Le président Xi Jinping a récemment promis de lancer des actions radicales pour faire face à la baisse rapide du taux de natalité en Chine. Derrière la rhétorique grandiloquente se cache toutefois un fait qui donne vraiment à réfléchir : les nouvelles politiques ne suffiront probablement pas à enrayer le déclin démographique de la Chine. Voici pourquoi.
En Chine, société hypertraditionnelle, avoir un enfant hors mariage est encore mal vu. La procréation et l’éducation des enfants sont synonymes de mariage. L’année dernière, la nation communiste a vu le taux de mariage atteindre son niveau le plus bas depuis 35 ans. La forte baisse des vœux conjugaux survient au moment même où la Chine est confrontée à une crise démographique imminente. En 2021, 7,6 millions de mariages ont été enregistrés, soit le chiffre le plus bas depuis 1986. Avec des taux de natalité en baisse et une population qui vieillit rapidement, la Chine est confrontée à des problèmes vitaux.
En vérité, la crise du mariage en Chine est un problème depuis près de dix ans. En l’espace de six ans, entre 2013 et 2019, le nombre de citoyens chinois se mariant est passé de 23,8 millions à 13,9 millions, soit une baisse de 41%. Bien sûr, la politique malavisée de l’enfant unique du Parti communiste chinois (PCC), en place pendant 35 ans (1980-2015), a entraîné une diminution considérable du nombre de personnes en âge de se marier. Ainsi, le nombre de naissances a diminué de 400 millions.
La Chine a également été témoin d’un « changement d’attitude à l’égard du mariage, en particulier chez les jeunes femmes qui sont de plus en plus instruites et financièrement indépendantes », selon CNN. En raison de la « discrimination généralisée sur le lieu de travail » et des « traditions patriarcales », un nombre croissant de femmes refusent le mariage.
Certains lecteurs, j’en suis sûr, lèveront les yeux au ciel en entendant parler de « traditions patriarcales ». Si vous en faites partie, je ne vous en veux pas. J’ai été très critique à l’égard de la façon dont le « mot en P » a été détourné et diabolisé par de nombreuses personnes aux États-Unis et ailleurs. Cependant, les traditions patriarcales sont un peu différentes en Chine que, par exemple, aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Les Chinois, nous dit-on, ont un dicton plutôt controversé : « Si vous ne battez pas votre femme tous les trois jours, elle va commencer à arracher les tuiles du toit. » Un quart des femmes chinoises sont victimes de violences domestiques. Toutes les 7,4 secondes, une femme est battue par son mari. Comme on peut le voir, on peut pardonner aux femmes chinoises d’avoir des doutes sur le mariage, surtout si elles ont été élevées dans un foyer violent.
Outre la violence, il existe une autre raison pour laquelle moins de Chinois décident de se marier. La Chine est un pays où la vie est incroyablement chère. Selon l’indice du coût de la vie 2022 de Mercer, six des plus grandes villes chinoises – Pékin, Shanghai, Shenzhen, Guangzhou, Qingdao et Nanjing – figurent parmi les dix villes les plus chères du continent asiatique. Parallèlement, Hong Kong, plus ou moins contrôlée par Pékin, est la ville la plus chère du monde. Il n’est pas surprenant que de plus en plus de Hongkongais disent non au mariage et non à la fondation d’une famille. Si l’on a du mal à payer son loyer, avoir un enfant est probablement la dernière chose à laquelle on pense.
Et alors, diront certains, les villes des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Europe occidentale sont aussi scandaleusement chères à vivre. C’est vrai. Mais le PIB par habitant de la Chine est inférieur à 10.000 dollars. Cela place le pays entre la nation balkanique du Monténégro et le Botswana, situé en Afrique australe. Les États-Unis, quant à eux, ont un PIB par habitant de 69.000 dollars.
Depuis des années, nous entendons beaucoup parler de l’impressionnante croissance du PIB de la Chine. En même temps, cependant, nous avons très peu entendu parler de son PIB par habitant, qui est moins qu’impressionnant.
Il y a au moins 90 millions de personnes qui travaillent actuellement dans les usines chinoises. En un an, elles peuvent espérer gagner environ 55.000 RMB (moins de 7624 €). Même ceux qui occupent des postes plus prestigieux ont du mal à gagner plus de 16.029 € par an. D’ici 2035, le PIB par habitant de la Chine devrait être de 28.752 €. Essayez de vous marier, de payer un loyer, d’acheter des produits de première nécessité et de fonder une famille avec 28.752 €.
En outre, il est particulièrement difficile de fonder une famille (ou de faire un projet important) lorsqu’on ne peut pas trouver d’emploi. À l’heure actuelle, le taux de chômage des jeunes en Chine est proche de 20% (7,4% en France). Bien sûr, le problème du mariage en Chine n’est pas vraiment un cas isolé. D’autres pays dans le monde, dont les États-Unis, connaissent également leurs propres problèmes de mariages. Cependant, l’ampleur du problème auquel la Chine et le PCC sont confrontés est, faute d’un meilleur terme, colossal, aujourd’hui plus encore lorsque son économie semble plonger dans les bas-fonds.
Les analystes du Lowy Institute, un think tank basé à Sydney, insistent sur le fait que, même avec « un succès continu des politiques générales », la croissance économique annuelle de la Chine « ralentira à environ 3% d’ici 2030 et 2% d’ici 2040 ». L’économie chinoise, nous dit-on, semble souffrir d’une crise de confiance des consommateurs. Faut-il s’en étonner ? Le citoyen chinois moyen, qu’il ait 25 ou 75 ans, se bat pour survivre.
Pour tenter de résoudre la crise du mariage, il est toujours possible que le PCC utilise son cruel système de crédit social pour punir les adultes qui refusent de se marier et de fonder une famille. Le PCC pourrait s’inspirer de la Russie, son proche allié, où les couples se voient actuellement offrir des incitations financières pour se marier et avoir des enfants. Mais le bon sens nous dit qu’il faudra bien plus que des paiements uniques et des subventions fiscales pour résoudre le problème du mariage en Chine, un problème qui devient rapidement une question de survie par nature. L’argent est une nécessité, mais il ne remplace pas un désir authentique. Aujourd’hui, pour des raisons déjà expliquées, très peu de Chinois ont le désir de se marier. À mesure que le pays vieillit et devient moins performant, on peut s’attendre à ce que la flamme du désir de mariage devienne plus faible.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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