La journaliste qui officie sur Europe 1 et sur C-News déplore que l’espace médiatique soit désormais envahi par une forme de rhétorique qui vise à jeter le discrédit moral sur ses adversaires, empêchant tout débat d’idées.
En couverture du dernier numéro du magazine L’Incorrect, Sonia Mabrouk a livré son sentiment sur plusieurs sujets d’actualité dans le cadre d’un long entretien accordé aux journalistes du mensuel.
L’animatrice de l’émission Les Voix de l’infos sur C-News s’est notamment exprimée sur le politiquement correct qui règne dans les médias.
« Je pense que l’empire du politiquement correct est comme un tableau et que certains arrivent chaque jour à le fendiller par des flèches acérées. Il y a des penseurs, des essayistes comme Mathieu Bock-Côté [un sociologue québécois qui vient de publier un livre ayant pour objet de décrypter les règles ‘implicites et explicites qui régentent’ le débat public et le traitement médiatique en France comme dans le monde anglo-saxon] – il y en a d’autres et j’en reçois sur les plateaux de télévision comme d’autres journalistes le font –, il y a des individualités qui arrivent à perturber ce système », a expliqué la journaliste.
« À chaque fois qu’aujourd’hui quelqu’un se pose la question de savoir si ce qui est dit par les médias dominants est exact, on dit : ‘Attention, c’est du complotisme !’ Non ! c’est l’esprit critique, tout simplement », poursuit l’auteur de l’ouvrage Le monde ne tourne pas rond, ma petite fille.
« Vous ne pouvez pas aujourd’hui émettre une hypothèse différente de la pensée dominante sans que ce soit qualifié de complotiste. C’est grave, c’est une atteinte à la liberté. Ce qui me dérange, c’est que tous ces mots-là, ce sont des tentatives pour arrêter le débat », ajoute Sonia Mabrouk.
« Une forme de lapidation médiatique symbolique »
Et la journaliste de regretter qu’« une idéologie de déconstruction qui porte aujourd’hui les vêtements d’une rhétorique, d’une mécanique qui est très bien huilée et que certains arrivent à développer sur les plateaux de télévision » ait pu envahir l’espace médiatique, permettant à ceux qui l’utilisent de discréditer penseurs, essayistes et adversaires politiques sans autre forme de procès.
« Les mots en ‘isme’, on vous lance ça un peu comme une pierre, c’est une forme de lapidation médiatique symbolique : islamophobe, raciste, etc., voilà, c’est terminé. Tous les mots en ‘phobe’ aussi d’ailleurs », souligne l’ancienne plume de l’hebdomadaire Jeune Afrique pour illustrer son propos.
Au cours de l’entretien accordé à nos confrères de L’Incorrect, Sonia Mabrouk est également revenue sur la façon dont les médias ont coutume de traiter le sujet de l’immigration.
« On culpabilise les Occidentaux et il suffit de voir ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée. Je prends l’exemple d’un pays que je connais bien, la Tunisie [elle est née à Tunis, ndlr], qui a accueilli quand même beaucoup de migrants et notamment libyens, à un moment a dit stop. Il faut pouvoir choisir ses migrants, il faut pouvoir dire à partir de quel moment un pays, quel qu’il soit, peut accepter ou pas, par rapport à ses capacités d’intégration économiques, politiques, mais aussi morales, sociales, etc. On ne peut pas dire des Tunisiens qu’ils sont racistes par rapport aux Libyens. Mais en revanche, les Européens sont nécessairement racistes lorsqu’ils ne veulent pas de migrants. »
« Ne pas parler d’un tout, je trouve ça dangereux de la part des journalistes », conclut Sonia Mabrouk.
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