Pour un patient de plus de 75 ans, passer une nuit sur un brancard aux urgences « augmente de près de 40% le risque de mortalité hospitalière », selon une étude publiée lundi par plusieurs équipes de l’AP-HP, l’Inserm, et des universités de la Sorbonne et Rouen Normandie.
Lorsqu’un patient âgé passe la nuit sur un brancard, le risque qu’il meure à l’hôpital passe ainsi de 11,1% à 15,7%, selon cette étude baptisée « No bed Night » (nuit sans lit), réalisée du 12 au 14 décembre 2022 dans 97 services d’accueil des urgences en France, incluant 1598 patients de plus de 75 ans. L’étude a été publiée dans la revue Jama Internal Medicine.
Étude « No Bed Night » : une nuit passée sur un brancard aux urgences augmente de près de 40% le risque de mortalité hospitalière des patients âgés, qui passe de 11,1% à 15,7%https://t.co/mh7DHZPAR2 pic.twitter.com/eVUF74VTNK
— AP-HP (@APHP) November 6, 2023
Des choses « pressenties »
Parmi les patients avec un niveau d’autonomie limité et nécessitant une assistance au quotidien, cette nuit « augmente de près de deux fois le risque de mortalité », précise un communiqué de l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris).
« C’est des choses qui étaient suggérées, pressenties, mais on a aujourd’hui démontré qu’il y a une vraie association. Ne pas hospitaliser un patient, c’est comme ne pas donner un médicament qui aurait un effet très bénéfique, lui refuser un traitement », a commenté auprès de l’AFP le Pr Yonathan Freund, l’un des deux urgentistes ayant coordonné l’étude.
L’étude montre aussi un risque plus élevé de complications : « plus de chutes, plus d’infections nosocomiales ou d’escarres par exemple ». « Si tous les patients de cette étude avaient pu être hospitalisés avant la nuit, on aurait évité 3% des décès », a-t-il relevé.
« L’objectif de ‘‘zéro lits brancards’’ aux urgences »
Selon le Pr Freund, le modèle statistique utilisé prend en compte les comorbidités, l’âge et l’état de gravité initiale des patients et permet ainsi de « comparer deux patients exactement équivalents ». Les facteurs pouvant expliquer cette surmortalité, « c’est par exemple le fait de ne pas dormir, ne pas avoir le suivi suffisant, car le service est surchargé, ou ne pas avoir toujours le traitement à temps », a-t-il expliqué.
En décembre 2022, au moment où s’est déroulée l’étude, les services d’urgences subissaient « une augmentation considérable du nombre de patients à hospitaliser en urgence » en raison notamment d’une « triple épidémie concomitante : COVID-19, grippe, et virus respiratoire syncitial (VRS) », rappelle l’AP-HP. La situation a été « aggravée par une diminution du nombre de lits disponibles en aval du fait d’une pénurie de personnels ».
« Des mesures doivent être prises », conclut l’AP-HP, et « l’objectif de ‘‘zéro lits brancards’’ aux urgences, en particulier pour les patients de plus de 75 ans, doit être considéré comme un objectif de santé publique ».
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