Engager une offensive terrestre « massive » dans la bande de Gaza, déjà assiégée et pilonnée sans répit par l’armée israélienne en riposte à l’attaque sanglante du Hamas, serait une « erreur » a jugé mercredi au Caire Emmanuel Macron.
De nombreux pays réclament une pause humanitaire dans les bombardements incessants menés par Israël, qui s’est juré d’« exterminer » le Hamas palestinien après son attaque sans précédent perpétrée le 7 octobre sur son sol, et prépare son armée à une offensive terrestre pour y parvenir.
Tout en affirmant le droit d’Israël à se défendre, le président français a souligné, à l’issue d’une rencontre avec le président égyptien égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qu’une telle opération, si elle devait être massive, serait alors une erreur parce qu’incompatible avec le droit des populations civiles et aussi parce qu’Israël n’en serait pas mieux protégé.
L’ONU appelle à un « cessez-le-feu humanitaire »
Lors de déclarations communes devant la presse, le président Sissi a lui appelé Israël à éviter une « invasion terrestre de Gaza » car elle fera « un grand nombre de victimes civiles ». Une offensive terrestre serait extrêmement périlleuse dans ce territoire très densément peuplé, truffé de tunnels où le Hamas cache armes et combattants, et en présence d’otages.
« Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait déjà appelé mardi à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » et condamné les « violations claires du droit humanitaire » dans le territoire palestinien, provoquant la colère d’Israël.
L’attaque du Hamas et les représailles de l’armée israélienne dans la bande de Gaza ont fait plus de 1400 morts en Israël, selon les autorités.
En outre, 13 personnes ont été tuées en Israël par des tirs de roquettes depuis le 7 octobre, a déclaré mercredi à l’AFP le porte-parole du Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge. L’armée israélienne a affirmé avoir mené « des frappes de grande ampleur », qui ont touché « plusieurs infrastructures terroristes du Hamas », dont des tunnels.
La situation humanitaire dramatique dans le petit territoire de 362 km2 préoccupe également la communauté internationale. Selon l’Organisation mondiale de la santé, six hôpitaux ont déjà fermé, faute de carburant, dans la bande de Gaza où s’entassent 2,4 millions de Palestiniens dans des conditions désastreuses.
L’ONU réclame d’urgence la livraison de carburant pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux où affluent des milliers de blessés, pomper et purifier l’eau et faire circuler les camions. Mais Israël s’y refuse, affirmant que cela profiterait au Hamas qu’il considère avec les États-Unis et l’Union européenne comme une organisation « terroriste ».
La France envoie un navire militaire
Le président français a annoncé l’envoi par la France d’un navire militaire pour « soutenir les hôpitaux ». Ce dernier, un navire-hôpital, a appareillé mercredi pour Gaza. Un avion français chargé de matériel médical doit aussi atterrir jeudi en Égypte à destination de la population gazaouie, a-t-il précisé. « Nous avons opéré plusieurs blessés sans anesthésie », a raconté à l’AFP Ahmad Abdul Hadi, un chirurgien orthopédique de l’hôpital Nasser à Khan Younès, une ville du sud de la bande de Gaza.
Selon Mohammed Abu Selmeya, le directeur de l’hôpital Shifa dans la ville de Gaza, le plus grand du territoire, « dix hôpitaux sont déjà hors service » et « plus de 90% des médicaments et des produits sont épuisés ».
Mais pour Washington, un cessez-le-feu « à ce stade ne bénéficierait qu’au Hamas ». La Maison Blanche a suggéré plutôt des « pauses » pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, une position que devrait rallier les pays de l’Union européenne, réunis jeudi et vendredi en sommet, selon des sources diplomatiques.
Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël depuis la bande de Gaza, semant la terreur lors de cette attaque d’une violence et d’une ampleur sans précédent depuis la création de l’État d’Israël en 1948. Le Premier ministre israélien a reconnu mercredi qu’il devrait lui aussi « rendre des comptes » après cette attaque qui a sidéré le pays.
« Un besoin urgent de carburant »
Mardi, un quatrième convoi de huit camions chargés d’eau, de nourriture et de médicaments, selon le Croissant-rouge palestinien, est arrivé en provenance d’Égypte via le poste-frontière de Rafah, seul point de passage vers la bande de Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien.
Au total, quelques dizaines de camions sont arrivés depuis le 21 octobre alors que, selon l’ONU, au moins cent camions par jour seraient nécessaires. « Le temps presse. Nous avons un besoin urgent de carburant », a déclaré à l’AFP Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, qui craint de devoir arrêter ses opérations dès mercredi soir.
Depuis le 15 octobre, l’armée israélienne appelle la population du nord de la bande de Gaza, où les bombardements sont les plus intenses, à évacuer vers le sud. Mais les frappes continuent aussi de toucher cette partie du territoire, proche de la frontière égyptienne, où sont massés plusieurs centaines de milliers de civils. Mercredi, l’une d’entre elles a touché un supermarché de Rafah dans le sud de la bande de Gaza. Au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer depuis le début de la guerre, selon l’ONU.
L’ayatollah Ali Khamenei, la plus haute autorité d’Iran, a accusé mercredi les États-Unis de « diriger en quelque sorte » les opérations menées par Israël dans le territoire palestinien. Après une visite de soutien à Israël puis au président palestinien Mahmoud Abbas en Cisjordanie occupée, M. Macron a rencontré mercredi à Amman le roi Abdallah II de Jordanie, avant de se rendre au Caire.
L’armée israélienne a annoncé mercredi avoir frappé des infrastructures militaires en Syrie en réponse à des tirs vers son territoire. Huit soldats syriens ont été tués, selon les médias officiels syriens. La tension est très vive aussi en Cisjordanie où plus de cent Palestiniens ont été tués dans des violences depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé, ainsi qu’à la frontière d’Israël avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais.
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