OPINIONS

Pourquoi la Chine intensifie-t-elle son agression contre les Philippines ?

septembre 2, 2024 1:03, Last Updated: septembre 2, 2024 1:03
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Publié à l’origine par le Gatestone Institute

Le 23 août, le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que la Chine avait pris des « contre-mesures » contre deux avions militaires philippins près du récif de Subi, en mer de Chine méridionale.

Quatre jours plus tôt, des navires des garde-côtes chinois avaient, sans justification, foncé sur deux bateaux philippins près du Sabina Shoal alors que ces derniers tentaient de réapprovisionner les forces stationnées sur les îles Flat et Nanshan.

Cela fait suite à des actes de belligérance commis le 17 juin sur le banc Second Thomas, où des navires chinois ont éperonné des embarcations philippines, en ont saisi deux et ont blessé huit marins, dont un grièvement. Le 5 mars, la Chine a blessé quatre marins philippins à Second Thomas, à l’endroit où, en 1999, Manille a échoué le navire Sierra Madre, datant de la Seconde Guerre mondiale, afin de renforcer ses revendications territoriales.

Tous ces incidents ont eu lieu à proximité des principales îles philippines, et donc loin de la Chine. Le banc Sabina, par exemple, se trouve à 124 milles nautiques (230 km) de l’île philippine de Palawan et à plus de huit fois cette distance de l’île et province chinoise de Hainan.

Xi Jinping a également mené des guerres « par procuration » loin des frontières chinoises, notamment en soutenant pleinement l’invasion de la Russie en Ukraine et l’attaque de l’Iran contre Israël. En s’attaquant aux Philippines, Xi Jinping pourrait enfin mener ses propres guerres en Asie de l’Est.

Pékin revendique toutes les zones (îles et récifs) et les eaux situées à l’intérieur de sa tristement célèbre « langue de vache » (Cow’s Tongue, une référence à la ligne à neuf pointillés reconnue par la Chine, qui délimite une région très contestée, également connue sous le nom de mer de Chine méridionale, ndlr), aujourd’hui délimitée par dix tirets sur les cartes officielles, qui englobe environ 85 % de la mer de Chine méridionale. Ces eaux, proclament les Chinois, sont le « sol national bleu » de la Chine.

Le long bras de la Chine revendiquant les zones philippines de cette mer ont été invalidées en 2016 par un tribunal de La Haye statuant sur l’affaire Philippines contre Chine, intentée en vertu de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Pékin, qui ne dispose pratiquement d’aucun soutien juridique, a toujours affirmé que la décision en faveur de Manille était « illégale, nulle et non avenue ».

Malgré cela, le dirigeant chinois Xi Jinping commet des actes de provocation les uns après les autres dans les eaux philippines. En comparaison, les agressions chinoises à l’encontre de Taïwan ont semblé beaucoup moins graves. Curieux, car Xi Jinping souhaite ardemment annexer la république insulaire à la Chine et a même misé la légitimité de son pouvoir sur la réalisation de cet objectif.

Le dirigeant chinois ne semble donc pas envisager d’entamer des hostilités par une invasion de l’île principale de Taïwan.

Pourquoi pas ?

Tout d’abord, le coût en vies humaines d’une telle invasion serait trop élevé pour que le Parti communiste chinois (PCC) puisse survivre. Richard Fisher, du Centre international d’évaluation et de stratégie (International Assessment and Strategy Center), estime que la Chine pourrait perdre environ 50.000 soldats, marins et pilotes, même si elle parvenait à créer la surprise, en mobilisant des milliers de barges, de navires et d’avions, et à empêcher d’autres pays de venir à la rescousse de Taïwan. « Si la Chine ne parvient pas à créer la surprise et que les États-Unis et le Japon réussissent à monter une contre-attaque comprenant des combats mer-air et des combats sur Taïwan, la Chine pourrait perdre 100.000 soldats », m’a dit M. Fisher.

Je soupçonne Xi Jinping de penser que de telles pertes, même si elles s’avéraient être moindres que les estimations de M. Fisher, mettraient en péril le pouvoir du Parti communiste chinois. En cette période de morosité et de pessimisme omniprésents dans la société chinoise, les gens ne sont pas d’humeur à faire la guerre.

Il y a également, en Chine, une opinion largement répandue selon laquelle « les Chinois ne doivent pas tuer d’autres Chinois ». La plupart des habitants de Taïwan ne se considèrent pas comme des « Chinois », mais les citoyens de la République populaire de Chine se considèrent comme étant du même sang que les habitants de l’île. Tuer des Taïwanais n’est donc pas forcément populaire, et les tuer en grand nombre le serait encore moins.

Deuxièmement, Xi Jinping, en cette période de péril politique personnel, ne peut se permettre d’abandonner sa position de personne la plus puissante de Chine. Pour mettre sur pied une force d’invasion, il faudrait céder à un général ou à un amiral le contrôle total de la quasi-totalité de l’Armée populaire de libération. Xi ne fait pas confiance à ses officiers supérieurs, comme l’ont montré les purges successives de l’année dernière et, en tout état de cause, il ne confiera pas un tel pouvoir à qui que ce soit, qu’il lui fasse confiance ou non.

Troisièmement, l’armée chinoise est en désordre et n’est pas en état de mener une mission majeure. Par exemple, la Force des fusées, la branche responsable de la quasi-totalité des armes nucléaires du pays, a été frappée par la détention de dizaines d’officiers supérieurs, dont les deux plus hauts gradés, depuis le milieu de l’année dernière. Avec la rétrogradation effective du nouveau ministre de la Défense, l’amiral Dong Jun – qui s’est vu refuser de manière inattendue un siège à la Commission militaire centrale du PCC cet été – il est clair que les troubles se poursuivent.

Au cours de la première décennie de ce siècle, toutes les décisions de haut niveau à Pékin ont été prises par consensus, de sorte que personne n’a été trop crédité ou trop blâmé pour ces dernières. Cependant, Xi Jinping a usurpé le pouvoir à d’autres, de sorte qu’il est maintenant presque entièrement responsable de ces décisions de haut niveau. Pour aggraver la situation du dirigeant chinois, sous Xi Jinping, le coût de la perte des luttes politiques s’est aggravé, signifiant qu’il peut tout perdre s’il est renversé.

Concernant les affaires intérieures de la Chine, paysage qu’il a façonné, Xi se sait vulnérable, d’autant plus qu’on lui reproche d’avoir mis en oeuvre des politiques aggravantes d’une situation qui se détériore. Xi Jinping a donc besoin d’une victoire politique rapide. Mais malheureusement pour lui, la prise de contrôle de Taïwan est hors de portée.

Pour ces raisons, je pense, Xi s’est tourné vers à un voisin faible, facile à attaquer. La République des Philippines fait l’affaire.

« Xi Jinping semble passer discrètement de sa soif de sang pour Taïwan à une action plus effrontée dans la zone économique exclusive des Philippines », a déclaré Blaine Holt, général à la retraite de l’armée de l’air américaine, au Gatestone Institute. « Alors que l’économie chinoise implose, que les tensions avec les voisins augmentent, que ses grands projets tels que l’Initiative Ceinture et Route s’effondrent, Xi ne peut plus faire confiance à son cercle intérieur pour le sauver d’une armée dont il se méfie. Le dirigeant chinois est un dragon acculé et dangereux. »

Le risque d’une attaque contre les Philippines par la Chine serait l’entraînement d’un conflit généralisé dans la région. Tout d’abord, Manille et les États-Unis sont signataires d’un traité de 1951. Le département d’État de l’administration Biden a émis des avertissements écrits – le dernier datant du 19 août – indiquant que les États-Unis étaient prêts à recourir à la force contre la Chine pour s’acquitter de leurs obligations en vertu de l’article IV du Pacte de défense mutuelle. Le président Joe Biden a émis des avertissements verbaux similaires, dont ceux du 25 octobre 2023 et du 11 avril 2024.

En outre, les Philippines ont des amis puissants dans la région, tel que le Japon. Le Japon, les États-Unis et les Philippines ont récemment formé le groupe de défense intégré JAROPUS (Japon – Republic of Philippines – United States). En avril, ces trois partenaires et l’Australie ont organisé leur premier exercice naval conjoint en mer de Chine méridionale.

En outre, ces dernières années, les membres de l’OTAN se sont impliqués dans la mer de Chine méridionale. Cette année, dès le mois d’avril, la France et l’Allemagne ont publié des déclarations condamnant la Chine. En août, l’Allemagne et les Philippines ont annoncé qu’elles finaliseraient bientôt un accord de défense. La France a entamé des discussions en vue d’un tel accord.

Alors que la Chine, la Russie et la Corée du Nord agissent de concert, les États-Unis et leurs partenaires ont commencé à coopérer en matière de défense commune. La région se divise et, si la guerre éclate, les deux grandes coalitions, qui se seront préparées à cette éventualité, se battront presque certainement en équipe.

Selon vous, dans quelle région débutera un éventuel troisième conflit mondial ? Probablement en Asie de l’Est, près d’un récif, d’un haut-fond ou d’une crête de sable aux Philippines. Les Philippins appellent désormais leur pays la « prochaine Ukraine ».

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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