En pleine polémique sur les LBD, les « gilets jaunes » défilent samedi à Paris contre les violences policières lors d’un acte 12 marqué par de nouvelles mobilisations à travers la France, notamment à Valence.
Au lendemain de la décision du Conseil d’État de maintenir l’usage des lanceurs de balle de défense (LBD) dans les manifestations, une « grande marche des blessés » est prévue dans la capitale pour réclamer l’interdiction du « LBD-40 et des grenades GLI-F4 et GMD », deux mois et demi après le début du mouvement.
«Des dizaines de «gilets jaunes» ont été blessés par des «lanceurs de balles de défense» (LBD 40) produits en Suisse. L’armurier B&T se défend: la France n’utilise pas les bonnes munitions. @swissinfo_fr https://t.co/qotB12R7Tv Et le Bilan de @davduf sur https://t.co/puNCRYsKHv pic.twitter.com/kQnyOGw3eF
— Anita Hugi (@NarrativeB) January 25, 2019
« Pour en finir avec la force démesurée qu’impose le gouvernement pour faire taire la contestation », les manifestants sont invités à venir avec « des pansements sur l’œil, des bandages, de mettre du rouge sur les gilets jaunes en guise de sang », selon des appels lancés sur Facebook.
Le lanceur de balles de défense (LBD) suspendu ? Le Conseil d'État devrait trancher ce vendredi.
Rappel des débats de mercredi, après sa saisie en référé. Le ministère de l'Intérieur a reconnu 9 228 tirs de LBD depuis le début des "gilets jaunes".https://t.co/9pooOLkVXR pic.twitter.com/sdQx18rxvd— Rédac France Culture (@FC_actu) February 1, 2019
À Paris, Lyon ou Montpellier, les manifestants entendent notamment dénoncer le recours aux LBD, cette arme non létale utilisée plus de 9 200 fois depuis le début de la contestation et accusée d’avoir causé de graves blessures dont celles de Jérôme Rodrigues, une des figures des « gilets jaunes ».
Des soignants lancent une pétition contre les LBD : "Des patients aux crânes fracassés" pic.twitter.com/XWWihAScCz
— Mireille Meissel (@mana_masal) January 31, 2019
Selon le collectif militant « Désarmons-les », 20 personnes ont été gravement blessées à l’œil – la plupart éborgnées – depuis le 17 novembre. La police des polices (IGPN) a été saisie de 116 enquêtes selon une source policière, portant pour dix d’entre elles sur de graves blessures aux yeux. Au total, les autorités ont recensé plus de 1 900 blessés parmi les manifestants et plus de 1 200 au sein des forces de l’ordre.
Saisi en urgence, le Conseil d’État a estimé que le risque de violences dans les manifestations rendait « nécessaire de permettre aux forces de l’ordre de recourir » aux LBD, une décision jugée « incompréhensible » par des « gilets jaunes ».
Le Conseil d’État rejette des demandes tendant à ce qu’il ne soit plus fait usage de lanceurs de balle de défense (LBD) lors des manifestations de « gilets jaunes » > https://t.co/ulaUWedC5m pic.twitter.com/wARGCDkyLu
— Conseil d'État (@Conseil_Etat) February 1, 2019
Face à la controverse, le ministre de l’Intérieur a reconnu vendredi que cette arme dite intermédiaire pouvait « blesser » et a promis de sanctionner « les abus » mais il en a défendu l’utilisation « pour faire face aux émeutiers ».
Jérôme Rodriguez gravement blessé a l'oeil lors de la manif place #Bastille. La France le pays où l'on mutile a la chaîne les contestataires , le même pays qui donne des leçons au Venezuela.
Honte à vous monsieur Castaner#ActeXI #GiletsJaunes pic.twitter.com/jnZnG75Brp— Clara Tyler (@ClaraTwittine69) January 26, 2019
« S’il n’y avait pas de magasins pillés, de barricades érigées, de voitures brûlées, de bâtiments publics saccagés (…), si la loi était respectée, tout simplement, il n’y aurait pas de blessés », a estimé Christophe Castaner, promettant un dispositif policier « puissant » pour ce douzième samedi de mobilisation.
C'est presque insupportable à regarder et chapeau pour le journaliste qui interviewe avec beaucoup d'émotion ces jeunes défigurés et amputés.
On a presque envie de pleurer.
Merci pour ce moment Mr @CCastaner #Castaner
Un pouvoir qui mutile sa jeunesse. #GiletsJaunes #ActeXI https://t.co/QJgQKL8WrR— LDH – EAUBONNE (95) (@ldh95600) January 16, 2019
Après avoir appelé à converger à Bourges lors de leur acte 9, les « gilets jaunes » appellent cette fois à se mobiliser en masse à Valence où le président Emmanuel Macron s’était rendu la semaine dernière pour le grand débat lancé par le gouvernement dans l’espoir d’éteindre la crise.
Jusqu’à 10 000 manifestants sont attendus dans cette ville de la Drôme où des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises. « On craint, comme on l’a vu dans d’autres manifestations dont celle de Bourges, environ 10% de casseurs », a déclaré le maire LR de Valence Nicolas Daragon.
Laurent Thines, neurochirurgien au CHU de Besançon demande un moratoire sur l'utilisation des armes sub-létales (flashball, LBD).#GiletJaune #GiletsJaunes #assembleenationale #senat #droitsdelhomme #Amnestyinternational #TF1 #France2 #BFM #CNN #CBSNews #RTFrance #LCI #Cnews pic.twitter.com/YZ7Y5h8SQN
— LesGiletsJaunes.fr (@GiletsJaunesFr) January 29, 2019
La préfecture a ainsi décidé d’établir un périmètre fermé « assez large » dans le centre-ville, avec des contrôles d’identité sur les points d’accès, et a recommandé aux commerçants de baisser le rideau samedi.
Comme chaque samedi, des rassemblements sont également prévus à Bordeaux et Toulouse, traditionnelles places fortes de la mobilisation, où les précédents actes ont été émaillés d’incidents avec les forces de l’ordre.
Voir la vidéo en intégralité. Ce tir au visage est un scandale et une honte absolue . Aucune sommation, aucun comportement dangereux de Jérôme Rodriguez et bien sûr tir direct à hauteur de visage. Violation de toutes les règles. Intérieur et consorts vous salissez la France. https://t.co/eqpCGxnCVq
— Cabinet d'Avocats Rajjou & Elard Associés (@david_rajjou) January 26, 2019
La police de Toulouse a ouvert une « enquête administrative » après la divulgation d’une vidéo où l’on entend des policiers commenter une manifestation de « gilets jaunes » en jugeant qu’il faut « tirer », « aligner deux, trois bastos ».
19-01-2019 : contre toute attente, plus de 10000 personnes dans les rues de Toulouse. Place du capitole , des collègues épuisés essuient les charges des manifestants. Surpris, émus et estomaqués, des policiers de la salle de commandement appellent à « tirer des bastos ». 1/2 pic.twitter.com/ZHc20HKdSl
— VIGI (@VIGI_MI) January 31, 2019
Les « gilets jaunes » appellent également à des actions à Nancy, Caen, Nantes ou Rouen, où la préfecture a interdit toute manifestation dans la nuit de samedi à dimanche.
Sur le Vieux Port de Marseille, « un mur de la honte » sera érigé en souvenir des 14 personnes mortes (11 en France, 3 en Belgique) accidentellement depuis le début du mouvement, en prélude au défilé qui partira à 13H30.
D. S avec AFP
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