« Pour nous, ce sont les Jeux olympiques » : le hornuss, un sport suisse vieux de plusieurs siècles, toujours fringant

Par Epoch Times avec AFP
11 septembre 2024 10:00 Mis à jour: 11 septembre 2024 10:11

Le hornuss, un sport vieux de plusieurs siècles, incarne la tradition suisse et réunit encore des milliers de personnes de toutes les générations à Höchstetten, un petit village situé près de Berne.

Le palet a donné son nom, qui signifie frelon, à ce sport original parce qu’il émet un son qui rappelle le bourdonnement de l’insecte, lorsqu’il siffle dans les airs frappé de plein fouet.

Dans un grand mouvement qui fait penser au golf et au lancer de marteau, les frappeurs tapent dans ce palet avec une tige flexible en fibres de carbone qui peut atteindre trois mètres de long et se termine par un bloc de bois.

C’est cet embout qui remonte le long du « bock » – un rail de guidage en acier – et frappe le palet en plastique dur. Il quitte le bock à une vitesse pouvant atteindre 300 km/h et il peut voler à 70 m de haut.

Un hornusser frappe le palet « nouss » lors d’un match de hornussen au 40e festival suisse de hornussen à Hoechstetten, le 31 août 2024. (FABRICE COFFRINI/AFP via Getty Images)

Le jeu, pratiqué uniquement dans la partie centrale de la Suisse, consiste pour les joueurs de l’équipe adverse à tenter d’intercepter le palet à l’aide de « schindels », de lourdes et larges pelles plates en bois. Ils n’hésitent pas à les jeter en l’air pour arriver à leurs fins.

Au début du mois, près de 4500 amateurs ont pris part au 40e festival national du hornuss aux abords du village de Hochstetten, à 30 kilomètres au nord-est de la capitale Berne. Les prix sont aussi traditionnels que le jeu : une couronne de feuilles de chêne ou encore une cloche de vache cérémonielle.

Le hornuss prend de la place et avec ses 32 terrains répartis sur 60 hectares de terres agricoles, la scène a pris ce jour-là des airs de champ de bataille ancien, avec des colonnes de joueurs s’étendant jusqu’à l’horizon. Les coups de canons qui ont ponctué les sessions ajoutaient encore à l’illusion.

« Pour nous, ce sont les Jeux olympiques », explique à l’AFP Adrian Tschumi, président de l’association nationale de hornuss, EHV. « Ce n’est pas seulement un jeu : c’est la famille, l’environnement, la fête », insiste t-il.

Des joueurs de tous âges

Des joueurs de tous âges s’adonnent au hornuss, regroupant par ailleurs des hommes et des femmes dans une même équipe. « On peut jouer avec des enfants de 10 ou 12 ans, et avec leurs grands-pères de 80 ans. C’est très particulier. Je ne connais aucun autre sport où trois générations peuvent jouer ensemble », s’émerveille M. Tschumi. « La magie de ce sport, pour moi, c’est l’équipe. J’aime jouer aux côtés de mon fils. C’est ce que j’aime, et les amitiés avec mes coéquipiers », ajoute t-il.

Des hornussers tentent d’arrêter le « Nouss » lors d’un match de hornuss au 40e festival suisse de hornussen, le 31 août 2024 à Hoechstetten. (FABRICE COFFRINI/AFP via Getty Images)

La première trace écrite du hornuss remonte à 1564, la première compétition connue datant de 1655. Au XVIIe siècle, il était interdit le dimanche pour éviter que l’église ne soit désertée au profit du hornuss.

L’EHV, fondée en 1902 est « très traditionnelle », selon son président, mais a su s’adapter aux outils modernes. Une application permet d’enregistrer les scores en temps réel et le sport est présent sur Tik Tok.  Environ 6000 adultes sont licenciés dont 600 femmes et aussi 1300 joueurs de moins de 16 ans.

Les équipes ont besoin non seulement de frappeurs précis et puissants, mais aussi de joueurs ayant l’œil pour repérer le hornuss, lire sa trajectoire et donner des instructions à ceux qui sont plus loin. Pour Barbara Sommer, du club de Munchenburchsee-Diemerswil, tout le plaisir réside dans ce travail d’équipe. « Je ne gagnerai jamais rien comme joueuse individuelle. Mais en équipe, si tout va bien, nous avons une chance », raconte-t-elle.

Avec sa barbe grise touffue et son cigare à la main, Walter Stooss, 70 ans, dénote dans l’équipe. Le vétéran vante l’expérience qui vient avec l’âge, mais déplore la perte de souplesse. « Nous devons être satisfaits de ce que nous pouvons encore faire », glisse t-il à l’AFP. « On doit avoir la musculature du ventre. Il faut avoir de la force explosive », assure sa coéquipière Caroline Schertenleib, 31 ans.

La compétition achevée, tout le monde se retrouve sous une grande tente pour une joyeuse cérémonie de remise des prix, des applaudissements nourris et de la bière. À 54 ans, Adrian Tschumi se souvient avoir joué dès l’âge de 10 ans, de la nervosité et du plaisir enfantin. « Le sentiment ne change pas », dit-il. « J’adore ça. »

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