Les autorités taïwanaises ont révoqué le statut de résidente de trois femmes originaires de Chine après avoir déterminé qu’elles avaient abusé de leur statut en appelant à l’invasion et à la conquête de Taïwan par le Parti communiste chinois (PCC).
Les trois femmes, connues sous leurs pseudonymes en ligne « Yaya », « Xiaowei » et « Enqi », ont obtenu leur permis de séjour à Taïwan en se mariant avec des Taïwanais. Elles étaient actives sur Douyin, la version chinoise de TikTok, et promouvaient des contenus pro-PCC, comme l’idée que Taïwan devrait faire l’objet d’une « unification armée » avec la Chine continentale.
« Yaya », de son vrai nom Liu Zhenya, a quitté Taïwan à bord d’un vol à destination de Fuzhou, en Chine, dans la soirée du 24 mars, quelques heures avant l’expiration du délai de dix jours que lui avait accordé l’Agence nationale de l’immigration (ANI) pour s’auto-expulser. Ses tentatives d’appel de la décision ont été rejetées.
« L’épouse de Chine continentale, une femme portant le nom de Liu […] s’est engagée dans un discours ouvertement favorable à l’unification armée de Taïwan par la Chine », peut-on lire dans un avis publié le 15 mars sur le site Internet de l’Agence nationale de l’immigration, expliquant la révocation de son permis de séjour. « Ce comportement, qui prône la destruction de notre souveraineté nationale, est intolérable. »
Le compte Douyin de Mme Liu « Yaya in Taiwan » comptait environ 500.000 abonnés.
Un avis similaire a été émis le 21 mars concernant « Xiaowei » et « Enqi », dont les noms réels n’ont pas été rendus publics. Les deux femmes ont manifesté devant le bureau présidentiel de Taïwan à Taipei quelques jours avant la date limite de leur auto-expulsion, fixée au 31 mars.
Les trois femmes se sont vu interdire de présenter une nouvelle demande de résidence familiale à Taïwan pour les cinq prochaines années.
Contrer la subversion de Pékin
Le PCC, qui n’a jamais gouverné Taïwan, considère l’île comme un territoire souverain de la République populaire de Chine (RPC) et a pour objectif de placer cette nation de facto de 23 millions d’habitants sous son contrôle.
Outre le renforcement des capacités de son armée populaire de libération (APL), le régime chinois a également passé des décennies à infiltrer et à subvertir la société taïwanaise via ses organisations du « front uni » en ciblant les fonctionnaires taïwanais, le personnel militaire, les cercles d’affaires, les célébrités et les influenceurs des médias sociaux, pour les amener à aider Pékin à influencer la société taïwanaise et à transmettre des renseignements au PCC.

Le 13 mars, le président taïwanais Lai Ching-te a déclaré que son administration travaillait à l’élaboration de mesures plus strictes pour contrer le PCC. Pékin profite de la liberté de Taïwan et tente de « diviser, détruire et subvertir [Taïwan] de l’intérieur », a-t-il averti.
« L’ambition de la Chine d’annexer Taïwan et d’éliminer la République de Chine n’a pas changé. Non seulement elle continue de menacer et d’intimider, mais elle a également intensifié sa campagne d’influence et ses efforts d’infiltration », a déclaré M. Lai, en faisant référence au nom officiel de Taïwan. Le gouvernement de la République de Chine dirigeait auparavant le continent avant d’être contraint à l’exil par le PCC en 1949.
Lee Yeau-tarn, professeur adjoint à l’Institut supérieur de développement national de l’université nationale Chengchi, a déclaré à l’édition chinoise d’Epoch Times que si le peuple taïwanais est libre de prôner l’indépendance ou l’unification pacifique de l’île, soutenir l’invasion militaire du PCC n’est pas un droit d’expression protégé.
« En prônant ouvertement l’unification armée de Taïwan par le PCC, Yaya a porté atteinte au droit fondamental de tous les Taïwanais de vivre à l’abri de la peur, l’une des quatre libertés essentielles de l’humanité », a déclaré M. Lee.
« Les conjoints du continent à Taïwan qui reconnaissent et soutiennent les valeurs démocratiques et les droits de l’homme de la République de Chine sont les bienvenus. Mais s’ils sont influencés par le PCC et prônent ouvertement une agression militaire contre Taïwan, nous ne le tolérerons jamais. »
M. Lee estime que Taïwan doit encore renforcer sa législation en matière de sécurité nationale afin de combler les lacunes que le PCC pourrait exploiter pour continuer à porter atteinte à la souveraineté et aux libertés de Taïwan.
Plaidoyer en faveur de l’unification armée
Selon la « loi régissant les relations entre le peuple de la région de Taïwan et celui de la région continentale » de la législation taïwanaise, un ressortissant de Chine continentale « peut être expulsé ou recevoir l’ordre de partir dans les 10 jours » dans certaines circonstances, notamment « s’il est considéré comme une menace pour la sécurité nationale ou la stabilité sociale [de Taïwan] sur la base de faits suffisants ».
Dans une vidéo publiée sur TikTok en mai dernier, où elle commentait un exercice militaire de l’APL en cours, Mme Liu avait déclaré : « Peut-être que lorsque nous nous réveillerons demain, Taïwan sera rempli de drapeaux rouges [de la RPC]. Rien que d’y penser, je suis heureuse. »
« Enqi » a déclaré que « les manœuvres de l’Armée de libération sont la démonstration d’une forte puissance militaire et de la détermination à défendre la souveraineté nationale », et que « l’unification armée est inévitable et ne peut être arrêtée ».
« Xiaowei » a fait des déclarations similaires à celles de Mme Liu, disant qu’elle espérait voir les drapeaux rouges communistes flotter sur tout Taïwan, et elle a souvent été vue accompagnée de ses enfants dans ses vidéos pro-PCC.
La révocation du statut de résident des épouses du continent a suscité de vives discussions de part et d’autre du détroit de Taïwan.
Li Hsiu-ying, une enseignante taïwanaise d’école primaire, a déclaré à Epoch Times qu’étant donné l’importante couverture dont Mme Liu a bénéficié par les médias d’État chinois tout au long de l’« incident de Yaya », son parcours est loin d’être celui d’une simple patriote chinoise favorable au PCC.
Elle a également noté que, sur des images mises en ligne, on peut voir Mme Liu escortée par plusieurs hommes en civil à son arrivée à l’aéroport de Fuzhou.
« Je pense qu’elle a certainement des liens avec le gouvernement chinois et qu’elle a peut-être reçu un soutien financier du PCC », a allégué Mme Li.
Réactions de l’autre côté du détroit
Lorsque l’affaire Liu a commencé à attirer l’attention du public au début de l’année, elle a supprimé une grande partie du contenu de sa chaîne Douyin. Elle a mis en ligne une vidéo défendant ses déclarations précédentes, affirmant qu’elle ne travaillait pas pour le compte du PCC ni ne prônait « l’unification armée ».

Mme Liu et sa famille ont également tenté de faire appel de la décision de l’agence d’immigration, mais cette tentative a été rejetée par la Haute Cour administrative de Taipei.
Mme Liu a déclaré qu’en étant séparée de son mari taïwanais et de ses enfants et forcée de retourner en Chine, elle était « précipitée dans un abîme sans retour ».
Elle a été critiquée par les internautes de Chine continentale et de Taïwan, qui ont considéré sa caractérisation de son pays d’origine comme un « abîme sans retour » comme le reflet de sa véritable attitude à l’égard de la vie en Chine.
Alors qu’elle avait initialement juré de ne pas retourner en Chine de son propre chef, Mme Liu a cédé à la dernière minute, affirmant qu’elle rentrerait « la tête haute » plutôt que d’être expulsée, dans l’espoir de pouvoir présenter une nouvelle demande de résidence dans cinq ans.
Le 28 mars, « Xiaowei » et « Enqi » ont manifesté devant le bureau présidentiel de Taïwan pour défendre leurs « droits en tant que mères ».
He Xinyao, une épouse originaire de Chine continentale résidant à Taïwan et animatrice d’une chaîne YouTube populaire, a commenté l’ironie du fait que « Xiaowei » et « Enqi » aient la liberté de manifester sans entrave devant le bureau présidentiel, alors que de telles actions seraient sévèrement punies sous le régime du PCC.
Vous mettez ces vidéos sur le site continental Douyin, et les commentaires sont du genre : « Comment se fait-il que la police ne vous ait pas encore plaquée au sol ? Comment se fait-il qu’ils ne vous aient pas encore envoyé dans un hôpital psychiatrique ? », a-t-elle déclaré dans une vidéo diffusée le 29 mars en mandarin.
« Vous deux, par vos propres actions, avez démontré qu’il y a beaucoup de choses que l’on peut faire à Taïwan et qui seraient extrêmement difficiles à faire en Chine continentale. »
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