Après avoir assisté au meeting de Marine Le Pen le 1er mai dernier à Perpignan, en marge de cet événement, TF1 a interviewé Colombe, une femme de 60 ans. Cette dernière a expliqué être au RSA, ajoutant qu’elle faisait du bénévolat pour les Restos du cœur. Mais quelques jours plus tard, elle a été évincée de l’association.
Le témoignage de Colombe, une sympathisante du Rassemblement national (RN) également bénévole aux Restos du cœur, a ému la classe politique, aussi bien à droite qu’à gauche de l’échiquier politique. Ses propos ont d’ailleurs été largement relayés sur les réseaux sociaux. Mais à la suite de cette diffusion, la sexagénaire a quitté l’association.
« On lui a rappelé un principe qui n’est pas négociable, c’est la neutralité politique »
La séquence, dans laquelle on voit Colombe fondre en larmes en exposant sa situation personnelle, a fait plus de 5 millions de vues sur les réseaux sociaux. « On est arrivé dans un monde fou, il faut qu’on trouve des solutions. On a du mal à vivre, on ne peut pas payer les factures, on a les huissiers, les menaces […] Il n’y a pas de travail, pas d’usine », se désolait en effet auprès de nos confrères cette conseillère en insertion professionnelle. « Je ne trouve pas de travail mais je suis bénévole aux Restos du cœur et j’aide les gens de la rue », avait-elle ajouté, ne réalisant pas que ses propos auraient des conséquences par la suite.
Effectivement, les Restos du cœur ont désapprouvé cette intervention. Ainsi que le relate Le Figaro, le porte-parole national de l’association Yves Mérillon a déclaré avoir rappelé à la sexagénaire « un principe qui n’est pas négociable », à savoir « la neutralité politique ». « On le rappelle d’ailleurs à nos bénévoles quand ils sont candidats à des élections, ils n’ont pas le droit de faire état de leur bénévolat. On n’a pas l’intention de se faire instrumentaliser par qui que ce soit », a-t-il ajouté, martelant : « On ne doit pas faire état de son bénévolat publiquement dans le cadre d’un engagement politique. » Selon l’association, Colombe n’aurait pas apprécié les remarques faites par les Restos du cœur et aurait alors « décidé de démissionner ».
On lui a donné pour instruction de « présenter sa démission au plus vite »
Cependant nos confrères n’ont pas pu vérifier la lettre de démission mentionnée. De plus, une habitante de Perpignan leur a indiqué que Colombe avait été poussée à quitter l’association. L’avocat de la sexagénaire, Maître Jérémy Kalfon, s’est exprimé sur ce sujet au micro de Sud Radio ce 6 mai. Il a expliqué qu’une responsable locale des Restos du cœur avait, le 3 mai dernier, fait un appel à Colombe en lui expliquant qu’elle avait « fauté » en mélangeant politique et associatif. La responsable lui a donné pour instruction de « présenter sa démission au plus vite », a encore indiqué l’avocat dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin. Il souligne que tout porte à croire qu’il s’agit d’une « initiative locale ». « Je le confirme, Colombe a été poussée à la démission et elle a dû le faire à contre cœur », a-t-il bien spécifié.
Cette intervention a suscité de nombreuses réactions de tous les bords politiques. À commencer par Marine le Pen, qui a écrit sur X le 2 mai dernier : « Quand certains jours la bataille politique nous paraîtra difficile, il suffira de penser à Colombe. Elle nous rappellera toujours pour quoi et pour qui nous nous battons. » « Alors qu’il existe une pénurie de bénévoles dans ce pays, les Restos du cœur ne trouvent rien d’autres à faire que de se séparer d’une bénévole de longue date, qui vient en aide aux personnes dans le besoin, par pur sectarisme. Nous te soutenons Colombe ! » a renchéri sur X ce samedi 4 mai Sébastien Chenu, le vice-président du RN.
De nombreux soutiens à gauche
Mais Colombe a également reçu un soutien important dans le camp opposé, à commencer par Léon Deffontaines, la tête de liste du Parti communiste français aux Européennes, qui lui a adressé une lettre ouverte. « Les mots de Colombe m’ont frappé. J’ai décidé de lui écrire pour entamer le dialogue avec elle. Pour lui démontrer que M. Bardella et le RN sont des faussaires de la question sociale et que la gauche que je représente entend sa colère légitime et veut y répondre », a-t-il tweeté le 2 mai dernier en accompagnant ce message de la lettre ouverte en question.
Le député LFI François Ruffin a lui aussi réagi sur X ce 2 mai en écrivant : « Toutes les Colombes du pays, nous ne devons pas les mépriser, mais les entendre, les comprendre. Et que demain, elles placent leur espoir et leur bulletin chez nous, à gauche. » La députée macroniste Astrid Panosyan-Bouvet a indiqué de son côté que « c’est avec des femmes comme Colombe, […] qui ne trouve pas de boulot et qui est au RSA, bénévole au Restos du Cœur, que la République doit renouer », soulignant qu’« aujourd’hui Colombe vote RN ».
Quant à Colombe, elle ne s’attendait pas à ce que son intervention sur TF1 ait un retentissement national de cette ampleur. Elle considère avoir ainsi été le porte-voix d’une bonne partie de la population, rapporte France Bleu. « On n’écoute pas le peuple. Les agriculteurs crient, les infirmières crient. Le coût de la vie devient très cher. J’ai dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas », a-t-elle déclaré. En conséquence, « tout cela a entrainé beaucoup de réflexion » chez elle, car « chacun a ses propositions ». Alors que se profilent les élections européennes, elle conseille aux électeurs de se rendre aux urnes le 9 juin prochain.
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