des années 1960. L’Etat n’a pas réussi à concentrer tous les moyens sur un seul programme et on a fini par se faire dépasser.
Neil Armstrong, je l’ai connu personnellement à New Delhi, en Inde, où nous avons été tous les deux décorés: lui, pour la première mission lunaire, moi, pour le premier arrimage de deux vaisseaux habités en janvier 1969. Nous sommes très vite devenus amis. On communiquait via le traducteur soviétique, un lieutenant en civil. Les photos où on se donnait l’accolade n’ont été déclassifiées qu’après l’éclatement de l’URSS.
Je me souviens que Neil s’étonnait surtout du fait que nous n’avions pas mis de scaphandre pendant notre mission d’arrimage. Je lui ai dit alors que l’équipement soviétique était si performant que nous n’en avions pas besoin. En fait, il s’agissait surtout de minimiser au maximum le poids des vaisseaux. Lui, il m’a raconté son stress pendant l’accident du moteur de son appareil d’alunissage pendant un entraînement (le 8 mai 1968). Deux jours après l’accident, il a repris son entraînement. Neil était un homme, un vrai. »
L’astronaute français Jean-Loup Chrétien
Premier Français dans l’espace en 1982, il a séjourné dans les stations soviétiques Saliout et Mir puis dans la navette spatiale américaine.
« J’étais pilote de chasse dans le sud de la France. Peu avant j’avais acheté pour l’occasion une télévision. J’ai passé une bonne partie de la nuit à suivre cet événement depuis chez moi. Le vol de Youri Gagarine, premier à aller dans l’espace, en avril 1961, avait été un élément déterminant pour moi. Je m’étais fixé comme objectif de tout mettre en oeuvre pour y arriver un jour en dépit des commentaires désabusés de la part de mes chefs. Je crois que pour un aviateur, qui veut toujours voler plus haut, plus vite, plus loin, l’inscription du mot espace est inscrite dans ses gènes de façon presque automatique.
En regardant les premiers pas de Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la Lune, j’éprouvais une gigantesque admiration, un petit peu de jalousie et aussi un peu de mélancolie parce que rien n’avait encore été fait pour envoyer un Français dans l’espace. Il faut retourner sur la Lune, pour un tas de raisons, la principale étant que l’Homme porte en lui le gène de l’explorateur. Si j’avais 30 ans et que l’on me propose d’y aller, je signerais tout de suite ».
L’astronaute canadien Dafydd Williams
Il a volé deux fois avec la Nasa en 1998 et en 2007.
« Cela a été un jour sacrément remarquable. J’ai regardé avec ma famille, collé au poste. Cela a changé le cours de l’histoire et pour moi cela a démontré que ce qui semblait impossible était en réalité possible. Regarder la Nasa, qui n’avait encore jamais envoyé d’homme dans l’espace en 1960, parvenir à faire marcher des astronautes sur la Lune en 1969… Quelle décennie incroyable! Mon rêve de devenir astronaute a culminé à ce moment-là, alors qu’on m’avait toujours dit qu’il était impossible à réaliser ».
Le pilote automobile français Alain Prost
Quadruple champion du monde de Formule 1 dans les années 1980 et 1990.
« Cela fait partie de ces souvenirs que vous gardez à vie. La télé était en noir et blanc. Mes parents avaient un petit studio à Cannes et nous y étions en vacances. Je me rappelle de ce jour-là de manière incroyable car il y avait en même temps la télé et je ne sais pas pourquoi, j’avais 14 ans, je n’étais pas bébé, mais je me rappelle de regarder la télé et la Lune en même temps sur la terrasse et de me dire qu’est ce qui se passe?. J’avais envie d’avoir des jumelles et de regarder en direct aussi.C’est un souvenir dingue, avec les parents, une génération, on sent qu’un truc est en train de se passer. A l’époque on pensait que c’était totalement impossible » sur le plan technologique.
Le pilote automobile britannique Jackie Stewar
Triple champion du monde de Formule 1 notamment en 1969. Il a produit avec son fils un documentaire intitulé « Last Man on The Moon » sur son ami Eugene Cernan, le dernier homme à avoir marché sur la Lune en décembre 1972. « J’étais au Playboy Club à New York avec le cinéaste Roman Polanski et ma femme Helen. Je connaissais beaucoup d’astronautes car ils venaient assister aux courses de Formule 1 et de l’Indycar. J’ai été époustouflé par ce que j’ai vu ».
Le compositeur de musique français Jean-Michel Jarre
Il a assisté en direct à la retransmission : « Fêter l’homme qui a marché sur la lune. c’est célébrer l’époque où nous avions une vision et un appétit pour le futur, c’était une inspiration absolue pour les musiciens les cinéastes les écrivains. La pop culture est née en même temps que les débuts de la conquête de l’espace. Il aura fallu attendre 50 ans pour que l’espace et le futur reprennent leur place dans notre imaginaire avec la conquête de Mars et l’émergence de l’Intelligence Artificielle ».
Le photographe et écologiste français Yann Arthus-Bertrand
« J’étais dans l’Allier, je m’occupais d’animaux. On n’avait pas la télévision et on avait été dans une ferme, regarder ça chez un fermier qui s’appelait Arsène et faisait des vaches charolaises. Sur le fond, la Lune… Moi, l’espace ne m’intéresse absolument pas. A quoi ça sert d’aller sur Mars si on n’est pas capable de protéger la Terre? On me dit qu’il y a des métaux rares, on ferait mieux d’économiser ceux qu’on a. Aller sur Mars, à quoi ça sert d’aller sur Mars? Non je ne suis absolument pas fasciné par ça. Mais bien sûr, à l’époque, cela épatait tout le monde que l’on puisse marcher sur la Lune, quelle aventure incroyable. Et surtout de le voir dans une vieille ferme, c’était extraordinaire! »
E.T avec AFP
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